Dans les bureaux de Septeo, à Lattes, on imagine des écrans clignotant de lignes de code et des équipes jonglant avec des données sensibles comme des croupiers experts. L’éditeur de logiciels qui fait tourner les cabinets de notaires, les RH et même les hôtels, vient de sceller un pacte avec Bpifrance. Une entrée au capital qui, après l’arrivée de Téthys Invest et GIC fin 2024, donne à cette licorne discrète des airs de sprinteur prêt à conquérir l’Europe.
Septeo, c’est l’histoire d’Hugues Galambrun, un entrepreneur montpelliérain qui, depuis 2013, bâtit un empire logiciel sans faire trop de bruit. Avec 3 200 salariés et un chiffre d’affaires de 424 millions d’euros en 2024, l’entreprise équipe les pros du droit, de l’immobilier, des RH et de l’hospitalité avec des outils qui simplifient la paperasse et dopent la productivité. Mais Septeo ne se contente plus de dominer son pré carré : elle veut jouer dans la cour des grands, avec un objectif de un milliard d’euros de chiffre d’affaires d’ici 2030.
Pour y arriver, Hugues Galambrun s’entoure d’un casting cinq étoiles. Hg, mastodonte européen du logiciel, reste l’actionnaire principal, fidèle au poste depuis des années. Fin 2024, Téthys Invest et GIC, deux poids lourds de l’investissement, rejoignent l’aventure. Et maintenant, Bpifrance entre en scène, apportant son carnet d’adresses et sa crédibilité institutionnelle. « Nous nous réjouissons de l’arrivée de Bpifrance à notre capital », lance Galambrun, avec l’enthousiasme d’un capitaine qui voit son équipage s’étoffer. « Ce partenariat va renforcer notre rôle d’acteur de confiance et notre ancrage dans l’écosystème tech français. »
Une injection pour doper la croissance
Pourquoi tout ce beau monde mise sur Septeo ? D’abord, parce que l’entreprise est une machine à croître : +20 % de chiffre d’affaires en 2024, une valorisation flirtant avec les 3 à 4 milliards d’euros, et huit acquisitions l’an dernier pour muscler ses positions dans l’hospitalité, les RH et la formation. Mais surtout, Septeo excelle dans un domaine brûlant : la gestion sécurisée de données sensibles. Dans un monde où chaque clic peut être une porte ouverte aux hackers, ses logiciels protègent les informations des notaires, avocats ou DRH comme un coffre-fort numérique.
L’arrivée de Bpifrance, avec ses dizaines de millions d’euros (le montant exact reste flou, comme un bon cliffhanger), n’est pas qu’un chèque. C’est un signal. « Cet investissement reflète notre volonté d’accompagner des entreprises à fort potentiel de croissance », explique Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance. Pour Septeo, cet argent servira à accélérer ses investissements, notamment dans l’intelligence artificielle, où l’entreprise a déjà prévu de déverser 60 millions d’euros en 2025.
L’IA au service des notaires (et du reste)
Prenons un exemple concret, parce que les chiffres, c’est bien, mais une histoire, c’est mieux. Imaginez un notaire croulant sous les dossiers d’une vente immobilière. Grâce aux logiciels de Septeo, boostés par l’IA, il peut générer automatiquement des actes juridiques en quelques clics, sans passer des heures à éplucher des formulaires. Ces documents, bourrés de données personnelles, sont protégés par des systèmes que Bpifrance veut rendre encore plus robustes. « L’entrée de Bpifrance constitue un enjeu de souveraineté pour nos données stratégiques, face à des acteurs américains ou chinois », insiste Hugues Galambrun.
Une réalité que Septeo peaufine dans son labo Brain, dédié à l’IA depuis 2023. Que ce soit pour automatiser les contrats d’un avocat ou optimiser les plannings d’un hôtel, l’entreprise transforme des tâches ingrates en processus fluides, tout en gardant un œil d’aigle sur la sécurité. Pas étonnant que Jean-Baptiste Brian, partner chez Hg, s’enthousiasme : « Septeo illustre parfaitement comment des partenariats stratégiques peuvent propulser les leaders tech français sur la scène internationale. »
Septeo n’a pas le glamour des licornes parisiennes, et c’est peut-être sa force. Depuis son fief de Lattes, elle cultive une ambition mondiale sans renier ses racines. Avec Bpifrance à bord, elle gagne un allié qui connaît l’écosystème français comme sa poche et qui, avec ses 60 milliards d’euros investis en 2024, sait faire fructifier les paris audacieux. Mais le chemin vers le milliard d’euros reste semé d’embûches : concurrence féroce des géants américains, course à l’IA, et pression pour rester à la pointe tout en sécurisant des montagnes de données.