Il y a un an, à Nîmes, les rues se sont transformées en rivières en l’espace d’une nuit. Les prévisions météo avaient promis une pluie modérée ; les habitants ont eu une inondation historique. Les modèles classiques ont failli, les assureurs ont jonglé avec les réclamations, et les questions ont fusé : comment le ciel peut-il encore nous surprendre ainsi ? À quelques kilomètres de là, une start-up montpelliéraine, Celest Science, travaille à réécrire cette histoire.
À la barre, deux figures complémentaires. Léo Lemordant, hydrologue reconverti en entrepreneur, et Pierre Gentine, professeur à Columbia University, un ponte du climat dont les travaux flirtent avec le Nobel. Leur histoire commence à New York, pendant la thèse de Lemordant sous la direction de Gentine. De là naît une idée : marier IA et science climatique pour voir ce que les modèles traditionnels laissent dans l’ombre. Aujourd’hui, leur équipe de neuf têtes pensantes, dispatchée entre Montpellier et Paris, fait tourner les algorithmes.
Prévoir l’imprévisible
Les outils classiques ? Dépassés. Quand les crues « centennales » frappent deux fois en un mois, s’appuyer sur les archives des cent dernières années revient à lire l’avenir dans une boule de cristal fêlée. Mais Celest veut changer la donne, et pour cela son IA croise données historiques et dynamiques actuelles – océans, atmosphère, sols – pour repérer les signaux faibles qui annoncent le chaos. Résultat : des prévisions de deux semaines à six mois, taillées sur mesure pour les assureurs et les énergéticiens.
Un exemple ? Le groupe Zurich, géant de l’assurance, a flairé le potentiel et signé un partenariat avec Celest. Objectif : anticiper les risques pour mieux calibrer primes et sinistres. Ajoutez à cela une intégration au programme d’accélération d’Allianz, et une levée de 2 millions d’euros en janvier 2025 auprès d’Astorya.vc, Plug and Play et une poignée de business angels. Sans oublier l’intégration au programme d’accélération d’Allianz, qui ouvre des portes internationales.
Celest Science ne s’arrête pas à ses six mois d’anticipation. Déjà, ses ingénieurs visent plus loin, imaginant des modèles qui guideraient les villes dans leurs plans ou les agriculteurs dans leurs récoltes, face à un climat qui défie toute routine. Leur pari ? Transformer l’incertitude en alliée, non par des promesses grandioses, mais par une clarté froide, celle d’un monde où l’avenir, même capricieux, se laisse enfin apprivoiser.