Jalil Benabdillah : « La Mêlée Numérique est de ces rendez-vous majeurs qui nous permettent d’affiner nos politiques »

Le nouveau vice-président de la Région Occitanie en charge du développement économique, de l’emploi, de l’innovation et de la réindustrialisation inaugurait le lundi 27 septembre la 21e édition de la Mêlée Numérique. L’occasion pour Jalil Benabdillah d’établir un état des lieux du secteur du numérique dans la région et évoquer son importance dans la relance économique. 

Monsieur Jalil Benabdillah, vous êtes entrepreneur, cofondateur de SD Tech et ancien président de Leader Occitanie, et vous avez rejoint la liste de Carole Delga lors des dernières élections régionales. Quelles ont été les motivations qui vous ont mené à vous engager sur le terrain politique ? 

Je suis un entrepreneur qui a toujours été passionné de politique et de géopolitique. Je me suis engagé en tant qu’élu un peu sur le tard, mais concernant mon engagement public auprès de la région, Languedoc-Roussillon puis Occitanie, je travaille auprès de l’institution depuis 25 ans. J’ai collaboré sur des projets avec Georges Frêche, Christian Bourquin, Damien Alary, et Carole Delga depuis 2015. J’ai fait aussi beaucoup de missions à l’international. J’ai toujours été impliqué dans l’action collective ou bien auprès de collectivités jusqu’en 2014 où j’ai été élu conseiller municipal en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche à Alès. Quand Carole Delga m’a appelé pour rejoindre sa liste, c’était une suite logique et je l’ai rejoint avec plaisir. Je connais ses convictions, sa détermination, sa proximité avec les acteurs sur le terrain, qu’ils soient institutionnels ou privés, ainsi que son envie de faire avancer cette région. 

En juillet dernier, vous avez été nommé à la tête d’une nouvelle délégation englobant le développement économique, l’emploi, l’innovation et la réindustrialisation. Depuis votre prise de fonction, quel état des lieux faites-vous du secteur du numérique en Occitanie ?

Nous avons un écosystème du numérique qui est très dynamique. Je le savais en tant que chef d’entreprise, je le confirme aujourd’hui en tant que vice-président de cette région. Aujourd’hui, il est important que les entreprises, les institutions, les commerçants, les artisans, puissent avoir une lecture facile et précise des potentielles offres de solutions et d’accompagnement. Pour cela il nous faut la rationaliser dans un contexte double. Tout d’abord, jamais le numérique n’a été au cœur des réflexions stratégiques et politiques, et la crise est venue montrer aux plus sceptiques et aux plus récalcitrants que le numérique était une nécessité. La présidente de la région Carole Delga aime à dire que le numérique est une filière d’avenir, mais aussi l’avenir de toutes les filières. C’est comme cela que nous voyons les choses. Toutes les filières peuvent s’adosser au numérique pour progresser, gagner des parts de marché, améliorer les conditions de travail. Ensuite, nous n’avons jamais été aussi exigeants vis-à-vis du numérique. Cette exigence vient du fait qu’il existe un besoin urgent de solutions. Télétravail, accès à distance, cybersécurité, cloud… tout tourne aujourd’hui autour du domaine du numérique, dans tous les secteurs. Autre constat, celui de l’émergence d’un risque sociétal. Si le secteur du numérique n’a pas été touché par la crise en termes de carnets de commandes, il a connu d’autres problèmes tels que le recrutement ou la formation. Aujourd’hui, engager une transformation numérique, ce n’est pas répondre à une commande actuelle. Il faut avoir une vision plus large, pour accompagner tout le monde et faire progresser tout l’écosystème. Si nous ne nous concentrons que sur le court-terme, nous créerons des disparités territoriales, mais aussi des disparités entre des secteurs très avancés et d’autres qui en seront encore au 1.0. 

Quelles ont été les priorités que vous a fixées la présidente de région Carole Delga ?

Pendant la crise, la Région a été au plus près des entreprises en complément de tout ce que l’État a mis en place. Nous avons dépensé 370 millions d’euros en aide directe aux entreprises, ce qui représente 207 000 emplois préservés, 220 000 demandeurs d’emploi formés et 500 entreprises aidées à travers un dispositif appelé « Former plutôt que licencier ». Aujourd’hui, il est question de nouveau départ. Nous avons déjà mis en place des outils financiers pour accompagner les entreprises, comme le fonds anti-faillite destiné aux entreprises surendettées, le fonds souverain régional, ou encore la création de l’agence Aris (Agence Régionale des Investissements Stratégiques) pour pouvoir rapatrier un certain nombre d’activités stratégiques pour nous. La priorité de ma feuille de route, c’est la préservation d’emplois et la création d’emplois nouveaux. Le numérique étant un outil transverse, nous comptons sur ce secteur-là pour continuer à recruter et injecter du progrès et des marges de manœuvre importantes pour d’autres secteurs industriels. En cela, le numérique est un partenaire dans cette relance économique.  

Vous avez été représenté la Région Occitanie lors de l’inauguration de la 21e édition de la Mêlée Numérique. En tant que Vice-Président en charge du développement économique, de l’emploi, de l’innovation et de la réindustrialisation, qu’attendez-vous d’un événement comme celui-ci ?

Il s’agit d’un événement qui réunit un écosystème d’acteurs et de donneurs d’ordre de la filière du numérique, et au cours duquel sont évoqués tous les besoins, les problématiques de structurations, des enjeux de financement, de recrutement, etc. De plus, nous connaissons l’intérêt que porte l’association La Mêlée pour l’inclusion. La démocratisation du numérique et la formation de personnes qui peuvent se retrouver discriminées en matière d’accès au numérique sont des enjeux qui sont importants pour nous. En cela La Mêlée Numérique est de ces rendez-vous majeurs qui nous permettent d’ajuster et affiner nos politiques sur les prochaines années.

Sur la photo: Djalil Benabdillah, vice-président de la Région Occitanie en charge du développement économique, de l’emploi, de l’innovation et de la réindustrialisation (DR).