Jeudi 6 février à Toulouse, la députée européenne et conseillère régionale Claire Fita a alerté sur les menaces économiques qu’un retour de Donald Trump ferait peser sur l’Occitanie. Numérique, spatial, aéronautique et viticulture seraient en première ligne face à une nouvelle guerre commerciale.
Les leçons du passé n’ont pas été oubliées. En 2019, le conflit Boeing-Airbus avait illustré la vulnérabilité de l’industrie européenne face aux sanctions commerciales américaines. Claire Fita, députée européenne et conseillère régionale d’Occitanie, met en garde : un retour de Donald Trump à la Maison Blanche pourrait de nouveau fragiliser plusieurs secteurs stratégiques régionaux, en particulier le numérique et le spatial, mais aussi la viticulture et l’aéronautique, déjà mis à rude épreuve par les tensions commerciales passées.
Le numérique en première ligne
Premier partenaire de l’Union européenne, les États-Unis jouent un rôle clé dans le développement des technologies numériques. Selon Claire Fita, une hausse de 10 % des droits de douane suffirait à faire chuter le PIB de la zone euro de 1 %, et celui de la France de 0,73 %. Une estimation inquiétante pour l’Occitanie, qui se positionne comme un pôle d’innovation numérique.
« Les tensions commerciales pourraient restreindre l’accès aux technologies américaines essentielles à de nombreuses entreprises occitanes, en particulier celles travaillant avec des infrastructures cloud, des semi-conducteurs ou des logiciels stratégiques », alerte Claire Fita. L’extraterritorialité du droit américain permet d’imposer des restrictions aux entreprises européennes utilisant des composants ou des serveurs américains. La concurrence avec les géants de la tech, encouragés par une politique plus protectionniste, risque d’intensifier la pression sur les acteurs européens.
Le spatial face aux incertitudes américaines
L’industrie spatiale régionale, dominée par Airbus et ses partenaires toulousains, est également concernée. Washington dispose d’outils de rétorsion capables d’affecter les coopérations industrielles, et la montée en puissance de SpaceX fait peser une pression supplémentaire sur les programmes spatiaux européens. « La crainte de voir Elon Musk influencer les relations commerciales internationales, notamment dans les programmes spatiaux, suscite des interrogations sur l’avenir des coopérations transatlantiques », estime Claire Fita.
Un impact économique plus large
Au-delà du numérique et du spatial, d’autres secteurs essentiels à l’économie régionale pourraient subir de lourdes conséquences. « L’Occitanie, premier vignoble mondial en production sous signe de qualité (AOP, IGP), occupe la deuxième place en valeur sur le marché américain. Des hausses tarifaires pourraient affecter directement les exploitants et les milliers d’emplois associés à la filière », précise Claire Fita. L’aéronautique, autre secteur phare de la région, reste vulnérable à d’éventuelles sanctions commerciales ciblées.
Vers une riposte européenne ?
Face à ces menaces, Claire Fita appelle à une réponse ferme de l’Union européenne. Elle rappelle que des « instruments anti-coercition » ont été adoptés en 2023, permettant à Bruxelles d’appliquer des mesures de rétorsion rapides, comme l’exclusion de certaines entreprises américaines du marché européen ou l’augmentation de taxes ciblées.
En région, Carole Delga prépare une stratégie d’atténuation. Lors de la prochaine assemblée plénière, elle présentera des mesures de soutien destinées aux entreprises du numérique et du spatial, mais aussi aux secteurs plus traditionnels affectés par d’éventuelles hausses tarifaires. « Des discussions sont déjà en cours avec les chambres consulaires pour anticiper les répercussions et défendre les intérêts économiques locaux », indique Claire Fita.