Mabqi lève 5 millions d’euros pour révolutionner le traitement du cancer de la prostate

En pleine dynamique de France 2030, la biotech Mabqi décroche un financement public de 5 millions d’euros pour accélérer le développement de son anticorps MQI-201 ciblant le cancer de la prostate. Ce soutien s’inscrit dans un appel à projets visant à renforcer l’innovation en biothérapies, un secteur stratégique pour la France. L’enjeu : répondre aux besoins médicaux criants face à des pathologies comme les cancers métastatiques, encore trop souvent synonymes d’impasse thérapeutique.

Que reste-t-il à inventer quand les traitements du cancer de la prostate échouent dans 80 % des cas à empêcher une évolution métastatique ? C’est dans ce silence thérapeutique que s’inscrit Mabqi, une société de biotechnologie dédiée aux anticorps thérapeutiques, qui révèle le 26 février 2025 avoir sécurisé 5 millions d’euros dans le cadre de l’appel à projets « Innovations en Biothérapies et Bioproduction » du plan France 2030, orchestré par Bpifrance. Cette enveloppe doit permettre de faire avancer MQI-201, un anticorps novateur ciblant le canal ionique TRPV6, une piste encore peu explorée en oncologie, liée à plusieurs cancers à forts enjeux, dont celui de la prostate.

Ce financement public ambitionne de soutenir la bioproduction de MQI-201, de boucler les étapes précliniques réglementaires et de poser les bases d’une étude de Phase 1a, attendue début 2027. Les premiers résultats, tirés de modèles in vivo, suggèrent une tolérance satisfaisante et une efficacité marquée contre le cancer de la prostate, une maladie qui frappe 560 000 nouveaux patients annuels dans les huit grands marchés mondiaux. « Cette subvention constitue un véritable accélérateur pour notre développement, en finançant une part significative de notre croissance », précise Maxime Waldron, directeur financier de Mabqi, qui y voit un levier pour consolider les assises financières de l’entreprise.

Fruit d’une collaboration avec la SATT Nord et l’INSERM U1003 de Lille, MQI-201 se positionne comme un candidat capable d’agir seul ou en complément des thérapies existantes, souvent handicapées par des résistances. Face à un cancer de la prostate métastatique dont le taux de survie à cinq ans plafonne à 34 % dans les pays du MM8, Mabqi souhaite apporter une réponse là où les options se raréfient.

La plateforme technologique de l’entreprise, alliant phage et yeast display à l’intelligence artificielle, se distingue par sa capacité à produire des anticorps humains stables et adaptés à une bioproduction de masse. Unique en Europe, elle explore des anticorps « pH-sensibles » destinés à cibler le micro-environnement tumoral acide. « Ce financement témoigne de la pertinence scientifique de notre plateforme dans le développement de nouvelles immunothérapies à fort potentiel médical », note Sylvain Yon, directeur général, qui envisage d’étendre ces travaux à d’autres cancers, comme ceux du pancréas ou de l’ovaire.

Dans l’écosystème occitan, où numérique et biotech convergent, ce projet incarne une ambition d’innovation face à des acteurs mondiaux souvent tournés vers des cibles plus classiques. Si le positionnement sur TRPV6 intrigue, le passage des promesses précliniques aux réalités cliniques reste un défi de taille, tant les échecs en Phase 1 jalonnent ce secteur.

Sur la photo: Sylvain Yon, PDG de Mabqi (©Mabi)