Montpellier structure son écosystème IA

Lancée le 17 février 2025, l’association IA Montpellier Méditerranée ambitionne de fédérer un écosystème déjà riche autour de l’intelligence artificielle. Dans un territoire marqué par l’excellence académique et technologique, cette initiative veut poser les bases d’une visibilité accrue en Europe.

Une photographie de plante, capturée à Montpellier, peut voyager bien au-delà des frontières grâce à Pl@ntNet. Née en 2011, cette plateforme de science citoyenne, qui revendique 25 millions d’utilisateurs dans le monde, incarne une alliance réussie entre recherche, technologie et coopération. Portée par un consortium réunissant l’INRIA, le CIRAD ou encore le CNRS, elle doit son essor à un écosystème local fertile, fait d’infrastructures robustes et d’une communauté scientifique active. « Ce projet a émergé ici en raison de la présence des infrastructures, des données nécessaires et du dynamisme de la communauté de ses chercheurs », observe Joseph Salmon, chercheur en mathématiques appliquées à l’INRIA.

C’est dans cet élan que s’inscrit, le 17 février 2025, la création de l’association IA Montpellier Méditerranée, annoncée dans la salle du conseil de l’Hôtel de Ville. Réunissant la Ville, la Métropole, la Région Occitanie, l’Université de Montpellier, le CHU, French Tech Méditerranée et Digital 113, cette structure souhaite coordonner les acteurs locaux pour porter des projets ambitieux. Michaël Delafosse, maire et président de la Métropole, met en avant les atouts du territoire : « L’Université de Montpellier figure parmi les meilleurs classements mondiaux. Le CHU est identifié comme l’un des plus innovants et notre métropole est renommée pour sa dynamique, notamment au travers du BIC, classé dans le Top 5 mondial des incubateurs. »

Le tissu montpelliérain se caractérise par sa variété. Des entreprises comme Numalis, qui développe des standards ISO pour l’IA, ou Septeo, avec son laboratoire « Brain », voisinent avec des startups telles que clicNwork, remarquée dans le Mapping 2025 de France Digitale. S’y ajoutent le supercalculateur Adastra, 20e mondial, hébergé au CINES, et des outils comme DocSimulator, dédié à la formation médicale via l’IA. Le domaine de la santé se distingue particulièrement avec le projet Alliance Santé IA, présenté le 19 février par le CHU et ses partenaires. « Ce qu’on écrit ici est singulier. Nous avons des expertises dans toutes les thématiques », souligne Anne Ferrer, directrice générale du CHU.

Au-delà de la technologie, une dimension éthique émerge. Une convention citoyenne, organisée entre novembre 2023 et avril 2024, a appelé à une IA respectueuse des données personnelles, initiative saluée par le label Territoire Innovant. Depuis décembre 2024, le Comité Métropolitain de l’IA et du Numérique (CMIAN) travaille à encadrer ces usages, tandis que 1 000 agents publics seront formés à l’IA générative. Cette approche, rare en France, reflète un effort pour équilibrer innovation et responsabilité, dans un secteur où la protection des données reste un enjeu sensible.

Face à des hubs comme Paris ou Toulouse, Montpellier joue la carte de la diversité – recherche, santé, entreprises – plutôt qu’une spécialisation étroite. Si cette stratégie offre une certaine robustesse, elle pourrait compliquer l’affirmation d’une position dominante dans un paysage concurrentiel.