Il y aura foule, gadgets et discours à VivaTech 2025. Le salon, qui promet chaque année de décrypter l’innovation sous toutes ses coutures, déroule à nouveau son tapis de promesses au cœur de Paris. Mais derrière le barnum technologique et les écrans tactiles, ce sont souvent les histoires locales qui méritent le détour. Cette année encore, l’Occitanie ne vient pas faire de la figuration. Portée par l’agence de développement économique AD’OCC, la délégation régionale aligne une vingtaine de start-ups aux profils contrastés mais à l’ambition commune : inventer des solutions utiles, robustes et diablement concrètes. Intelligence artificielle, mobilité, transition écologique : petit tour d’horizon.
L’IA n’est pas un jouet, c’est un outil (et parfois un scalpel)
Première escale : les intelligences artificielles occitanes. Quatre entreprises y défendent des usages bien trempés, aux antipodes des fictions dystopiques.
À Castres, Cezigue change la donne du développement logiciel avec sa plateforme Prompt-to-Build, un générateur d’applications mobiles par IA. Plus besoin de savoir coder : une idée, une commande, et voilà une application prête à l’emploi. Adoptée par des gestionnaires de flottes ou de mobilité, la technologie réduit drastiquement coûts et délais de production. Avec seulement 9 salariés, l’entreprise vise une levée de 700 000 euros pour étendre sa formule magique en marque blanche.
Plus chirurgical encore, Eka Surgery, fondée à Toulouse par Audrey Saint-Lary et Philippe Hazane, analyse les vidéos opératoires pour optimiser l’usage des robots médicaux. En ligne de mire : la qualité des gestes chirurgicaux, le compagnonnage à l’ère numérique, et une réduction des risques opératoires. Loin du gadget, l’IA devient ici mentor, contrôleur qualité et, à terme, assistant chirurgical intelligent.
Plus loin dans l’organigramme des entreprises, Buddl démocratise la planification financière. Fondée par un duo aux parcours complémentaires, la start-up propose un outil SaaS de FP&A – la planification financière – qui centralise données passées, prévisions, scénarios et collaborations. Leur credo : « aligner la finance et l’opérationnel sans fichier Excel ni migraine ». Déjà une quarantaine de clients, et un cap à VivaTech pour consolider cette traction.
Enfin, depuis Mende, AI Tech Leads s’attaque au cœur du métier de développeur avec Fondation, une plateforme de formation pensée pour l’ère des agents IA. Pas question de remplacer les humains : il s’agit de les outiller pour garder la main. La formation propose une approche flexible, de l’auto-apprentissage à l’accompagnement certifiant. Un manifeste implicite : les IA ne sont pas des menaces, mais des amplificateurs pour ceux qui savent encore penser en code.
Géolocaliser à travers les murs, appeler sans bruit, entendre avec les yeux
L’innovation pratique, c’est parfois une simple question de confort, de sécurité ou d’autonomie.
Depuis Montpellier, Wheere joue les architectes invisibles avec une technologie de géolocalisation indoor qui traverse les murs en béton. Un tracker, quatre “gateways”, et vous voilà localisé à 80 cm près, en intérieur comme en extérieur. Idéal pour les sites industriels ou hospitaliers. L’ambition ? Rien de moins qu’un GPS indoor mondial, soutenu par une future constellation de 300 microsatellites, avec en tête de programme un ingénieur transfuge de Galileo.
Toujours à Montpellier, Reeflect part d’un constat aussi personnel que sociétal : 90 % des sourds et malentendants se sentent en insécurité chez eux. Le fondateur, fils de parents sourds, propose une solution domotique qui transforme les bruits importants (sonnette, cris, alarme) en signaux visuels et vibratoires. Une « oreille intelligente », connectée à une appli, fait passer l’essentiel sans un mot. L’objectif : lancer la commercialisation grand public d’ici fin 2025.
Dans un tout autre registre mais avec une même obsession du bien-être, Skyted, fondée à Toulouse, entend réduire les nuisances… en silence. Leur casque Skyted 320 permet de passer des appels confidentiels dans un train ou un avion sans déranger le voisin. Ajoutez une appli qui cartographie les zones de meilleure connectivité sur les lignes à grande vitesse, et vous obtenez une solution complète pour télétravailler en mouvement sans ruiner l’harmonie ambiante.
Côté robotique, ROB’OCC présente ROC-E, un chariot autonome destiné à réduire les troubles musculo-squelettiques dans les entrepôts, hôpitaux ou restaurants. Une machine modeste, mais qui soulage et libère du temps humain. Son autonomie et son absence de besoin d’infrastructure lourde en font une solution aussi accessible aux PME qu’aux géants logistiques.
Écologie : les petits gestes bien pensés valent mieux que les grandes promesses
Sur le terrain de l’innovation verte, l’Occitanie fait parler ses matériaux et son pragmatisme.
À Toulouse, Solar-Paint applique sa science sur les toitures : une peinture réflective (sans COV, avec matière recyclée) renvoie jusqu’à 92 % des rayons solaires. Résultat : 6°C de moins dans les bâtiments, jusqu’à 30 % d’économies d’énergie l’été, et une solution déjà installée sur 250 000 m² de toits. Derrière cette avancée se cache aussi un partenariat avec Maestria, poids lourd de la peinture industrielle.
Toujours sur l’axe efficacité énergétique, Green4Cloud, implantée dans le Gard, prône un cloud plus propre. En hébergeant données et applis dans des infrastructures alimentées par des énergies renouvelables et optimisées avec 90 % de matériel reconditionné, l’entreprise revendique un cloud à empreinte allégée. Plus de 300 entreprises l’ont déjà adoptée.
Enfin, pour les trajets du quotidien, Le Maillon, vélo cargo couvert made in Castres, entend réconcilier praticité, sobriété et confort. Trois roues, un pédalier intelligent, une carrosserie légère, et jusqu’à 250 kg de charge transportable. Avec seulement 10 véhicules déployés pour l’instant, la start-up vise des usages variés : entretien d’espaces verts, logistique de site, transport interne. En bref, tout sauf un gadget.
Une mosaïque d’usages, une colonne vertébrale commune
Ce qui frappe dans cette délégation occitane, ce n’est pas une ligne éditoriale technologique unique. C’est plutôt une manière d’innover à hauteur d’homme – ou d’équipe, ou de territoire. Ici, l’IA ne rêve pas de remplacer l’intelligence humaine ; elle cherche à l’augmenter, à la rendre plus rapide, plus précise, plus confortable. Les objets connectés ne se veulent pas intrusifs, mais utiles. Et les projets environnementaux s’ancrent dans des réalités techniques, économiques, industrielles.
Rendez-vous à VivaTech, Hall 1 – Stand H22, pour découvrir ces entreprises et rencontrer l’écosystème AD’OCC, le bras armé du développement économique en Occitanie. Avec 2 726 entreprises accompagnées en 2024, l’agence continue de prouver que dynamisme et engagement local peuvent rimer avec ambition globale..