Soutenue à hauteur de 6,5 millions d’euros par France 2030, la biotech montpelliéraine Ciloa franchit une nouvelle étape dans le développement d’une biothérapie inédite contre l’obésité et le diabète de type 2. À la clé, un candidat médicament à base de vésicules extracellulaires bio-ingénierées, fruit de deux décennies de recherche et d’une technologie maison que l’industrie n’avait, jusqu’ici, jamais su stabiliser.
Montpellier, juillet 2025. Dans les laboratoires discrets de Ciloa, le virage est stratégique. La biotech montpelliéraine vient d’obtenir un financement public de 6,5 millions d’euros via le plan France 2030, pour soutenir le développement d’un biomédicament d’un genre encore inédit, à la croisée de la bio-ingénierie et des thérapies métaboliques.
Au cœur du projet, un nom de code : APN-sEV. Il s’agit d’une forme recombinante d’adiponectine (une hormone aux vertus métaboliques reconnues) associée à des vésicules extracellulaires bio-ingénierées. Si l’expression a des allures de jargon réservé aux spécialistes, les enjeux, eux, sont très concrets : proposer un traitement innovant contre l’obésité et le diabète de type 2, deux pathologies qui affectent aujourd’hui plus de deux milliards de personnes dans le monde.
Ce biomédicament, encore au stade préclinique, montre des résultats que les équipes qualifient de très prometteurs : réduction significative de la prise de poids, amélioration de la sensibilité à l’insuline, suppression de la stéatose hépatique, tout cela sans perte de masse musculaire. En clair, une approche qui agit sur des voies biologiques différentes des traitements actuels, et qui pourrait demain jouer la carte de la complémentarité thérapeutique plutôt que de la substitution.
C’est cette rupture technologique que le financement de France 2030 vient accompagner. Le projet, soutenu dans le cadre de l’appel à projets « Biothérapies et Bioproduction de Thérapies Innovantes » opéré par Bpifrance, permettra à Ciloa de franchir plusieurs étapes clés : mise en place d’une chaîne de bioproduction à l’échelle industrielle conforme aux normes GMP, réalisation d’études précliniques réglementaires de sécurité, et lancement des essais cliniques dès 2027 pour la phase I, puis 2028 pour la phase IIa.
La plateforme technologique utilisée par Ciloa n’est pas née d’hier. Elle s’appuie sur plus de vingt ans de recherche et une série de brevets regroupés sous le nom d’EVENGI. Le principe : maîtriser la production, la purification et la caractérisation de vésicules extracellulaires (sEV) à des fins thérapeutiques. Loin des effets de mode, l’entreprise a creusé son sillon dans la durée, avec la conviction que ces nanosacs biologiques, produits naturellement par les cellules, pouvaient devenir des vecteurs thérapeutiques puissants à condition de savoir les manipuler finement.
Sur un marché mondial saturé de promesses, où les grandes pharmas multiplient les annonces autour des GLP-1 et autres analogues hormonaux, Ciloa parie sur une autre approche, moins visible mais potentiellement décisive. L’enjeu n’est pas d’aller plus vite que les géants du secteur, mais de proposer une solution de rupture, capable d’apporter une nouvelle voie de traitement dans un paysage thérapeutique encore loin d’avoir tout dit.
Sur la photo: Robert Z. Mamoun, directeur général de Ciloa. (Photo Ciloa)
