Deux entreprises, deux approches du vivant, un même territoire : la Haute-Garonne. Le 9 octobre dernier, le Prix Santé Entrepreneurs d’Harmonie Mutuelle a récompensé Asclepios Tech, à Tournefeuille, et Hector le Collector, à Toulouse. L’une soigne les plantes avec la lumière, l’autre redonne une seconde vie aux déchets. Ensemble, elles rappellent que l’innovation la plus utile est souvent celle qui se salit les mains.
La lumière contre les pesticides
Chez Asclepios Tech, on parle plus souvent de photons que de pesticides. Dans son laboratoire de Tournefeuille, l’équipe a mis au point BOXILUMIX®, une technologie qui envoie des signaux lumineux aux plantes pour stimuler leurs défenses naturelles. Pas de chimie, pas d’eau, juste des faisceaux calibrés au millimètre. Le résultat ? Moins de pourritures, plus de nutriments et une durée de conservation allongée sans un gramme de conservateur.
Derrière cette idée un peu folle, Christine Roynette, ingénieure obstinée, qui a vu dans la photobiologie une manière de réconcilier agriculture et santé. « BOXILUMIX est née d’une double urgence : restaurer la qualité nutritionnelle des aliments et sortir des intrants chimiques », explique-t-elle. Après plus de cent essais sur quarante-cinq variétés, l’entreprise affiche des chiffres qui forcent le respect : jusqu’à 73 % de pertes en moins et une densité nutritionnelle multipliée par dix. Validée par l’INRAE d’Angers, la technologie entre maintenant dans sa phase industrielle.
Asclepios Tech vise la création d’une filière entière autour de la photobiologie. Objectif : réduire le gaspillage alimentaire de moitié et renforcer la santé de ceux qui mangent ce que d’autres cultivent. Derrière la technicité, une idée simple : si la lumière peut guérir, autant la mettre au travail.
Les déchets comme ressource
À Toulouse, Hector le Collector mène un autre combat, plus terrestre : celui des biodéchets. Depuis 2020, cette entreprise agréée ESUS sillonne la ville en véhicules électriques Crit’Air 0 pour récupérer les restes de cuisine, huiles et autres rebuts alimentaires. Ce qui partait à la poubelle finit désormais en biogaz et compost, grâce à la méthanisation.
En 2024, Hector a valorisé 700 tonnes de biodéchets et produit plus de 470 000 kWh d’énergie. Le modèle tourne, au sens propre. L’entreprise s’est déjà implantée à Paris, Montpellier, Niort et Nîmes, avec Nantes, Sète et Perpignan en ligne de mire. L’impact carbone est précis : 4,3 grammes de CO₂ émis par kilo de déchets collectés, contre 34 pour les systèmes classiques.
Mais Hector n’est pas qu’un projet vert. C’est aussi une affaire d’inclusion : les coffres en bois des bacs sont fabriqués dans des ateliers pénitentiaires labellisés PEPs, et les tournées créent des emplois locaux non délocalisables. L’entreprise pousse même la logique jusque dans les bureaux : un “kit Hector” permet aux salariés d’amener leurs biodéchets de la maison au travail. Moins glamour qu’une appli, mais bien plus concret.
L’économie du bon sens
Le Prix Santé Entrepreneurs, créé par Harmonie Mutuelle, récompense chaque année des initiatives qui relient santé, environnement et innovation. Cette édition 2025 a rassemblé 470 candidats à travers la France, évalués sur l’impact, la solidarité et la créativité. En Occitanie, Asclepios Tech et Hector le Collector décrochent respectivement le premier et le troisième prix régionaux.
Les deux entreprises participeront à la phase nationale, où un vote public et un jury d’experts désigneront les lauréats fin novembre.
Sur la photo: l’équipe d’Asclepios Tech, lauréat haut-garonnais du Prix Santé Entrepreneurs d’Harmonie Mutuelle le 9 octobre dernier.
