Certificall : la start-up toulousaine qui transforme chaque image en preuve juridique

Face à la déferlante des images truquées et des déclarations douteuses, Certificall veut remettre de l’ordre dans la preuve numérique. La jeune pousse toulousaine vient de lever un million d’euros pour consolider sa technologie et accélérer son expansion européenne.


Tout est parti d’une idée simple : et si une photo pouvait avoir la même valeur qu’un constat d’huissier ? Trois ans plus tard, Certificall, née à Toulouse en 2022, boucle une levée de fonds d’un million d’euros menée par TomCat, Groupama et InsurAngels. Une étape clé pour cette jeune pousse de l’assurtech, qui s’est imposée en un temps record comme le tiers de confiance de la preuve numérique en Europe.

Avec plus de 150 clients et 20 000 utilisateurs, Certificall n’a rien d’une promesse encore à prouver. Son application permet de certifier en temps réel des photos et vidéos dans des secteurs où la fiabilité de l’image est cruciale : assurance, BTP, immobilier, transport. Groupama et Eiffage Énergies font partie de ceux qui l’ont déjà adoptée. En moyenne, il ne faut que 90 secondes pour générer un constat complet, et plus de trois millions de photos ont été certifiées depuis la création de la plateforme.

L’objectif, lui, n’a pas bougé : transformer chaque capture visuelle en pièce juridique infalsifiable et recevable devant les tribunaux français comme européens. « L’augmentation de la fraude en 2021-2022 n’était qu’un début. Depuis deux ans, les IA génératives sont devenues accessibles à tous. Notre priorité est de bloquer la fraude à la source », résume Guillaume Laurent, président et cofondateur.

L’antidote numérique à la fraude généralisée

Le contexte plaide pour eux. Selon l’Agence de lutte contre la fraude à l’assurance, les montants identifiés en France ont atteint 902 millions d’euros en 2024, soit une hausse de plus de 30 % en un an. Les fausses déclarations soutenues par des images trafiquées à l’aide d’intelligences artificielles font désormais partie du paysage. Certificall s’y attaque frontalement : géolocalisation, certificat infalsifiable, horodatage qualifié et cachet de signature conforme au règlement européen eIDAS. Quatre verrous technologiques, un même but : rendre toute altération impossible.

Cette approche séduit autant qu’elle rassure. L’entreprise se positionne comme un tiers de confiance souverain, à mi-chemin entre l’expertise juridique et la technologie embarquée. Une solution rapide, certifiante et économique, que les assureurs et grands industriels adoptent pour fiabiliser leurs procédures internes. « Chaque photo ou vidéo devient une preuve fiable et juridiquement recevable dès sa capture », poursuit Guillaume Laurent. Une promesse tenue par huit collaborateurs, dont la complémentarité impressionne les investisseurs.

Un marché porté par la réglementation européenne

Au-delà de la lutte contre la fraude, Certificall s’inscrit dans une dynamique réglementaire de fond. L’Union européenne veut que, d’ici 2030, 80 % des citoyens disposent d’un portefeuille d’identité numérique. Une révolution silencieuse qui redéfinit la confiance dans les échanges entre particuliers, entreprises et institutions.

Le règlement eIDAS (Electronic Identification, Authentication and Trust Services) établit le cadre légal permettant à une preuve numérique produite par un tiers de confiance d’être valable dans tous les pays membres. C’est précisément dans ce sillon que s’inscrit Certificall. « La digitalisation des parcours grâce à des outils self-care, ainsi que la conformité eIDAS, seront des priorités en 2026. Notre technologie garantit que photos et vidéos certifiées soient infalsifiables et disposent d’une valeur probante devant les tribunaux, quel que soit le pays », explique Nicolas Chabauty, directeur général et cofondateur.

Un pas de plus vers la référence européenne de la preuve numérique

Pour les investisseurs, le potentiel est évident. Jeremy Pouyer, CEO de TomCat, résume leur conviction : « L’explosion des fraudes à l’assurance, exacerbée par les usages croissants de l’intelligence artificielle, renforce le besoin de solutions de certification robustes et automatisées. Cette levée de fonds va leur permettre d’accélérer leur développement pour faire de Certificall la référence européenne de la preuve numérique appliquée à l’assurance. »

L’ambition ne s’arrête pas là. Avec son ADN technologique renforcé et un déploiement commercial désormais tourné vers l’Europe, la start-up toulousaine entend s’imposer comme un standard continental de la fiabilité visuelle. Une manière de remettre la vérité à sa juste place : celle qui se prouve en 90 secondes chrono.