Kinéis ouvre le suivi maritime satellitaire avec Kin’AIS

En ouvrant Kin’AIS, Kinéis étend son expertise spatiale au suivi maritime et redonne de la cohérence à un système qui perd encore la trace des navires loin des côtes. Sa constellation capte les signaux invisibles au sol et permet une lecture plus fine du trafic mondial. Wood Mackenzie et Vortexa figurent parmi les premiers à exploiter cette nouvelle source d’information.

Dans l’imaginaire collectif, Kinéis appartient d’abord au ciel. Une entreprise spatiale, une constellation en orbite, des antennes qui scrutent la Terre depuis plusieurs centaines de kilomètres d’altitude. Pourtant, ses satellites n’ont pas uniquement la tête dans les étoiles: ils suivent aussi les navires. Le trait d’union entre l’espace et la mer se dessine là, dans cette idée simple: quand les côtes n’entendent plus rien, l’orbite continue de voir. Depuis le 2 juin 2025, Kinéis utilise cette position privilégiée pour éclairer un territoire discret, celui des routes maritimes qui se perdent dans les zones sans couverture terrestre.

Contexte. Après le 11 septembre 2001, l’Organisation maritime internationale a imposé aux navires une déclaration régulière de position, cap, vitesse et identité. Le système AIS repose sur un transpondeur et un signal radiofréquence, efficace à condition d’être capté. Or la portée reste limitée à environ 100 kilomètres et certaines côtes, pour des raisons géopolitiques ou simplement d’infrastructures, ne captent rien. Des pans entiers du trafic disparaissent alors entre deux ports, comme effacés de la carte jusqu’à leur prochaine escale.

C’est cette absence de visibilité que Kinéis veut combler. «Aujourd’hui, l’AIS terrestre ne permet pas de couvrir efficacement l’ensemble des besoins des acteurs du maritime», rappelle Cécile Morel, directrice commerciale. Kin’AIS s’appuie sur la constellation de satellites pour recevoir les signaux que les stations au sol ne perçoivent pas et les restituer avec une régularité continue. L’objectif est simple: redonner de la cohérence à un système qui, à grande distance, se fragmente.

L’architecture technique joue un rôle décisif. Les antennes multibrins de Kinéis absorbent davantage de signaux dans les zones les plus saturées, ces carrefours maritimes où la densité de navires rend l’AIS terrestre difficile à exploiter (golfe du Mexique, canal de Suez, golfe Persique). En distinguant mieux les messages qui s’entrecroisent, la constellation restitue une image plus lisible du trafic. À cela s’ajoute Kin’Trust63, un dispositif conçu pour détecter les falsifications de position. Avec une précision moyenne d’environ 5 kilomètres, l’outil permet de vérifier la localisation réelle d’un bateau lorsque celui-ci tente de brouiller ses coordonnées.

L’arrivée de Kin’AIS trouve rapidement un écho chez les grands analystes internationaux. Wood Mackenzie, spécialiste des données liées à l’énergie et aux ressources naturelles, intègre désormais les flux S-AIS de Kinéis dans ses capacités existantes. «Nous garantissons à vesseltracker.com une veille stratégique de pointe», résume Dallas Smith, vice-président senior. Vortexa suit le même chemin. L’entreprise, qui surveille chaque année près de 3 000 milliards de dollars de transactions énergétiques maritimes, voit dans la constellation de Kinéis un moyen d’élargir encore sa couverture mondiale. «Elle apporte une nouvelle dimension à nos analyses prédictives», souligne son fondateur, Fabio Kuhn.

L’usage opérationnel va bien au-delà de la simple cartographie. Les données S-AIS contribuent à identifier des comportements anormaux liés à la pêche illégale, à la contrebande ou à des itinéraires volontairement masqués. Elles affinent aussi la compréhension des chaînes logistiques, où chaque déroutement se paie rapidement en temps et en coût. Kinéis prévoit désormais de transmettre plusieurs millions de messages AIS par jour à partir de sa constellation, une montée en charge qui doit stabiliser durablement la lecture du trafic mondial.