Après avoir levé sept millions de dollars, la start-up anglaise qui fournit des missions spatiales à bas coûts prévoit d’ouvrir son usine du futur en Europe. Toulouse est dans la course.
Ne vous fiez pas aux apparences. Depuis son bureau étroit qu’il occupe dans un bâtiment de la pépinière d’entreprise Bordelongue, Tristan Laurent vise loin. Débauché en décembre dernier par Open Cosmos, il ouvre en mars le premier bureau commercial à Toulouse de cette entreprise qui fournit des missions spatiales à bas coûts. Son objectif est de développer l’activité en Europe depuis une usine du futur dont le site n’est pas encore déterminé.
Si Tristan Laurent affirme que plusieurs villes sont dans la course, dont Barcelone, Toulouse serait bien placée. Il faut dire que la ville est la capitale de ce secteur, concentrant la moitié des effectifs français et le quart des effectifs européens avec la présence de grandes entreprises et un tissu de PME spécialisées dans les applications satellitaires.
Convaincu, Tristan Laurent attend « une réponse intéressante » de Toulouse. Comprendre un geste financier et des locaux, pourquoi pas, comme des bureaux dans le bâtiment B612 en bordure du périphérique Sud dans le quartier Toulouse Aerospace. En attendant, le directeur commercial de 30 ans compte les points et compare les offres. « Nous sommes en phase de sélection de la ville qui accueillera notre smart factory dès la fin d’année. Nous prendrons une décision en septembre », assure-t-il.
Sept millions de dollars levés
Fondée juin 2015 par Rafael Jorda Siguier, un ancien d’Airbus Defence and Space, Open Cosmos s’invite sur le marché du spatial à bas prix, en proposant une mission spatiale complète pour les clients des marchés de l’internet des objets. Elle propose de l’observation de la Terre à la surveillance en passant par la détection civile et militaire.
Son offre comprend la fabrication de nanosatellites légers, de quatre à trente kilos, intégrants des composants électroniques que l’on retrouve dans les smartphone. L’assemblage se réalise en interne sur son site de production automatisé situé à Harwell, près d’Oxford.
Les satellites traditionnels, eux, utilise des composants électroniques endurcis, conçus spécifiquement pour être protégés contre de fortes doses de rayonnements ionisants. « Ils sont plus coûteux à développer et à produire, mais ne sont pas forcément plus fiables lorsque le satellite est en orbite basse, à moins de 500 km d’altitude », précise-t-il.
L’entreprise propose aussi le lancement en orbite basse en s’appuyant sur un réseau de partenaires chinois, notamment. « En Chine, le coût de la main d’œuvre est très bas et la cadence de lancement très élevé. Ce qui permet aux Chinois de diviser le prix par dix, sachant qu’en Europe le tarif d’un lancement d’un satellite est compris entre 800.000 euros et 1,2 million d’euros », ajoute Tristan Laurent, qui précise être aussi en pourparlers avec des entreprises indiennes et russes.
Open Cosmos, qui compte trois clients, a lancé son premier nanosatellite en 2017. Trois autres sont en production. La start-up vise trente lancements par an. Pour atteindre cet objectif, elle a bouclé en avril un premier tour de table de 7 millions de dollars auprès de fonds d’investissement anglais. Une seconde levée de fonds est déjà envisagée, d’ici cinq à six ans, pour concrétiser un projet de méga-constellation. Celui-ci comprendrait entre 100 et 1000 nanosatellites.
Audrey Sommazi