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Alors que tout le monde scrute les nouveautés mobiles du MWC, tournons-nous vers celles des équipementiers. Les voisins Nokia et Ericsson améliorent tous deux leurs plateformes 5G. Et quand le premier lance des solutions verticales clé en main, le second acquiert le fabricant d’antennes allemand Kathrein. Mais les deux ne veulent pas manquer de profiter de la tourmente dans laquelle se trouve leur principal rival : Huawei.
Si la phase de développement des matériels et logiciels permettant de diffuser la 5G est accomplie, les équipementiers ont encore du travail pour déployer ces équipements largement. Et pendant que les autorités régulatrices et gouvernements réfléchissent aux modalités du déploiement de cette technologie sur leur territoire et que les opérateurs se préparent aux enchères pour l’attribution des fréquences, les équipementiers travaillent eux à l’étape suivante, à savoir comment répondre à la future demande.
Et alors que Huawei semblait être bien placé sur le marché, les cartes semblent en train d’être rebattues suite aux présomptions d’espionnage dont est victime l’équipementier chinois aux Etats-Unis et dans d’autres pays. En France, bien que Huawei soit le bienvenu selon les propos très politiques du ministre de l’Economie Bruno Le Maire, le groupe Orange a cependant exclu le Chinois de ses projets 5G en France pour des questions de sécurité nationale. Ericsson et Nokia pourraient donc tirer parti de cette situation et profitent du Mobile World Congress pour continuer leurs annonces autour de leurs plateformes et matériels respectifs.
Nokia renforce Future X et lance des solutions verticales clé en main
Le Finlandais spécialiste des télécoms continue de développer son architecture 5G Future X et a annoncé des améliorations de son coeur de réseaux et des solutions d’accès radio réseau. Le Cloud packet core a notamment été conçu suite aux mises à jour 3GPP Release 15 5G et comprend des fonctions de coeur de réseaux standalone et améliorer également les capacités de base non-standalone précédentes. Cloud native, la solution doit permettre aux opérateurs de mettre à jour les fonctions réseaux de manière transparente et très flexible. Et simplifier les déploiements en fournissant des services sur des déploiements multi-technologiques sans fil (2/3/4/4/5G, sans licence, partagés) et à accès fixe.
Si la phase de développement des matériels et logiciels permettant de diffuser la 5G est accomplie, les équipementiers ont encore du travail pour déployer ces équipements largement. Et pendant que les autorités régulatrices et gouvernements réfléchissent aux modalités du déploiement de cette technologie sur leur territoire et que les opérateurs se préparent aux enchères pour l’attribution des fréquences, les équipementiers travaillent eux à l’étape suivante, à savoir comment répondre à la future demande.
Et alors que Huawei semblait être bien placé sur le marché, les cartes semblent en train d’être rebattues suite aux présomptions d’espionnage dont est victime l’équipementier chinois aux Etats-Unis et dans d’autres pays. En France, bien que Huawei soit le bienvenu selon les propos très politiques du ministre de l’Economie Bruno Le Maire, le groupe Orange a cependant exclu le Chinois de ses projets 5G en France pour des questions de sécurité nationale. Ericsson et Nokia pourraient donc tirer parti de cette situation et profitent du Mobile World Congress pour continuer leurs annonces autour de leurs plateformes et matériels respectifs.
Sur le salon, l’équipementier présentait des forfaits IoT prêts à l’emploi en fonction du secteur d’activité des utilisateurs finaux. Ceci afin d’accélérer les offres des opérateurs et les installations chez les clients. Construit sur l’infrastructure Nokia Worldwide IoT Network Grid (WING), les applications comprennent des capteurs IoT, des applications utilisateur et des modèles commerciaux adaptés. Quatre secteurs sont ciblés pour le moment : l’agriculture, la gestion du bétail, la logistique et la gestion des actifs.
Ericsson reprend la construction d’antennes
Börje Ekholm, CEO d’Ericsson, a profité de l’ouverture du salon pour annoncer à la presse que 2019 serait l’année où il « équipera le monde en infrastructures 5G ». Et d’annoncer la signature de dix contrats avec autant d’opérateurs sur tous les continents. Des noms comme Vodafone UK, Swisscom, Verizon (qui a déployé le premier réseau domestique 5G avec Ericsson en octobre 2018) ou T-Mobile en font partie. Des Français ? Pas encore mais des négociations sont en cours avec une quarantaine d’autres opérateurs, dont Orange et Bouygues Télécom. Les deux opérateurs réalisent des expérimentations 5G avec l’équipementier suédois à Lille et Lyon.
Le CEO du groupe suédois rappelle que les premiers bénéficiaires de la 5G à l’échelle commerciale seront les consommateurs de services mobiles à large bande. Mais les industriels devraient suivre rapidement. En attendant, l’équipementier a apporté plusieurs améliorations à sa plateforme 5G. Cette dernière propose désormais un dual-mode pour s’appuyer aussi sur les réseaux 4G existants. Les produits 5G que le fournisseur a lancés depuis 2015 seront compatibles avec la norme standardisée par une simple mise à jour logicielle le moment venu. Des fonctionnalités comme le Spectrum sharing permettront aussi d’accompagner les opérateurs dans leur transition vers la 5G.
Enfin, Ericsson a annoncé la future acquisition du constructeur d’antennes et de filtres pour réseaux mobiles allemand Kathrein. Elle devrait être conclue d’ici la fin du troisième trimestre 2019. Et ce seront près de 4 000 salariés répartis dans une vingtaine de pays, dont la France, qui rejoindront l’équipementier. « Dans le domaine de la 5G les antennes deviennent actives. Nous étions sortis du secteur des antennes mais là il faut y revenir » commente Franck Bouetard, en charge de l’activité française d’Ericsson. Nous avons d’abord remis pratiquement 2000 ingénieurs dessus depuis trois ans chez Ericsson, mais pour accélérer dans cette branche, il nous semblait important d’acquérir une société spécialisée. » En plus d’être un acteur européen, Ericsson compte sur l’expertise de Kathrein le développement d’antennes actives.
Prudence face à Huawei
Chez Ericsson, la prudence est de rigueur vis-à-vis du concurrent chinois. « Le débat sur la sécurité nationale n’est pas le nôtre aujourd’hui » indique M. Bouétard, « nous suivrons les directives que les gouvernements mettront en oeuvre. » Si la situation s’envenime, le représentant d’Ericsson pense que l’entreprise peut y gagner à court terme mais pas à moyen terme. « Si les Chinois commencent à recréer d’autres standards mondiaux, tout le monde y perd ». Mais de là a dire que si Huawei se retire du marché européen les prix grimperont, le représentant d’Ericsson n’y croit pas et indique que – en plus de la concurrence entre Nokia et Ericsson – d’autres acteurs voudront profiter de la situation. « La virtualisation des interfaces va aussi faire entrer de nouveaux acteurs comme Google ou Mavenir. »
Vis-à-vis de Nokia, Franck Bouétard est confiant et rappelle qu’Ericsson a grapillé quelques parts de marché sur le finlandais dans le domaine de la radio. « Nous sommes à 29% quand Huawei est à 30 et Nokia plutôt autour de 20%. Samsung et ZTE gravitent plutôt autour de 5-7%. »
Mais les incertitudes vis-à-vis de Huawei font que les opérateurs, notamment sur le sol français, sont en attente de voir comment la situation va évoluer. « Nous aussi, on se lève tous les jours et on regarde s’il ne s’est pas passé quelque chose au niveau géopolitique dans la nuit » confit Franck Bouétard. Ce dernier voit ainsi 2019 plutôt comme une année de transition, où les acteurs attendent les attributions de fréquences pour partir en trombe. Top départ fin 2019 d’après l’Arcep en France…
Par Nicolas Certes