La vocation de la Compagnie du Code est d’apprendre au plus grand nombre d’enfants le codage informatique. Comment rend-t-elle l’exercice « créatif » ? Tentative de réponse.
« Informatique créative » : il s’agit presque d’un oxymore, cette figure de style consistant à accoler deux mots dont les sens sont considérés comme contraires (comme « silence assourdissant », « clarté obscure » ou « jeune vieillard », par exemple). Imposer la notion d’informatique créative est pourtant le pari de la Compagnie du Code, entreprise qui entame son quatrième exercice fiscal et dont le chiffre d’affaires a doublé chaque année depuis sa création en 2015. Si le CA reste modeste (environ 100 K€), il permet à la Compagnie du Code de financer deux emplois (ou équivalents temps plein, ETP), de s’appuyer sur 15 sociétaires (c’est une Société Coopérative d’Intérêt Collectif, ou SCIC, cousines des SCOP) et de faire intervenir plus de 40 personnes chaque année. Pour mieux comprendre cette progression, il faut en revenir aux origines de la Compagnie du Code.
Créée en octobre 2015, la SCIC est le prolongement des « Coding Goûters », qui étaient organisés à Toulouse, chaque mois depuis plusieurs années, au sein de l’association La Mêlée. L’engouement pour ces rendez-vous a logiquement conduit les organisateurs à viser plus haut. La Compagnie du Code est ainsi née pour que l’initiative se développe sur deux axes. Le premier concerne la fréquence des rendez-vous, d’abord passée à un rythme hebdomadaire et désormais quasi quotidien. Le second concerne le rayon d’action, qui couvre aujourd’hui l’ensemble de l’Occitanie, au-delà des métropoles régionales Montpellier et Toulouse.
La Place du Code
« Ce développement à l’échelle de la région occitane n’est pas qu’un discours : nous sommes passés aux actions », explique François de Rochebrune, l’un des fondateurs et sociétaires de la Compagnie du Code. Pour rayonner, la SCIC voulait se doter d’un « camp de base » : fin 2018, elle a emménagé au coin des rues Matabiau et Sainte-Marthe, à quelques pas de la gare de Toulouse. Un emplacement « central », qui lui permet d’organiser des événements quasiment chaque jour, dont les ateliers d’initiation à la robotique les mercredis (pour les enfants « débutants ») et les jeudis (pour les enfants « confirmés »). Elle a commencé par se déployer dans plusieurs quartiers de la Ville Rose (comme Empalot, Saint-Cyprien ou Montaudran, à l’espace B612, le bâtiment totem de Toulouse-Aerospace), est allée à Gaillac (Tarn) et poursuit sa route à Aureville, Montastruc, Saint-Elix-le-Château, Saint-Jean ou Saint-Orens (toutes cinq en Haute-Garonne), ainsi qu’à Ax-les-Thermes (dans l’Ariège, à l’occasion de Ludovia). Au final, la Compagnie du Code initie plusieurs centaines d’enfants à la programmation informatique chaque année (certainement plus de 500 cette année) et est devenue « coordinateur » pour l’Occitanie/Pyrénées-Méditerranée du programme « Class’Code » (formations des enseignants et des animateurs). Explications de François de Rochebrune : « Pour nous, 2019 sera l’année du « mieux », car nous pourrons démontrer que le codage peut être source de créativité. Nous avons reçus des étudiants de l’ISDAT, des Beaux-Arts de Toulouse, qui sont intervenus pour décorer nos locaux, la Compagnie du Code a mis en place un partenariat avec l’Ecole des Apprentis d’Auteuil, nous avons intégré le Plan Académique de Formation pour pouvoir initier les enseignants, nous intervenons régulièrement avec Pôle Emploi et nous nous sommes engagés pour une plus grande mixité dans les métiers du numérique. Aujourd’hui, notre priorité est d’impliquer davantage les collectivités locales, celles qui nous ont déjà rejointes comme celles que nous devons encore convaincre. »
Pascal Boiron, MID e-news