Coiffant AWS au poteau, Microsoft remporte le contrat Joint Enterprise Defense Infrastructure dans le cadre du projet de migration dans le cloud des systèmes informatiques du Département américain de la Défense. Ce contrat de 10 milliards de dollars court sur 10 ans.
Après de longs mois d’attente et de reports, c’est finalement Microsoft qui a remporté le contrat Jedi à 10 milliards de dollars avec le Département américain de la Défense pour la fourniture de services cloud d’infrastructure (IaaS) et de plateforme (PaaS), écartant de ce fait son rival Amazon Web Services, filiale d’Amazon, qui s’est déclaré surpris de cette décision.
Pour moderniser ses systèmes informatiques, le Pentagone prévoit d’en migrer 80% dans le cloud dans le cadre du projet Joint Enterprise Defense Infrastructure qui couvrira à la fois des données classifiées et non classifiées. « La stratégie de Défense nationale nous dicte d’améliorer la rapidité et l’efficacité avec laquelle nous développons et déployons des capacités techniques modernisées pour nos femmes et nos hommes en uniforme », déclare Dans Deasy, CIO du DoD dans un communiqué. « Cette attribution est une étape importante dans l’exécution de notre stratégie de modernisation numérique ». La confirmation de l’attribution de ce contrat attribué à Microsoft pour une durée de 10 ans, jusqu’au 24 octobre 2029, a été publiée le 25 octobre. En août dernier, l’entreprise dirigée par Satya Nadella avait déjà remporté un contrat de 7,6 Md$ avec l’administration générale et la Défense américaine pour standardiser ses messageries et flux collaboratifs sous Office 365.
Une intervention présidentielle ?
Lors du processus d’attribution de ce contrat qui s’est étalé sur de nombreux mois en connaissant différents rebondissements, le DoD avait enquêté en janvier sur AWS, soupçonné d’avoir recruté un ancien employé du Pentagone, ayant précédemment fait partie de son propre effectif, pour l’aider à mettre sur pied sa proposition de réponse à l’appel d’offres. En avril, le DoD avait conclu qu’il n’y avait pas de conflit d’intérêt mais néanmoins relevé des problèmes éthiques l’amenant à transmettre la poursuite de l’enquête à l’inspection générale. Cet été, c’était au tour du président américain Donald Trump de laisser entendre qu’il pourrait peser dans ce dossier, sachant que Jeff Bezos, fondateur d’Amazon n’a jamais ménagé ses critiques à son égard. Il n’est donc pas impossible qu’AWS conteste la décision d’attribuer le contrat à Microsoft. Surtout que CNBC évoque un livre où le secrétaire d’Etat à la Défense, James Mattis, explique que Donald Trump lui a clairement demandé de « dégager AWS » du contrat Jedi. Dans son communiqué, le DoD a donc tenu à souligner que le processus d’acquisition avait été conduit en accord avec les lois en vigueur et la règlementation : « Tous les offrants ont été traités équitablement et évalués conformément aux critères d’évaluation énoncés dans l’invitation à soumissionner », mentionne-t-il.
D’autres fournisseurs cloud comme IBM et Oracle, écartés dès avril de la compétition, avaient de leur côté critiqué la décision de la Défense américaine de ne choisir qu’un seul fournisseur cloud. Oracle ayant porté l’affaire en justice avait été débouté mais pourrait encore faire appel, selon le site GCN. Quant à Google, lui aussi potentiellement intéressé par ce contrat, il s’était lui-même retiré des rangs il y a un an sous la pression de ses salariés opposé à un autre projet avec le DoD visant à donner accès à ses technologies TensorFlow d’analyse d’images pour la surveillance militaire par drones.
Maryse Gros, Le Monde Informatique