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Innovation et modernisation de l’outil industriel sont les deux piliers de la feuille de route du pôle de compétitivité Aerospace Valley, qui vient, en octobre, de réélire Yann Barbaux à sa tête pour les trois prochaines années.
Yann Barbaux, quel bilan tirez-vous de votre premier mandat ?
Ce fut trois années compliquées. Elles n’ont pas été un long fleuve tranquille mais une suite de péripéties. 2018 est marquée par la disparition du Fonds unique interministériel (FUI), créé par l’État pour financer les projets de recherche et développement collaboratifs labellisés par les pôles de compétitivité. Ce fonds a été remplacé par les Projets structurants pour la compétitivité (PSPC)-Régions. En parallèle, Emmanuel Macron souhaitait revoir le nombre de pôles en favorisant des regroupements. Mais, en janvier 2019, changement complet de politique. Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, annonce la régionalisation des pôles. En clair, l’État se désengage. Or, cette décision a été confirmée six mois plus tard et les règles du jeu ont été dictées à la fin de l’année. Néanmoins, le pôle a trouvé de nouvelles sources de financement pour soutenir les projets de ses adhérents, auprès de l’Europe, de l’Agence de la transition écologique (Adème) et de l’Agence nationale de la recherche (ANR).
Comment le pôle a-t-il géré le début de la crise aéronautique en lien avec la pandémie ?
Il y a eu un gros travail des équipes du pôle pour la mise en place des mesures sanitaires et des aides gouvernementales spécifiques. Dès avril, nous avons rédigé deux notes blanches aux élus qui ont été relayées. Elles concernaient l’investissement dans l’innovation pour l’avion décarboné et l’amélioration des performances industrielles des entreprises.
Dans ce contexte défavorable, le pôle a bien tiré son épingle du jeu car vingt-deux nouveaux projets ont été financés entre avril 2019 et mars 2020 pour un montant cumulé d’aides publiques de plus de 38 millions d’euros.
Comment envisagez-vous les trois prochaines années de votre présidence ?
Elles vont être celles de la stabilisation et de la sortie de crise. Enfin, on l’espère. Car il y aura des opportunités puisque le Conseil pour la recherche aéronautique civile (Corac) et le Plan régional Ader IV ont mis sur la table des financements. Le but du jeu sera de s’assurer que les projets vont bien être délivrés car il y a des enjeux technologiques assez énormes sur l’avion décarboné.
Au niveau européen, deux axes du programme « Green Deal » nous concernent, celui sur les aéroports et l’autre sur les feux de forêt.
Nous allons aussi effectuer un gros travail avec les entreprises pour qu’elles effectuent leur diversification, notamment en lien avec la souveraineté nationale : la défense, la santé, l’énergie. Il faut trouver des locomotives dans chaque secteur.
Le début de ce nouveau mandat est marqué par la validation du traité de fusion-absorption de l’Institut aéronautique et spatial (IAS). Pouvez-vous nous expliquer cette décision ?
L’objectif de l’IAS est d’accompagner les contrats à l’export des entreprises de la filière. Du point de vue d’Aerospace Valley, il existe une cohérence dans la mesure où le pôle dispose d’une aide à l’export. Les huit permanents seront intégrés au pôle et poursuivront leur activité. Les locaux, en face du B52, dans le quartier Aerospace Toulouse, ont été vendus au promoteur Premium promotion le 29 octobre. La fusion définitive doit être approuvée par les membres de l’IAS le 19 novembre lors d’un conseil d’administration extraordinaire.
Propos recueillis par Audrey Sommazi
Sur la photo : Yann Barbaux a été élu en juin dernier pour un second mandat à la tête du pôle de compétitivité Aerospace Valley. La structure compte 825 membres dont 562 PME. Crédits : David Bécus – Aerospace Valley.