Acteur majeur en infogérance en cloud privé et sur la gestion de contenu d’entreprise, le Toulousain Partitio a su se faire une place aux côtés des plus grands en anticipant depuis 2003 les problématiques du lendemain. Après une période de crise sanitaire qui a apporté son lot de bouleversements, Alain Ayala, dirigeant de Partitio, revient sur le développement de la société, ses actualités, et évoque les tendances et les enjeux du marché pour les années à venir.
À l’origine spécialisée dans l’assistance technique, la société toulousaine Partitio s’est depuis 2003 fait remarquer grâce à son expertise dans deux grands domaines transverses dans l’architecture des systèmes d’information de l’entreprise en général : l’infogérance en cloud privé et l’intégration de plateformes ECM (Enterprise Content Management). Le premier domaine consiste à absorber les infrastructures d’hébergements d’entreprises, principalement avec des ETI, mais aussi des grands comptes, et de l’intégrer dans un cloud, privé et sécurisé à travers un cloud souverain européen qui est celui de OVHcloud. En ce qui concerne le second domaine, il s’agit d’intégrer des plateformes qui permettent d’interagir entre toutes les bribes d’un système d’information et visent à gérer l’ensemble des contenus d’une organisation. Un domaine qu’Alain Ayala confie avoir anticipé dès le début des années 2000. « Aujourd’hui parler de digitalisation des processus paraît une évidence, mais ce n’était pas le cas en 2003. Je me suis dit à cette époque que faire des processus papier, c’était ridicule. Il fallait un système d’information qui permet d’interfacer et de connecter l’ensemble des briques des différents applicatifs pour créer ces processus. Au moment où j’ai cette intuition, nous avons rencontré Hyland Software (le développeur de la suite logicielle de gestion de contenu et de gestion des processus d’entreprise OnBase autour de laquelle Partitio s’est créé une solide expertise, ndlr). Je me suis dit autant partir avec eux, parce que je le sentais bien », se souvient Alain Ayala. « Aujourd’hui, nous sommes considérés par l’éditeur Hyland Software comme les meilleurs en Europe. C’était notre rêve d’être reconnu mondialement pour notre expertise autour d’Onbase. Maintenant c’est fait ! », ajoute-t-il.
Un prêt BPI d’un million d’euros pour la formation interne
Malgré tous les avantages que représente Onbase et ses applications, utilisées dans la santé, les institutions financières, les assurances, le gouvernement, l’enseignement supérieur et l’industrie, la suite logicielle souffre d’un manque de formation à laquelle Partitio a dû répondre en interne. « Notre souci aujourd’hui, c’est que personne n’est formé sur Onbase. Nous sommes obligés de former nos ingénieurs sur ces technologies, ce qui prend du temps, de l’argent, demande de recruter des commerciaux, etc. Nous avons fait un prêt BPI d’un million d’euros il y a trois ans pour nous aider dans ce développement. Vu qu’il s’agit de ressources humaines, cela a eu un impact sur nos chiffres. Nous avons fait des pertes pendant deux ans qui sont liées aux dépenses humaines pour générer cette croissance », confie Alain Ayala. Un développement qui semble avoir porté ses fruits, puisque Partitio serait revenu l’année dernière à l’équilibre, et entame cette année sur une croissance positive qu’elle espère voir augmenter à 20 %, ce qui représentait la croissance annuelle moyenne de la société il y a quatre ans. « Aujourd’hui, la problématique est comment financer notre croissance, qui nous coûte très cher et empiète sur notre rentabilité. Ce n’est pas une question de chiffre d’affaires, mais plutôt de se demander comment garder notre qualité de service tout en grandissant. L’enjeu de ces trois prochaines années pour les entreprises sera humain », précise-t-il.
L’humain au cœur de la culture d’entreprise
C’est avec cette même idée de considérer l’humain comme valeur capitale qu’Alain Ayala raconte avoir beaucoup travaillé sur la culture d’entreprise chez Partitio. « Nous avons revisité notre mission, notre métier, nos valeurs. Nous nous sommes demandé comment notre identité s’incarnait dans nos équipes, et comment ces dernières créaient leurs propres identités en dehors de ce cadre. Par ailleurs, nous avons été une des premières entreprises en France à signer un accord sur l’activité partielle de longue durée. Aussi, et dès le mois de septembre 2020, nous avons autorisé, y compris pendant les jours de confinement, deux jours en présentiel au bureau. Ce sont les tendances qui se dessinent actuellement, mais nous ça fait déjà 6 mois que nous nous sommes dit que nous ne pouvions plus laisser les gens chez eux. C’était une question de gestion des risques psycho-sociaux. Nous avions commencé à voir des signes, et nous avons bien anticipé », se réjouit Alain Ayala.
Une prise de conscience de la valeur des données
Interrogé à propos des tendances à venir, Alain Ayala répond : « Je n’ai pas de boule de cristal, mais j’ai mon ressenti, j’essaye de comprendre et d’observer ce qu’il se passe. On s’est rendu compte avec le covid de plusieurs choses. Tout d’abord, nous avons constaté que pour ce qui était des projets de digitalisation interne en entreprise, ils ont été ralentis ou retardés, mais n’ont pas été stoppés ni même remis en question. Nous nous sommes aussi rendu compte que chez nos clients, il y a eu une accélération de certains projets. Nous nous rendons compte aussi que le sujet de la localisation des collaborateurs, partis ailleurs en France, à l’étranger ou sur différents sites, avait ravivé les sujets de digitalisation des processus et en même temps la sécurisation de ces flux, des transactions financières et des données. En fait, ce dont les entreprises prennent conscience, c’est que ce qui fait leur valeur, ce sont leurs données, et si on les leur enlève, elles ne valent plus grand-chose. C’est partout pareil. Pour un hôpital, il aura beau être le plus bel hôpital et avoir les meilleurs chirurgiens, si tu lui enlèves son système d’information, sa valeur sur le marché est de zéro ». Une prise de conscience nécessaire donc pour le dirigeant de Partitio pour qui l’avenir de beaucoup d’entreprises se dessine dès à présent à travers leur connaissance de leur système d’information. « Je pense que les entreprises qui vont perdurer, seront celles qui seront souveraines de leur système d’information et de ses processus, c’est-à-dire connaître l’infrastructure, qui correspond au contenant (soit les serveurs, les routeurs, les antivirus les systèmes d’analyse…) et à l’humain, notamment à travers la sensibilisation des collaborateurs, mais aussi tout ce qui va être sensible en transactions, en volumes, en sécurisation des données et au suivi de l’information », précise-t-il.
« Aujourd’hui, il y a beau avoir de grandes entreprises positionnées sur l’ECM, l’acteur majeur sur OnBase en France, c’est Partitio » se félicite Alain Ayala, qui devrait voir sa société devenir cette année le premier acteur français à obtenir la certification HDS (Hébergeur de données de Santé, ndlr) sur OVHcloud. Par ailleurs, Partitio, qui compte parmi ses clients les groupes Bolloré, MacoPharma, SNCF ou encore le groupe Séché, confie avoir gagné un récent appel d’offres avec un grand acteur de l’assurance dont le nom sera communiqué prochainement.
Sur la photo: Alain Ayala, dirégeant de Partitio (Crédits DR).