Les réformes fiscales inscrites au titre de la loi de finances pour 2018, vont-elles influencer le financement des startups ? Entretien avec Patrice Cazalas, Délégué Général du club de business angels Capitole Angels.
Le gouvernement a dévoilé fin septembre les grandes lignes de son projet de loi de finances pour 2018. Selon vous, quel sera l’impact de ce nouveau contexte fiscal pour les startups ?
Patrice Cazalas : « L’enjeu est stratégique, car la suppression annoncée de l’ISF (ndlr : impôt sur la fortune) change les règles en matière d’imposition des revenus du capital. Jusqu’à présent en l’occurrence, la défiscalisation de l’ISF permettait au contribuable qui en était redevable de déduire de son impôt 50% de la somme investie dans une startup. La question que l’on peut donc légitimement se poser est la suivante : les business angels qui investissaient pour défiscaliser vont-ils continuer à le faire ? Il est probable que non. Ceci étant, je pense sincèrement que la défiscalisation n’est pas la motivation première de la plupart des business angels, qui sont animés par le désir de participer au développement de l’économie, de transmettre leur expertise, de partager leur réseau… Pour ces derniers, défiscaliser c’est juste la cerise sur le gâteau et ces investisseurs là continueront certainement de financer le développement des startups.
Par ailleurs, nous savons aujourd’hui par des sources bien informées au sein de la Commission des finances que de nouvelles possibilités incitatives pour les particuliers soumis à l’IR (ndlr : impôt sur le revenu) sont envisagées, notamment dans le cadre du dispositif Madelin, dont le seuil d’abattement (de 18 % aujourd’hui) pourrait être porté à 30 %, et dont le plafond d’investissement pourrait être relevé de 10 000 € à 18 000 € (soit le taux du plafond SOFICA). Nous avons donc des raisons d’être optimistes.»
Pensez-vous qu’il y aura demain d’avantage de business angels ?
Patrice Cazalas : « Certainement, car l’avatar du business angel va évoluer : ce ne sera plus un contribuable redevable de l’lSF, mais quelqu’un qui paie son impôt sur le revenu. Cela signifie que nous devons continuer à nous structurer, comme nous l’avons fait avec la création d’Occitanie Angels, en partenariat avec Melies Business Angels, afin de développer notre potentiel d’investissement. Parallèlement, nous travaillons sur plusieurs pistes pour mieux accompagner ces nouveaux investisseurs. Par exemple, pourquoi ne pas imaginer de créer notre propre plateforme de crowdfunding ».
La soirée des « Lauréats de Capitole Angels » se déroulera le 30 novembre prochain à Toulouse. Quelles sont les tendances de la sélection 2017 ?
Patrice Cazalas : « Je voudrais d’abord préciser que cette soirée est avant tout l’occasion de prolonger l’accompagnement de nos startups. La sélection 2017 est riche de beaux projets. Par rapport aux deux années précédentes, où nous avions beaucoup de projets numériques, nous constatons un regain pour les projets technologiques, en particulier dans le domaine des biotech ou de l’industrie. »
Propos recueillis par Chantal Delsouc, MID e-news