Directeur de la Clinique Pasteur et responsable « numérique et santé » auprès de la ministre Agnès Buzyn, Dominique Pon interviendra à Toulouse le 1er octobre lors de la Mêlée Numérique. Interview.
Dominique Pon a de nombreuses casquettes : Directeur Général de la Clinique Pasteur à Toulouse depuis bientôt 9 ans, membre du directoire de la Clinique Medipole Garonne, administrateur du Comité pour le Développement Durable en Santé, fondateur et gérant de l’association Eternesia (gestion des traces numériques), ou encore ancien Président du réseau SantéCité (120 cliniques). Par ailleurs, il est en charge du dossier « santé et numérique », auprès de la ministre de la Santé Agnès Buzyn, dans le cadre du projet « Ma Santé 2022 » (voir notre dernier article sur le sujet). Il interviendra à Toulouse le 1er octobre prochain, dans le cadre de la Mêlée Numérique (le « Festival de l’Homo Numericus » aura lieu du 30 septembre au 7 octobre). En amont de cette intervention, voici un entretien avec Dominique Pon.
- Vous êtes responsable du sujet du numérique dans la santé depuis près d’un an : quel est votre constat sur la montée en puissance du numérique dans le secteur ?
Dominique Pon : Mon principal constat est que les initiatives sont très nombreuses, partout en France. On peut vraiment parler d’un foisonnement. Le problème, c’est l’absence d’une « vision globale », car les initiatives ne sont pas coordonnées, les logiciels sont souvent anciens et ne communiquent pas entre eux. Ce constat est présenté dans le document édité lors de la conférence de presse de la ministre Agnès Buzyn, le 25 avril dernier*. Cette feuille de route précisée sera présentée dans le cadre de notre tour de France des agences régionales de santé et des métropoles régionales. La même semaine que mon intervention à la Mêlée Numérique, je serai donc également présent à Montpellier et à Toulouse pour la présenter.
– Selon vous, qui peut porter cette « vision globale » ?
Dominique Pon : Seul l’Etat peut être légitime pour jouer ce rôle, ce qui ne signifie pas que l’Etat va développer lui-même les applications. Faisons un parallèle avec la construction. L’Etat défini les grandes règles de l’urbanisme. Les collectivités et les différentes entités concernées s’y réfèrent pour définir leur plan local et accorder ou refuser un permis de construire, comme le font ensuite les professionnels du BTP. En résumé, l’Etat pose les grands principes, mais ne construit pas lui-même des maisons. Le processus pourrait être le même pour le numérique et la santé.
– En l’occurrence, sur quels points devrait-on mettre tout particulièrement l’accent en France ?
Dominique Pon : Dans le domaine où nous avons le plus de retard, ce qui est logique. Concrètement, il s’agit de l’accès aux données de santé et de la montée en puissance d’un identifiant de santé national. La principale ligne directrice pour cela, c’est de mettre le citoyen au centre et de lui permettre d’accéder à ses données de santé. D’autres pays le font et, en la matière, l’exemple du Pays Basque espagnol me semble une bonne source d’inspiration. Cela étant dit, la France ne fait pas rien : la création d’un espace numérique de santé personnel a été actée cet été 2019.
– Dans ce contexte, la mise en place de la RGPD est-elle un frein au développement du numérique dans la santé et la France a-t-elle toutes les compétences technologiques nécessaires ?
Dominique Pon : La RGPD est une avancée. Comme je le disais, elle précise un cadre commun, ce qui guide les usages de ce que chacun produit. En ce qui concerne la France, sa dépendance à des technologies produites à l’étranger, dans le domaine de la santé, est quasiment nulle. On pourrait parler de 99,99% des besoins satisfaits par des solutions produites en France pour le secteur de la santé. Nous avons tout ce qu’il faut ici. Ce qui manque, c’est un « plan de la ville » ou, plus précisément, cette « vision globale » de la place du numérique dans la santé.
Propos recueillis par Pascal Boiron, MID e-news