L’adjectif « utile » est très en vue ces derniers temps. Bien sûr, il doit l’essentiel de son succès du moment à l’engouement pour l’expression « voter utile ».
En l’occurrence, nous faisons toutes et tous de nombreuses choses inutiles dans notre vie, du moins du point de vue de ceux qui délimitent la frontière entre ce qui est utile et ce qui ne l’est pas.
En l’occurrence, on constate que cette frontière a beaucoup changé au fil des décennies. Il y a quelques années encore, le numérique et tous les objets (les terminaux, ou « devices », pour être plus précis) qui nous sont aujourd’hui indispensables (comme les smartphones ou les ordinateurs) auraient semblé bien inutiles. Pourtant, nombre d’êtres humains (et pas seulement les « milleniums*») ne pourraient pas se passer du numérique plus longtemps que quelques jours.
Et si l’on recule davantage dans le temps, on constate que ce qui semblait utile hier ne l’est plus du tout aujourd’hui. En cette période de vote plus qu’à d’autres moments, on peut méditer sur le point de vue du poète Charles Baudelaire. Dans la décennie 1870, il écrivait qu’il n’existe que trois êtres respectables : « le prêtre, le guerrier, le poète ». Et il continuait : « Les autres hommes sont taillables ou corvéables, faits pour l’écurie, c’est-à-dire pour exercer ce qu’on appelle des professions. ». Cela tombait bien : il était poète.
Aujourd’hui, on pourrait affirmer avec le même aplomb que les trois seuls êtres respectables (et utiles) sont, au hasard : le développeur, le data scientist et le designer UX.
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