Avec ses 25 nanosatellites désormais en orbite, Kinéis achève un pari ambitieux lancé depuis Toulouse. Ce 18 mars 2025, un dernier lancement en Nouvelle-Zélande scelle la première constellation européenne dédiée à l’IoT spatial, prête à connecter les coins oubliés de la planète. Une victoire française, discrète mais bien orbitée.
Sous un ciel criblé d’étoiles, une fusée a discrètement creusé sa trajectoire depuis Mahia, en Nouvelle-Zélande, le 18 mars 2025, à 2h31 précises. Ce n’était pas un coup d’éclat hollywoodien, mais le point final d’une partition minutieusement orchestrée par Kinéis, une entreprise toulousaine qui vient de poser ses 25 nanosatellites en orbite basse. La constellation est complète, et la France, mine de rien, s’offre une place au soleil dans l’arène de l’IoT spatial.
Le tableau se dessine avec une précision d’horloger : cinq lancements en moins d’un an, le dernier baptisé “High Five” par Rocket Lab, ont hissé ces 25 cubes de 28 kg à 650 km d’altitude. Là-haut, propulsés par des panneaux solaires, ils filent à 40 000 km par orbite, prêts à capter des signaux là où les réseaux terrestres jettent l’éponge – soit 85 % de la planète, un désert numérique que Kinéis entend coloniser. “Désormais, un nouveau chapitre s’ouvre : positionner cette innovation de pointe sur son marché”, s’enthousiasme Christophe Vassal, président du conseil de surveillance, porté par un financement 100 % tricolore, mêlant Bpifrance, CNES et une cohorte d’industriels comme Thalès. Michel Sarthou, CTO, y voit une “prouesse” née d’une feuille blanche en 2019, fruit de 60 collaborateurs et 200 experts en Occitanie.
L’enjeu ? Relier l’invisible. Dès le 1er juin 2025, Kinéis promet des données en quasi-temps réel pour traquer feux de forêt, inondations ou cargos perdus en mer. Un marché mondial s’ouvre, des États-Unis au Brésil, avec déjà des partenariats en poche et un objectif de 100 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici huit ans. La technique suit : 20 stations-sol disséminées sur le globe assurent la fluidité du ballet orbital. Une ambition qui, pour une fois, ne regarde pas les géants d’outre-Atlantique avec des yeux de Chimène.
Reste une question, flottant comme ces satellites dans l’éther : cette constellation suffira-t-elle à imposer une voix française dans un ciel où les étoiles parlent souvent anglais ? L’avenir, à 650 km d’ici, a déjà commencé à répondre.