Que ce soit dans l’industrie, la santé ou le commerce, les usages de la réalité virtuelles se développent très rapidement. Le fait que les technologies deviennent de plus en plus abordables pour les professionnels accélère le mouvement.
Cette année, 240 exposants – contre 170 l’an passé – se sont donnés rendez-vous à la Mecque française de la réalité virtuelle, le Laval Virtual. Cette année, le salon s’est étalé sur près de 6 200 m² et s’attend à recevoir pas moins de 20 000 visiteurs du 22 au 26 mars. Et si l’engouement pour la réalité virtuelle s’étend, c’est que les usages, tant BtoC que BtoB suivent. A la tête de ces derniers, nous retrouvons notamment les industriels mais aussi les acteurs de la santé. Pour les premiers, la réalité virtuelle, ou augmentée, a trouvé une place de choix sur les chaines de montages et dans le domaine de la maintenance.
Thales s’est d’ailleurs largement penché sur le sujet. « Nos techniciens en charge de la maintenance des outils pour le trafic ferroviaire sont maintenant équipés d’Hololens de Microsoft. Ils sont en permanence assistés par un expert à distance qui peut les guider dans les manipulation en leur disant quoi faire ou en leur montrant directement sur quel élément interagir », explique Olivier Decalf, responsable numérique et innovation de Thales. Il en va de même pour les techniciens de la firme en charge du montage des satellites en salle blanche. « Ce sont des environnements hermétiques ultra sécurisés. Avant, les personnes chargées du montage devait parfois faire des aller-retours pour récupérer certaines informations ou gérer la mise en place de certaines pièces. Avec les Hololens ou des tablettes équipés de solutions de réalité augmenté, nous avons gagné 50% de temps sur les phases de montage », explique le dirigeant.
Des solutions encore moins chères à venir
Quant à ses clients, Olivier Decalf assure que beaucoup sont intéressés et font des tests. « L’engouement pour ces technologie est réel mais elle reste pour l’instant cantonné à de très grandes entreprises. Avec des Hololens commercialisées aux alentours des 4 000 euros, la solutions reste un peu exclusive pour des PMI. Mais d’autres solutions plus abordables devraient arriver », espère le dirigeant. Avec ses lunettes intelligentes BT 350 lancées il y a quelques semaines, Epson propose par exemple une sérieuse alternative à 1260 €. Elle n’embarque toutefois pas toutes les fonctionnalités des Hololens, notamment la détection de mouvement.
Du côté de Dassault Systemes, la VR a depuis longtemps fait son trou pour la visualisation des projets 3D. « C’est maintenant beaucoup plus simple et beaucoup moins onéreux avec le casque de HTC avec qui nous avons un partenariat. Nous n’avons plus besoin d’utiliser des cave VR qui coutait parfois plusieurs centaines de milliers d’euros », explique David Nahon, directeur du laboratoire Immersion Virtuality de l’éditeur.
Pour la collaboration, ces solutions deviennent de plus en plus pratiques. L’éditeur Middle VR en a fait sa spécialité. La société fondée en 2012 permet à des équipes techniques distantes équipées de casque VR d’intervenir et d’échanger directement autour de modélisation 3D. Ses solutions sont notamment utilisées par la Nasa, GE ou encore DCNS. L’aspect démonstration de la VR rencontre d’ailleurs de plus en plus de succès. Des chaines de magasins comme Castorama s’appuie sur des solutions Dassault Systemes pour permettre à leurs clients de « tester les meubles ». « Ils n’ont qu’a prendre une photo 360° de leur logement et l’amener au magasin pour visualiser quel rendu aurait tel meuble à tel endroit », explique David Nahon. Les agences et les promoteurs immobiliers font de même pour faire visiter les appartements, construits ou non avec l’application Homebyme disponible en ligne.
La formation dopée à la VR
Sur la formation aussi, la VR se fait une place au soleil, notamment dans le monde médical. La start-up Simforhealth, distinguée d’un prix de l’innovation médicale au CES, a par exemple déployé ses solutions auprès des CHU de Nice, Angers et Bordeaux. Elles permettent de simuler des interventions et des cas en situation réelle à l’aide de casque HTC Vive et des capteurs de mouvement associés. « Aujourd’hui, 22 000 professionnels de santé se sont formés sur nos solutions », se targue Ronan Le Quéré, directeur général de Simforhealth.
Dans le monde médical,la VR ne s’applique pas uniquement à la formation. Il peut devenir un véritable médicament. « Pour les troubles de l’anxiété comme les phobies, nous avons des taux de rémission de 80% grâce à la réalité virtuelle », témoigne Eric Malbos docteur et chercheur en psychiatrie à l’Assistance Publique Hopitaux de Marseille. Depuis 15 ans, il développe et test lui même ses propres solutions adaptées à différentes pathologie psychiatriques. « Ce n’est pas nouveau d’utiliser de la VR pour soigner des patients. Mais aujourd’hui les solutions sont beaucoup plus abordables. Alors qu’auparavant il fallait débourser des dizaines de milliers d’euros, aujourd’hui, un médecin peut s’en sortir avec un investissement de 2000 euros », explique le docteur. La start-up Virtualis, fondée par un kinésithérapeute, commercialise elle aussi ses solutions pour aider à soigner les phobies ou pour faire de la rééducation. Elles sont aujourd’hui utilisées par plus de 120 médecins en France.
Ce que nous apprend le Laval Virtual c’est que si les usages de la VR étaient donc, pour certains, déjà connus depuis plusieurs années, le fait que la technologie devienne de plus en plus abordable dope leur adoption.
Par Oscar Barthe