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La biotech toulousaine Abionyx Pharma est lauréate de l’appel à projets « i-Démo » du programme France 2030 lancé par l’État. Elle obtient ainsi 8,7 millions d’euros pour accroître la production d’une protéine active contre le sepsis, troisième cause de mortalité dans le monde. Elle espère une mise sur le marché en 2030.
« C’est une validation majeure de notre expertise médicale et industrielle. Et cela peut nous aider à attirer des investisseurs », reconnaît Cyrille Tupin, directeur général d’Abionyx Pharma. Lauréate de l’appel à projets « i-Démo » lancé par l’État dans le cadre du programme France 2030, la biotech toulousaine vient en effet de recevoir 8,7 millions d’euros de Bpifrance, au terme de six mois d’instruction de son projet. De quoi développer son biomédicament CER-001 contre le sepsis [1], une nouvelle cible thérapeutique pour la société, ex-Cerenis Therapeutics, qui a d’abord travaillé sur les maladies cardio-vasculaires avant de s’intéresser aux maladies rénales. Un repositionnement très fréquent dans l’univers de la recherche médicale.
« Un biomédicament est une copie naturelle d’une protéine du corps, comme l’insuline dans le cas du diabète. À l’époque, nous travaillions sur le bon cholestérol (HDL), qui contient la seule protéine qui élimine les lipides du corps », rappelle ainsi le directeur général. La société avait alors initié un partenariat avec le CHU de Toulouse autour de la maladie de Norum, sur laquelle elle travaille toujours, tout en poursuivant ses recherches. Des recherches qui ont permis de constater que cette protéine – l’apolipoprotéine apoA-1 – qu’Abionix Pharma est la seule société au monde à savoir synthétiser et produire sous une forme pure, pouvait être efficace pour lutter contre la septicémie. « Le sepsis est aujourd’hui la troisième cause de mortalité au monde [2], et cela risque de s’accentuer en raison du réchauffement climatique, favorable au développement des bactéries, et de l’antiobiorésistance. Or, dans les cas de septicémie, liés à une augmentation des lipides toxiques, on constate un effondrement de cette protéine », éclaire Cyrille Tupin.
Une mise sur le marché espérée en 2030
Grâce à ces 8,7 millions d’euros [3], Abionyx va donc pouvoir, après le succès d’un essai clinique sur une vingtaine de patients, poursuivre les étapes cliniques dans l’indication du sepsis et accroître la production de sa biomolécule d’HDL (apoA-1 pure), relocalisée en France en 2019. « L’assemblage final se fait à Toulouse, avec GTP Bioways« , précise le dirigeant de la biotech, forte de nombreux brevets sur ce domaine jusqu’en 2042. »L’idée est aussi de nouer un partenariat pour travailler sur ce sujet qui touche une grosse population et pouvoir adresser un maximum de monde », avec un objectif de mise sur le marché d’un biomédicament en 2030.
En parallèle de cet aspect biotech, Abionyx Pharma possède aussi, depuis l’acquisition d’Iris Pharma en 2021, une activité de travail à façon dans le domaine de l’ophtalmologie. Une activité à l’origine de la majeure partie des 4,6 millions d’euros de chiffre d’affaires enregistrés en 2024. Mais, pour rester à la pointe dans son domaine, la société toulousaine continue de miser sur la recherche et développement, dans laquelle elle a investi 1,9 million d’euros l’an dernier. « Depuis quatre ans, nous n’avons connu que des succès », se félicite Cyrille Tupin, conscient cependant de toutes les étapes qu’il reste à franchir.
Paul Périé
Sur la photo : Cyrille Tupin est le directeur général de la biotech Abionyx Pharma. Crédits : Rémy Gabalda – ToulÉco.
Notes
[1] Ou septicémie ou choc septique
[2] Il touche plus de 49 millions de personnes chaque année, causant près de 11 millions de décès, soit environ 1 décès sur 5 dans le monde
[3] 2,3 millions d’euros en subventions et 6,4 millions d’euros en avances remboursables