À Toulouse, une jeune entreprise issue du CNRS et de l’ENAC ambitionne de bouleverser le diagnostic de l’épilepsie. Grâce à l’intelligence artificielle, Avrio MedTech entend accélérer l’identification des foyers épileptogènes, ces zones cérébrales responsables des crises.
L’épilepsie, aussi ancienne que méconnue, conserve encore bien des mystères. Bien que près d’un million de Français soient touchés par cette maladie, son diagnostic reste une véritable gageure, nécessitant des examens longs et parfois invasifs. C’est précisément cette complexité que l’équipe de la start-up toulousaine Avrio MedTech, portée par le CNRS et l’École nationale de l’aviation civile (ENAC), souhaite résoudre. Son outil, baptisé Halyzia, propose d’allier les données des électroencéphalogrammes intracrâniens à la puissance de l’intelligence artificielle pour identifier plus rapidement et plus précisément les foyers épileptogènes, ces zones à l’origine des crises.
Ludovic Gardy, co-fondateur d’Avrio MedTech et ingénieur au Centre de recherche cerveau et cognition (CerCo), souligne que la tâche n’est pas simple : « L’analyse manuelle de ces données peut prendre jusqu’à un an. » Un délai que Halyzia pourrait réduire drastiquement, en identifiant des signaux spécifiques comme les « fast ripples », oscillations cérébrales révélatrices d’une activité épileptique. Si ces biomarqueurs semblent particulièrement prometteurs, l’équipe de Gardy reste mesurée. « Nous devons encore déterminer si ce seul indicateur est suffisant », précise-t-il, conscient que l’approbation de la communauté scientifique est cruciale avant toute mise en application clinique.
Soutenue par le programme RISE du CNRS depuis 2023, la start-up ne cache pas ses ambitions. L’objectif est clair : intégrer cet outil innovant dans le parcours de soin hospitalier, en temps réel. Toutefois, plusieurs étapes restent à franchir, notamment en termes de validation scientifique et de mise en conformité avec les infrastructures hospitalières.
Et au-delà de l’épilepsie, pourrait-on imaginer Halyzia se tourner vers d’autres pathologies neurologiques ? Ludovic Gardy ne l’exclut pas, tout en précisant que la priorité actuelle reste l’épilepsie. Mais dans un secteur en pleine effervescence, où l’intelligence artificielle promet de bouleverser la médecine, les possibilités semblent infinies.
De gauche à droite : Christophe Hurter, chercheur à l’ENAC et Technical Lead d’Avrio MedTech ; Karine Seymour, future CEO d’Avrio MedTech ; Emmanuel Barbeau, directeur de recherche CNRS au CerCo et Clinical Lead d’AvrioMedTech ; Ludovic Gardy, ingénieur de recherche CNRS au CerCo et futur Lead Data Scientist d’Avrio MedTech (© Avrio MedTech).