Alors qu’elle fête ses 7 ans cette année, la jeune entreprise toulousaine Ludilabel, spécialisée dans les étiquettes nominatives, emploie désormais plus de 20 personnes et a implanté un deuxième site de production en Italie.
- Comment est né le concept de Ludilabel, sachant que le marché des étiquettes nominatives ne semble pas à priori le plus « moderne » ?
Sandrine Jullien-Rouquié : J’ai longtemps travaillé dans le milieu du cinéma, notamment avec Claude Chabrol ou Laurent Tirard (ndlr : Le Petit Nicolas). C’était un travail passionnant mais très chronophage. Lorsque j’ai eu mon premier enfant et que la crèche m’a demandé de coudre des étiquettes sur tous les vêterments, je me suis d’abord affolée en constatant qu’il était très difficile de le faire, sauf à y passer beaucoup de temps. J’ai donc créé Ludilabel en 2011, avec l’intention de « dépoussiérer » le marché des étiquettes nominatives, qui concerne pourtant plusieurs millions de personnes en France, dont 730 000 enfants en crèche, 450 seniors en maison de retraite, sans oublier les colonies de vacances, les internats…
- Le fait d’être situé à Toulouse a-t-il été un handicap ?
Sandrine Jullien-Rouquié : Non, au contraire. D’une part, nous n’aurions pas pu avoir un emplacement aussi central à Paris (ndlr : Ludilabel est implantée rue de la Colombette, dans le centre de Toulouse). D’autre part, nous avons tout misé sur le e-commerce et on peut en faire de n’importe où, à la condition de ne pas être trop éloigné d’un centre de tri postal. Par ailleurs, nous avons la chance de travailler avec de petits colis, de 100 à 500 grammes, ce qui nous permet de traiter un grand volume de commandes et de garantir des délais de livraison très courts. Nous en sommes désormais à plus de 100 000 colis par an et nous livrons gratuitement, à J+1 en France et désormais en Italie, où nous sommes implantés, à Milan. Aujourd’hui, pour chaque commande passée avant 14 heures, la fabrication et l’envoi sont immédiats, ce qui signifie que le client reçoit ses étiquettes dès le lendemain !
- Quelles sont les innovations de Ludilabel qui ont fait la différence ?
Sandrine Jullien-Rouquié : J’en vois au moins trois. La première, c’est d’avoir travaillé dès le départ avec des entreprises comme Disney ou Marvel et de prêter une attention très forte au graphisme. Ludilabel compte trois graphistes et seulement quatre personnes à la production. En l’occurrence, la seconde innovation forte est d’avoir automatisé le plus possible tout le processus de fabrication et de ne jamais avoir de stocks. La troisième, c’est d’être allés au-delà de l’étiquette thermocollante et de concevoir des étiquettes collantes et résistantes. Dans les faits, l’innovation, c’est la colle, qui nous permet de garantir nos étiquettes 10 ans. Enfin, il y a le délai de livraison, qui devient un argument très fort dans le e-commerce.
- Allez-vous continuer à vous internationaliser ?
Sandrine Jullien-Rouquié : Nous avons rapidement développé des sites en anglais et en Espagnol. En 2016, nous nous somme installés en Italie, ce qui impliquait pour nous de créer un site de production sur place, à Milan, d’utiliser des matériaux locaux autant que possible et de concevoir un site en italien. Nous avons désormais une couverture internationale conséquente et notre priorité est plutôt de nous développer là où nous sommes déjà présents que d’investir de nouveaux territoires, comme l’Asie par exemple.
- Vous avez obtenu le Pass French Tech en 2016 : à quoi vous a-t-il servi ?
Sandrine Jullien-Rouquié : Il nous a justement permis d’avoir une plus grande visibilité, que ce soit au niveau régional, national ou international. Nos principaux interlocuteurs locaux, Philippe Coste et Virgile Brohart, nous ont conseillé et mis en contact avec des organismes incontournables, comme BPIFrance ou Business France. De plus, il nous aide dans une phase délicate. Nous avons doublé notre chiffre d’affaires tous les ans depuis la création et nous avons été rentable dès la deuxième année. Nous employons 20 permanent et jusqu’à 50 personnes durant l’été, trimestre qui représente environ 60% de notre chiffre d’affaires. Pour le dernier exercice, clôt en juin 2017, nous avons réalisé un chiffre d’affaire de 2n3 millions d’euros. Nous allons continuer à grandir, notamment grâce aux apports du Pass French Tech, mais nous n’allons pas continuer à doubler notre niveau d’activité tous les ans. Par contre, nous ne cesserons pas d’innover !
Propos recueillis par Pascal Boiron, MID e-news