Pour Olivier Le Lann, créateur d’Eva qui vient de s’installer à Francazal, les taxis volants, ce n’est pas de la science-fiction. Ce sera réalité dès 2019. Et Eva compte bien s’imposer sur le marché asiatique en demande.
« Le VTOL*, ou aéronefs à décollage et atterrissage verticaux, est une nouvelle industrie en plein démarrage, comparable aux débuts de l’automobile au XXe siècle. Ce boom est lié aux progrès fulgurants dans la technologie des batteries, plus légères et plus autonomes », analyse Olivier Le Lann, PDG d’Eva, Electric visionary aircrafts.
Et son entreprise de taxis aériens autonomes pour les villes, créée en juin 2017, compte bien prendre toute sa part de ce marché. Après une analyse comparative d’attractivité entre Singapour, Seattle, Tokyo, la Californie et Toulouse, c’est à Francazal qu’Eva a décidé de s’installer. « Toulouse ressortait loin devant ses concurrents, grâce à son réseau de fournisseurs aéronautiques, d’ingénieurs de haut niveau et d’institutionnels », souligne Olivier le Lann.
Un management international
Ancien DRH Asie de Tesla, pour lequel il a lancé l’activité en Corée, il s’est entouré de trois associés aux profils complémentaires pour son projet : un Italien, Gianmarco Scalabrin, à la technique, un Japonais, Mitsuru Honda, aux finances et enfin un Indien, Ramees Muhammad, pour le design. « Gianmarco travaillait pour Amazon à Cork, c’est un génie de l’aéronautique. Mitsuru, lui, exerçait dans une banque d’investissements au Japon et en Californie. Quant à Ramees, il était basé au Qatar pour une société de design », explique le dirigeant qui réunira l’équipe au complet dès janvier 2018 dans les bureaux de Francazal.
« Les hangars attenant devraient servir de halls de fabrication pour nos aeronefs. Nous prévoyons une vingtaine de personnes dès 2018 et cinquante salariés en 2019 », complète olivier le Lann, qui se dit très intéressé par les profils d’ingénieurs dédiés au projet d’avion électrique e-Fan d’Airbus, depuis abandonné par le constructeur.
Atterrissage et décollage dans la rue
Côté technique, l’aéronef d’Eva de 4 x 2 mètres sera équipé de seize rotors carénés et guidé selon un système global inspiré de Tesla à base de lidars, radars et caméras. L’autonomie de vol, à 300 km/h maximum et à une altitude de 300 mètres, sera de trois heures. Près de huit brevets sont d’ores et déjà en cours de dépôt. L’atterrissage et le décollage verticaux pourront s’effectuer dans les rues. « Notre modèle de taxi aérien autonome pour un ou deux passagers s’adressera en premier lieu aux villes asiatiques très encombrées, au Japon, Corée, Qatar ou Émirats Arabes Unis. La législation y est très favorable. Dubaï, par exemple, prévoit déjà 30% de la ville couverte en taxis volants d’ici 2020 », explique Olivier Le Lann.
Un modèle d’exploitation calqué sur « Autolib’ »
A la croisée de Tesla et Uber dans son business model, sous forme d’aéronefs en libre- service garés dans la rue, Eva prévoit à la fois de fabriquer les machines et de les exploiter en tant que prestataire de services. « Le coût chargé sera de 6 à 8 euros du km parcouru, pas plus cher qu’Uber », se projette le créateur. Un premier prototype à l’échelle 1/5 volera dans deux mois, avant des essais à taille réelle d’ici fin 2018. La commercialisation est prévue pour 2019.
Eva lancera une recherche de fonds de 250.000 euros pour assurer cette seconde phase à échelle réelle avant des investissements plus lourds pour la montée en cadence. « Selon des études récentes, une ville sera à l’avenir couverte en moyenne par 300 à 500 appareils volants. Nous sommes aujourd’hui les seuls Français à se lancer sur ce marché prometteur parmi une dizaine de concurrents sérieux », affirme Olivier Le Lann.
Isabelle Meijers
*VTOL : Vertical take-off and landing