Chiffres, Trophées et lauréats : ce qu’il faut retenir de la Mêlée Numérique 2025

Chaque automne, Toulouse devient la capitale du numérique en Occitanie. En 2025, près de 9800 participants – dont un tiers en ligne – ont pris part à la Mêlée Numérique, un rendez-vous désormais incontournable pour les acteurs de l’innovation. Six jours, 230 sessions, 22 thématiques, et 37 % de décideurs rassemblés autour d’un même objectif : comprendre, débattre et construire les futurs possibles du numérique, de l’IA à la transition écologique.

Avec 1,3 million de personnes touchées sur le web et les réseaux sociaux, et un taux de satisfaction moyen de 4,4 sur 5, le festival confirme son rôle de carrefour national des idées et des initiatives numériques, ancré en Occitanie (60 %) mais ouvert sur le reste de la France et l’international (40 %). Au-delà des conférences et ateliers, c’est aussi un lieu de rencontres informelles, de moments off et de soirées festives, où se tissent les collaborations de demain.

Mais la Mêlée Numérique, c’est aussi son propre tapis rouge. Chaque année, le festival se clôt sur plusieurs remises de prix qui célèbrent les initiatives les plus marquantes de l’écosystème : les Boucliers de la cybersécurité, le Meet the Big, et les trophées Homo Numericus & Femina Numerica. Un air de Festival de Cannes du numérique, sans paillettes ni flashs, mais avec le même goût du mérite et de la mise en lumière. Trois cérémonies pour saluer, chacune à leur manière, l’innovation technologique, l’impact sociétal et l’engagement humain.

Boucliers de la cybersécurité

Le mardi 23 septembre, la journée consacrée à la cybersécurité a choisi de mettre en lumière deux projets. Le premier, Akawan, a reçu le prix principal. L’entreprise se présente comme un compagnon d’IA sur mesure : assistants intelligents adaptés aux données des clients, automatisation de tâches répétitives pour libérer du temps, organisation et valorisation des informations pour améliorer la décision. L’idée est simple à énoncer, beaucoup moins à mettre en œuvre : exploiter la puissance de l’intelligence artificielle tout en sécurisant les usages. Akawan insiste sur ce dernier point, en proposant anonymisation et classification des données sensibles, avec l’intégration d’IA souveraines censées préserver la confidentialité.

Leur méthode se déroule en quatre étapes, comme un manuel bien ordonné : acculturation, démonstration, réalisation et maintenance. Du diagnostic à la mise en production, le cycle promet de transformer les projets en solutions durables. Les exemples cités vont du comptage intelligent à la gestion optimisée des stocks, en passant par le traitement massif de documents. Autant de tâches où la machine ne remplace pas l’humain, mais lui épargne l’ennui et l’erreur.

Le coup de cœur du jury est allé à Oxydian, une société à la tonalité plus martiale. Spécialisée dans l’audit intrusif et le développement de solutions avancées de cybersécurité, elle revendique trois pôles de compétence : identification (par audits intrusifs complets), protection (avec recommandations personnalisées) et prévention (par la sensibilisation des collaborateurs). L’entreprise ne se contente pas de tester la robustesse des systèmes : elle investit aussi dans la recherche pour bâtir une stratégie souveraine de cybersécurité. Audit de code, pentest, recherche de vulnérabilités… le champ d’action s’étend à tout type d’organisation, publique ou privée.

En récompensant Akawan et Oxydian, la journée a donc mis en scène deux visages complémentaires : d’un côté, l’IA domestiquée pour la productivité et la sécurité des usages ; de l’autre, la traque active des failles et la recherche de nouvelles lignes de défense.

Meet the Big

Le lendemain, place à un autre rituel : les Meet the Big, événement où start-up et grands comptes croisent leurs regards dans une chorégraphie de pitchs chronométrés. Décalée cette année du mardi au mercredi, la rencontre a été inaugurée par Mounir Mahjoubi, ancien secrétaire d’État au numérique, fondateur de Matin Partners et cofondateur de La Ruche qui dit Oui. Le ton était donné : inspirer et s’inspirer, se démarquer, développer son business.

Dans les gradins, des mastodontes comme Sopra Steria, Atos, Orange, Airbus ou encore la SNCF. Sur scène, une poignée de jeunes pousses prêtes à convaincre.

Trois trophées sont venus distinguer les plus marquants.

Meilleur Pitch : Save Me. La start-up part d’une idée banale mais cruciale : personne n’aime attendre un réparateur Internet. Leur solution consiste à dépêcher le technicien le plus proche, souvent à vélo, pour rétablir la connexion. Résultat annoncé : 94 % de réduction du temps de dépannage, zéro émission carbone, 43 techniciens mobilisés en Occitanie. Une logistique fine pour un problème du quotidien, avec en prime une promesse environnementale.

Meilleur projet à impact : Touch2see. Leur dispositif permet aux personnes en situation de handicap visuel de suivre en temps réel une rencontre sportive. Pas une adaptation différée, pas un résumé : l’événement tel qu’il se déroule. Une technologie qui ne cherche pas à simplifier le réel, mais à le rendre accessible.

Meilleure start-up : Hetwa. Spécialisée dans l’environnement, Hetwa développe Mewiso, une plateforme de suivi des ressources en eau et de leur qualité à différentes échelles (masses d’eau, sous-bassins, bassins versants hydrologiques). L’enjeu est double : répondre aux défis climatiques et fournir aux acteurs locaux une lecture précise des ressources. L’entreprise allie analyse de données existantes et outils de modélisation, pour que la théorie se traduise en actions concrètes.

Homo Numericus et Femina Numerica

Dernier acte de ce marathon : les trophées Homo Numericus et Femina Numerica, décernés le jeudi 25 septembre. Ici, ce ne sont plus les projets qui sont récompensés, mais les personnes qui les portent, à travers leur action dans l’écosystème du numérique en général. La cérémonie, désormais rituelle, attire une cinquantaine de spectateurs sur place et plus de 600 votants dans le public.

Quatre prix ont été remis par le jury, deux par le public, et deux prix d’honneur sont venus compléter le tableau, le tout sous l’autorité du Bouclier de Brennus, venu aux premières loges.

Homo Numericus Prix Public : Yann Ferguson. Directeur scientifique du LaborIA chez Inria, il travaille à comprendre l’impact de l’intelligence artificielle sur le travail, l’emploi, les compétences. Une mission née en réponse au rapport Villani et qui cherche à poser un regard terrain sur des transformations souvent discutées de manière théorique.

Femina Numerica Prix Public : Anne Laurent. Vice-présidente déléguée à la science ouverte et aux données de la recherche à l’Université de Montpellier, elle incarne la volonté de rendre accessibles et exploitables des données souvent confinées dans les laboratoires.

Homo Numericus Prix Jury : Jacques Bouldoires. Directeur général d’iMSA, il a choisi de dédier sa distinction à l’ensemble de ses équipes, mobilisées pour la transformation numérique de la Mutualité Sociale Agricole. Une manière de rappeler qu’un projet collectif ne se mesure pas seulement à l’échelle d’un dirigeant.

Femina Numerica Prix Jury : Florence Luvisutto. Directrice d’Ekitia, association qui construit un cadre éthique et souverain pour le partage et le croisement des données. Une ambition qui dépasse la région pour fédérer entreprises privées, collectivités, académiques et clusters.

Deux prix d’honneur sont venus saluer des parcours singuliers : Christophe Cuq, pour son rôle dans l’émergence des services en ligne et des plateformes collaboratives au sein de l’Urssaf Caisse nationale ; et Margaux Armendariz, cheville ouvrière de l’organisation de la Mêlée Numérique depuis sept ans. Édouard Forzy a également été honoré d’un trophée pour récompenser toute son action en tant que président de l’association La Mêlée.