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La start-up toulousaine Stratoflight et le géant Expleo développent ensemble un projet de navette durable pour faire voyager des passagers à 35 km d’altitude, aux portes de l’espace. Les deux partenaires envisagent un premier vol dès 2025.
L’idée a germé « naturellement » dans l’esprit du pilote d’essai et pilote de ligne aux 18.000 heures de vol, Arnaud Longobardi. Cet aventurier des airs, expert du vol acrobatique en mini-voile et en wingsuit – vol en combinaison ailée -, s’est inspiré de sa propre pratique des sports extrêmes pour imaginer des vols humains aux portes de l’espace. La montée, tout en douceur, se ferait à bord d’une capsule avec balcon, portée par un ballon gonflé à l’hydrogène vert. Arrivée à 35 km d’altitude, la navette se stabiliserait pour permettre aux passagers d’accéder en combinaison pressurisée à une plateforme extravéhiculaire leur offrant une vue imprenable sur l’espace et sur la Terre.
Après une heure dans la stratosphère, la descente s’effectuerait également en mode « slow travel », d’abord en ballon puis à partir de 8000 mètres et jusqu’à l’atterrissage, sous une aile pilotée de type parapente. Pour faire de ce rêve éveillé une réalité, Arnaud Longobardi a créé en 2021 à Labège la start-up Stratoflight, avec l’entrepreneur Denis Autier. Dans sa quête futuriste, la jeune pousse a réussi à embarquer Expleo (ex-Assystem Technologie), groupe mondial de 15.000 salariés et 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires, spécialisé dans les services d’ingénierie et de R&D, notamment pour le secteur spatial.
Matériaux recyclés et bioressourcés
C’est à Toulouse, où ce géant emploie un millier de personnes, dont une centaine au sein de son laboratoire d’innovation, que la navette a pris progressivement forme. Expleo et le Cnes, qui est aussi partenaire, l’ont présentée sous forme de maquettes lors du 73e Congrès international d’aéronautique, en septembre, à Paris. Équipé de grandes baies vitrées, ce véhicule de huit mètres de long pour quatre mètres de large et trois mètres de haut, a été pensé pour accueillir jusqu’à six personnes, dont deux pilotes. Il se prêterait aussi bien à du tourisme spatial qu’à des missions scientifiques.
« Nous avons travaillé sur la partie technologique bien sûr, autour du dimensionnement de structures, de l’aérodynamisme ou encore de l’électronique embarquée, mais aussi sur la question de la réduction des coûts pour rendre les vols accessibles au maximum de personnes et sur l’aspect durable du projet. Nous étudions la possibilité d’utiliser pour l’habitacle des fibres de carbone recyclées et de nouveaux matériaux composites verts à base de bambou », explique Christophe Cazès, directeur innovation et partenariats chez Expleo.
Ni carburant, ni émission
Pour atteindre une « empreinte carbone nulle », les deux partenaires ont opté pour un ballon zéro-pression – technologie utilisée depuis plusieurs années par des agences spatiales lors de vols scientifiques – alimenté par de l’hydrogène décarboné qui serait produit sur le site même du décollage. « La phase de concept est terminée. L’idée, maintenant, est de réaliser un démonstrateur et de valider les différentes étapes en conditions réelles », précise Christophe Cazès. C’est dans cette optique que Stratoflight vient d’amorcer une première levée de fonds en vue de collecter 4 à 5 millions d’euros.
Elle servira à financer la construction de ce véhicule test par les ingénieurs de l’Icam Toulouse et deux phases successives d’essais d’ouverture de voiles pilotables et de parachutes de secours, d’abord depuis un hélicoptère puis depuis un avion. « Notre objectif est de terminer l’ensemble des tests dans moins de vingt-quatre mois et de parvenir à une navette à l’échelle 1, commercialisable, pour des premiers vols en 2025 », prévoit Arnaud Longobardi. Selon le cofondateur de Stratoflight, le voyage, « silencieux et totalement green », durera environ cinq heures. Ouverture des réservations, début 2023.
Johanna Decorse
Sur la photo : La capsule abritera un balcon extérieur pour permettre aux passagers d’observer la Terre depuis l’espace. Ce projet de navette sous ballon porté par Stratoflight et Expleo associe d’autres partenaires européens, dont Swing pour les parachutes et Spartan Space pour les combinaisons pressurisées. // Le retour sur Terre de la navette s’effectuerait d’abord en ballon puis à partir de 8000 mètres sous une aile pilotée de type parapente. Crédit : Stratoflight-Expleo.