Pour la CPME, « c’est en créant de la richesse qu’on financera la transition écologique »

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ToulÉco

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Le président national de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), François Asselin, était à Toulouse ce mardi 6 juin pour rencontrer ses adhérents locaux. Partage de la valeur, sacralisation de la « valeur travail”, croyance en une transition écologique plus progressive : le patron des petits patrons défend, avec un ton parfois tranchant, sa vision de l’économie et de la société.

Au cœur des inquiétudes du président national de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), la difficulté de recrutement des entrepreneurs dans de nombreux secteurs d’activités (les métiers de l’hôtellerie-restauration, l’aide à la personne, le BTP, etc.). « Quand on n’arrive pas à embaucher, cela compromet le développement d’une entreprise. Il n’est pas rare de voir des activités s’arrêter une partie de la journée ou de la semaine par manque d’effectifs. Quand vous devez ralentir car vous ne trouvez pas les bonnes compétences, c’est dur à vivre », souligne ainsi François Asselin, venu à la rencontre des adhérents haut-garonnais du syndicat qu’il dirige.

Comment remédier à cette situation ? En partageant mieux la valeur au sein de l’entreprise ? Le dirigeant de la CPME n’y est pas opposé. Il se dit d’ailleurs « satisfait » des négociations qui ont eu lieu cette année sur le sujet avec les autres partenaires sociaux. Elles ont abouti à un accord national interprofessionnel (ANI). « Nous avons fait notamment la proposition qu’une entreprise qui fait des bénéfices trois années de suite soit obligée de piocher dans les outils existants de redistribution (participation, prime, etc.). À partir du moment où une entreprise fonctionne dans la durée, c’est normal que les salariés soient associés à ce succès », considère le patron des petits patrons.

Transition écologique : « On ne s’en sortira que si l’économie est florissante »

Place ensuite au sujet majeur, la transition écologique. Alors que de très nombreux experts s’alarment d’une accélération du changement climatique, pour le président de la CPME, il ne faut pas « aller trop vite ». « Nous sommes d’accord sur le fait qu’il faille décarboner l’économie. Aujourd’hui, vous ne trouverez pas d’entrepreneurs climatosceptiques. Nous n’avons plus de leçons à recevoir des environnementalistes. Ils ont gagné la partie ! Mais si nous allons trop rapidement avec des mesures trop coercitives, on va décrocher. Des entreprises vont s’arrêter ! », alerte l’entrepreneur. Zones à faible émission (ZFE), loi sur le « zéro artificialisation nette » des sols, la figure de la proue de la CPME trouve à chaque fois ces propositions « trop précipitées, pas assez concertées ».

Sur le financement de la transition écologique, François Asselin considère par ailleurs que les entreprises ne doivent pas être trop mises à contribution. « La facilité dans notre pays, c’est de demander aux entrepreneurs de résoudre, par le biais de taxes, tous les maux de la société. C’est vrai que la transition va avoir un coût colossal. Mais, selon moi, on financera la transition écologique en créant de la richesse. On ne s’en sortira que si les entreprises sont en bonne santé, que l’économie est florissante. » Il met ensuite en avant « la responsabilité des individus ». « Pourquoi j’irais financer la mobilité de quelqu’un qui habite à trente kilomètres alors qu’il y a des logements disponibles plus près de son travail ? », lance le dirigeant, tranchant.

« Une grande nation, c’est avant tout un pays de travailleurs »

François Asselin conserve le même ton offensif pour évoquer les évolutions actuelles du monde du travail. « Je viens d’avoir 59 ans, j’ai du mal à comprendre qu’on veuille arrêter de travailler pendant six mois pour faire autre chose avant de revenir au travail. Dans les entreprises, on négocie des dispositifs pour sortir les gens du travail : le télétravail, l’augmentation de la durée des congés parentaux, les congés menstruels, le compte épargne temps universel, etc. Selon moi, on ne peut pas s’offrir tout cela ! Surtout aux pays des RTT et des trente-cinq heures ! Pour moi, une grande nation, c’est avant tout un pays de travailleurs », s’exclame l’entrepreneur bientôt sexagénaire.

Et de terminer par un tacle aux opposants à la réforme des retraites qui faisaient grève ce jour-là lors d’une quatorzième journée de mobilisation. « Une journée de grève, c’est une journée sans travail et donc sans amour pour le pays. Les entrepreneurs, eux, aiment la France. Ils conjuguent un verbe qui est virtuel pour beaucoup de français : risquer. »
Matthias Hardoy

Sur la photo : François Asselin, président national de la CPME (crédit CC) et Vincent Aguilera, président de la CPME 31. Crédit : RG – ToulÉco.