Depuis Toulouse, Ma Boîte à moustique imite l’homme pour piéger le tigre

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ToulÉco

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Créée en 2021, la jeune pousse toulousaine Ma Boîte à moustique a mis au point un système breveté qui imite la présence humaine pour attirer et piéger les moustiques. Une levée de fonds de 800.000 euros, clôturée l’année dernière, a permis à ses deux fondateurs d’accélérer leur développement.

Des hôtels de luxe, le centre hospitalier de Vinatier dans la région lyonnaise ou encore le camping de l’Espiguette au Grau-du-Roi et la commune d’Asnières en sont équipés. Le système, conçu et fabriqué par Ma Boîte à moustique, est à l’image des culicidés qu’il attire et qu’il piège ; en pleine expansion. Il prend la forme d’une jardinière extérieure imitant la présence humaine grâce à une faible émission de CO2 et de leurre de phéromone. Attiré par cet avatar en métal qui copie à la fois la respiration et l’odeur, le moustique est ensuite aspiré par un système de ventilation intégré au dispositif. Les deux ingénieurs à l’origine de cette invention, Guillaume Lombart, passé par Air Liquid, l’un des leaders mondiaux des gaz industriels, et Romain Tiberghien, responsable d’unité de production chez Airbus, en ont fait une aventure entrepreneuriale.

« Nous avons commencé à travailler sur ce projet en 2020. J’habitais depuis plusieurs années déjà à Toulouse et je n’avais toujours pas trouvé de solution sur le marché pour lutter contre les moustiques qui soit à la fois efficace et écologique. Un jour, en rentrant de week-end avec Guillaume, un ami d’enfance, il a évoqué l’alternative des biogaz. Tout est parti de là », raconte Romain Tiberghien.

Une usine en Isère

Après avoir testé ses premiers prototypes dans des laboratoires publics spécialisés dans la démoustication en Occitanie et Rhône-Alpes, la jeune pousse créée en 2021 s’est dotée d’un atelier d’assemblage, à Tullins, en Isère, région d’origine de Guillaume Lombart. Ma Boîte à moustique a pu ainsi procéder à une centaine d’installations et convaincre des business angels d’investir dans son projet. Dans le cadre d’une levée de fonds clôturée en octobre 2022, l’un des fondateurs de la marque française de vélos électriques O2feel s’est engagé à hauteur de 550.000 euros et un pool de banques régionales a investi 300.000 euros. En parallèle, Ma Boîte à moustique a poursuivi les tests autour de son invention 100 % made in France dans le laboratoire indépendant Izinovation. Ces essais successifs lui ont permis de valider son concept.

« Dans un rayon de 10 à 15 mètres, là où on se faisait piquer dix fois, on ne se fait plus piquer que deux. On ne tue pas toute la population mais on la limite en venant casser la reproduction et le cycle de développement des moustiques, sans avoir recours à des pulvérisations de produits chimiques qui vont polluer les écosystèmes. Nous ciblons particulièrement le moustique tigre, espèce invasive liée au réchauffement climatique, qui est apparue vers Nice en 2004 et couvre aujourd’hui la moitié du territoire hexagonal », souligne Romain Tiberghein.

Proposés en version jardinière design pour les particuliers, les pièges de Ma Boîte à moustique se déclinent sous une forme plus « robuste » pour les collectivités ou les professionnels qui souhaitent l’installer dans l’espace public. Depuis Balma, où est basé son siège social, la start-up est entrée dans une phase d’accélération. Pour diffuser ses trois modèles de piégeage, elle prévoit de passer de quarante à une centaine de distributeurs cette année, spécialistes anti-nuisibles, magasins de mobilier haut de gamme ou encore paysagistes et piscinistes. Son objectif est d’atteindre un millier d’installations en 2023 pour un chiffre d’affaires de 500.000 à 1 million d’euros.
Johanna Decorse

Sur la photo : Les deux cofondateurs de Ma Boîte à moustique, Guillaume Lambert et Romain Tiberghien. Crédit : MBAM.