Centre clé de recherche sur la voiture du futur et dans les radiofréquences, le site NXP de Toulouse, anciennement Motorola puis Freescale, souffle cette année ses cinquante bougies. Le rachat en cours par Qualcomm ne devrait pas changer son périmètre d’activité.
Une histoire mouvementée. Alors que les opérations de rachat ou fusion se succèdent, la dernière en date promettant d’être gigantesque, le site spécialiste des semi-conducteurs de Toulouse se maintient dans la recherche de pointe. Créé en 1967 par l’Américain Motorola, le centre a employé jusqu’à 4000 personnes. Il est initialement dédié à l’assemblage et aux tests de puces électroniques, avant de devenir dans les années 70 un atelier de production à part entière de galettes de silicium.
En 2004, Freescale, une spin-off de Motorola, en devient propriétaire et tourne définitivement la page de la fabrication des puces de silicium en 2012, licenciant au passage 535 employés. En 2015, le Hollandais NXP rachète pour 12 milliards de dollars le groupe Freescale avec comme objectif de faire son entrée dans le Top 4 mondial des semi-conducteurs derrière Intel, Samsung et Texas Instruments.
Aujourd’hui, c’est à nouveau sous bannière étoilée que le site toulousain passerait. Puisque l’Américain Qualcomm a lancé une OPA sur NXP pour un montant de 38 milliards de dollars, la plus importante opération jamais effectuée dans le domaine des semi-conducteurs selon Reuters. Une fusion autorisée en avril aux États-Unis mais suspendue temporairement à Bruxelles depuis le 29 juin, les informations requises n’ayant pas été fournies par les sociétés.
Qualcomm et NXP complémentaires
« Je ne peux communiquer pour le moment sur cette opération. Mais cela ne devrait pas affecter le site toulousain car les domaines d’activité de Qualcomm et NXP sont complémentaires », explique Pascale Diez, directrice du site de Toulouse et VP Finance de NXP. « Qualcomm est un géant des puces pour téléphones portables alors que NXP est numéro un mondial dans les circuits électroniques pour l’automobile avec 14% de part d’un marché global estimé à 30 milliards de dollars. Et le groupe est également leader de loin de l’activité puissance radiofréquences, c’est-à-dire les puces destinées aux antennes 4G ou 5G ».
Deux domaines justement dans lesquels le centre de recherche et développement de Toulouse est expert. « Aucun licenciement économique n’est intervenu en 2015 lors du rachat par NXP. Nous avons même embauché en 2016 près de vint-deux ingénieurs et nous continuons en 2017 avec dix nouveaux ingénieurs. Nous avons également investi 1 million de dollars dans des équipements spéciaux pour la voiture autonome », complète la directrice.
Toulouse en pointe dans la voiture autonome
Le centre de Toulouse joue en effet un rôle clé dans la recherche sur la voiture hybride, autonome ou connectée. « Il est intéressant de voir que personne ne croyait plus à l’automobile dans les années 2000 et qu’aujourd’hui, c’est un secteur porteur disruptif », s’amuse Vincent Martinez, ingénieur système NXP, qui travaille à Toulouse depuis les débuts du site. Dans le domaine des radiofréquences, le centre est en plein développement de produits destinés aux consommateurs, tels un micro-ondes révolutionnaire ou un système de décongélation intégrée au réfrigérateur. La signature du site toulousain est définitivement dans l’innovation. Il reste à espérer que cette compétence continue de le protéger des effets des consolidations en cours dans le secteur des microprocesseurs.
Isabelle Meijers