Biotechnologies. Celluol, la start-up toulousaine qui a séduit l’un des fonds de Bill Gates

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ToulÉco

Hébergée au sein du Toulouse Biotechnology Institute (TBI), la start-up Celluol développe un procédé permettant de créer du bioéthanol à partir de la matière contenue dans certains déchets végétaux. La jeune pousse a obtenu une bourse dans le cadre d’un programme lancé par le milliardaire Bill Gates.

Une start-up toulousaine qui démarre très fort internationalement. La jeune entreprise Celluol a obtenu une bourse prestigieuse dans le cadre du programme Breakthrough Energy, un fonds international lancé par Bill Gates (Microsoft) pour soutenir les projets les plus innovants dans le domaine de la transition énergétique. Celluol, membre de la quatrième cohorte, est seulement le deuxième projet français à être distingué par ce programme.

Portée par les chercheurs Tom Wilding-Steele et Philippe Soucaille, la start-up est hébergée au Toulouse Biotechnology Institute (TBI). Son procédé permet de produire du bioéthanol à partir des déchets lignocellulosiques grâce à une bactérie spécialement conçue pour dégrader en une seule étape ces biomasses en éthanol. « La plupart des bioprocédés actuels utilisent du glucose provenant du maïs ou du saccharose issu de la betterave ou de la canne à sucre, ce qui entre en compétition avec l’utilisation alimentaire. Notre solution exploite au contraire la matière lignocellulosique contenue dans le reste de la plante », explique Philippe Soucaille, directeur technique de Celluol.

Une unité de démonstration envisagée à l’horizon 2028

La start-up a également bénéficié du soutien de Toulouse Tech Transfer (TTT), la société d’accélération de transfert de technologie locale, et se concentre particulièrement sur le secteur de l’aviation, qui cherche activement à se décarboner. « Les nouvelles réglementations européennes imposent que 70 % des carburants utilisés dans l’aviation soient d’origine verte d’ici 2050. Nous allons jouer un rôle-clé dans cet effort », précise Tom Wilding-Steele, directeur général. Celluol ambitionne de voir une unité-pilote opérationnelle naître d’ici 2026, puis une unité de démonstration en 2028.

Grâce à la bourse de Breakthrough Energy, Celluol va pouvoir renforcer son équipe, avec cinq nouvelles recrues prévues : trois en interne et deux dans un laboratoire partenaire. Parallèlement, la start-up prépare une levée de fonds, avec des financements complémentaires venants d’acteurs comme Bpifrance. Philippe Soucaille, directeur technique qui travaille sur ce projet depuis les années 2000, se montre particulièrement enthousiaste. « Nous sommes confiants. Notre technologie offre un réel avantage compétitif, notamment en ce qui concerne le coût et la disponibilité de la matière première. Contrairement aux solutions actuelles, qui utilisent par exemple de l’huile de friture, une ressource limitée, pour produire des biocarburants pour l’aviation, notre procédé repose sur un gisement abondant », indique-t-il.

Le travail de recherche se poursuivra intensivement au cours des six prochains mois pour optimiser les performances de la souche bactérienne. Tom Wilding-Steele évoque également les nouvelles perspectives qui s’ouvrent pour Celluol. « La bactérie que nous avons développée présente un potentiel considérable. Au-delà de la production d’éthanol, elle est capable de synthétiser, avec des rendements élevés, d’autres composés tels que l’acide lactique, un élément essentiel dans la fabrication de plastiques biodégradables. Nous n’en sommes qu’au début de nos explorations, et les opportunités sont immenses », affirme-t-il, un sourire aux lèvres.
Matthias Hardoy

Sur les photos : Le chercheur Tom Wilding-Steele, directeur général de la jeune pousse Celluol hébergée par TBI. Crédit : Hélène Ressayres-ToulÉco.