L’opération est possible grâce aux Initial Coin Offerings (ICOs), un terme dérivé de l’expression Initial Public Offering (introduction d’une société en bourse) désignant une levée de fonds en cryptomonnaie (le plus souvent en bitcoins ou en ethers, les cryptomonnaies propres au réseau Bitcoin et Ethereum). Explications.
En partenariat avec
Concrètement, ce nouveau modèle de financement présente des avantages à la fois pour les porteurs de projets et pour les investisseurs. Les premiers peuvent ainsi se faire financer par n’importe qui, partout dans le monde, cela sans nécessairement diluer leur capital social ou souscrire un emprunt auprès d’une banque. Pour les investisseurs, c’est l’opportunité de participer à un projet innovant dès son lancement et d’espérer en retour des rendements significatifs.
Ceci étant, les ICOs présentent aussi des risques, en cas de fraude ou d’échec du projet. En pratique, ces levées de fonds en cryptomonnaie s’effectuent en ligne, quel que soit l’état d’avancement de l’entreprise. En échange de leur participation en cryptomonnaie, les investisseurs reçoivent un token (jeton de valeur), c’est-à-dire un actif numérique, émis par l’entreprise, dont les usages sont multiples : droit d’accès aux futurs services de l’entreprise, droit à certains revenus générés par l’entreprise etc.
Plus de 5 milliards de dollars captés par des centaines d’entreprises en 2017
Les ICOs sont donc très controversées mais de plus en plus populaires : en 2017, les sommes récoltées ont dépassé les investissements en capital-risque, avec l’équivalent de plus de 5 milliards de dollars captés par des centaines d’entreprises. Certains records sont impressionnants, comme l’entreprise Tezos qui a pu récolter $230 millions de dollars, ou encore Bancor qui a levé plus de 150 millions de dollars en trois heures.
Côté français, l’entreprise lyonnaise iExec (présente à l’évènement Blockchain in Toulouse le 21 février à La Cantine d’Aubuisson) a récolté pas moins de 10 000 bitcoins en 3 heures, soit l’équivalent de 10 millions d’euros au moment de la levée de fonds (en avril 2017), pour son projet de place de marché du calcul informatique. Au cours actuel, ces 10 000 bitcoins valent désormais 90 millions d’euros, belle levée fonds pour du capital d’amorçage (seed money) !
Pour autant, le statut juridique et fiscal de ces levées de fonds reste à définir : en effet, certains tokens pourraient tomber dans des cadres légaux déjà existants, tels que les titres financiers. Mais nombreux sont ceux qui restent encore des objets juridiques non-identifiés, car leurs modèles sont complexes et transverses : en effet, ces actifs numériques peuvent donner droit à des parts de l’entreprise, à des droits de vote, ou de propriété sur des produits détenus par l’entreprise. En janvier dernier, le cas des ICOs a été soulevé lors d’une audition au Sénat.
Par Morgan Phuc, co-fondateur de BitConseil