C’est un fait, les criminels ont toujours été parmi les premiers à s’approprier les nouvelles technologies. Aujourd’hui, les crypto-monnaies ne font pas exception à la règle. Explications.
Dans les années 1910, le gang anarchiste « la bande à Bonnot » tirait partie des premières automobiles pour distancer la police, qui circulait encore à cheval ou en vélo. Sans surprise, les criminels sont aujourd’hui passés maîtres dans l’usage des crypto-monnaies et des registres blockchain. Ils se servent notamment de ces technologies pour sécuriser leurs transactions financières sur une partie méconnue de l’Internet, que l’on qualifie communément de darknet. Achat-vente de drogue, de cartes bancaires volées, d’armes à feu… toutes ces transactions se négocient en crypto-monnaies sur le darknet ! De fait, c’est très souvent à travers ces usages criminels qu’est présenté Bitcoin. Pour autant, il serait réducteur de résumer Bitcoin de la sorte et, pour faire une analogie, ce serait un peu comme réduire Internet à l’utilisation qu’en font les pédophiles.
En réalité, le champ d’application et les promesses de Bitcoin et des systèmes d’échange de valeur décentralisés sont immenses. Encore aujourd’hui, des milliards de personnes dans le monde vivent sous des régimes répressifs et souffrent tous les jours de systèmes financiers défaillants : absence d’infrastructures (2 milliards de non bancarisés dans le monde), inflation, corruption, surveillance de masse, contrôle des changes, embargos financiers… : les fléaux monétaires ne manquent pas. A ce titre, l’avènement de nouveaux protocoles libres de droits, permettant de sécuriser les échanges de valeurs entre individus sans passer par des intermédiaires de confiance défaillants, est une excellente nouvelles pour des milliards d’individus honnêtes dans le monde. Accessoirement, vous pouvez aussi vous servir de Bitcoin pour donner à des organisations à but non lucratif, telle que Wikipédia ou le Samu Social de Paris.
Aussi, plutôt que de caricaturer ces nouvelles technologies et de les dénigrer à cause de l’usage qu’en font les criminels, l’enjeu est surtout de mieux les comprendre et de permettre à davantage de gens honnêtes d’en bénéficier. Cela passe évidemment par une meilleure éducation du grand public, mais aussi par une nécessaire montée en compétence de nos autorités politiques, judiciaires et de police.
A ce propos, nous vous présenterons l’état du droit ainsi que le retour d’expérience de Stéphane Tonelli, Chef du groupe cybercriminalité de la section de recherches de la gendarmerie de Toulouse, qui combat au quotidien les criminels du darknet, lors du prochain événement Blockchain in Toulouse épisode 3, le 28 mars à la Cantine Aubuisson.
Benoît Huguet, co-fondateur de BitConseil