En quoi RTE est-il un acteur de la géodata ? Les réponses de Mikaël Le Lay, Animateur Régional du Système d’Information Géographique à RTE pour le Centre Développement & Ingénierie Toulouse, couvrant les anciennes régions Aquitaine, Limousin et Midi-Pyrénées.
– RTE – Réseau de Transport d’Electricité est une entreprise relativement peu connue et qui n’était pas identifiée comme un acteur de l’information géographique. Pouvez-vous rappeler brièvement qui est RTE et son rôle dans la géodata ?
Mikaël Le Lay : RTE, gestionnaire du réseau public de transport d’électricité qui, à travers sa mission de service public, se doit d’exploiter, de maintenir et de développer le réseau haute et très haute tension (du 63 000 au 400 000 Volts) de transport d’électricité afin d’en assurer le bon fonctionnement. Il doit garantir l’équilibre entre l’offre (production) et la demande (consommation) d’électricité ainsi qu’un accès non discriminatoire au réseau de transport d’électricité. Ce réseau se compose d’infrastructures linéaires aériennes et souterraines (plus de 105 000 km de lignes) reliées par des nœuds électriques que constituent les postes de transformations (environ 3 000 postes).
RTE est un partenaire majeur des territoires dans les sens où il doit assurer 24h/24 et 7j/7 l’approvisionnement en électricité de tous les territoires quelles que soient les sources de production présentes localement. Il se doit également d’accompagner le développement économique de ces territoires en adaptant le réseau aux besoins futurs.
RTE est également un acteur incontournable de la transition énergétique où il se doit d’intégrer une part croissante des énergies renouvelables sur le réseau, de tenter de responsabiliser les consommateurs sur les usages de l’électricité (via l’application éco2mix) et enfin d’accompagner la définition des politiques publiques de l’énergie.
En matière de donnée, RTE, Teréga (Ex-TIGF) et GRT Gaz ont créés en 2017 la plateforme ODRE (ndlr : Open Data Réseaux Energies). Ils ont depuis été rejoints par l’AFGNV, Weathernews France, Elengy, Storengy et Dunkerque LNG. Leurs arrivées permettent un enrichissement du service avec la publication de nouveaux jeux de données répondant toujours à la vocation première d’ODRE : partager une démarche de transparence et de pédagogie à l’égard des citoyens, des collectivités territoriales et des acteurs économiques. En ce sens, la plateforme contribue à l’élaboration et à l’évaluation des politiques énergétiques, des diagnostics territoriaux et des plans d’aménagement Climat – Air – Energie Territoriaux (PCAET).
L’essentiel des données est tabulaire sans enveloppe géographique si ce n’est par le biais de traitements opérés par les utilisateurs. Pour autant, RTE met à disposition des données géographiques, des géodata, relatives à ses ouvrages. Ces données au format SIG permettent de géolocaliser via les outils dédiés, pour l’ensemble du territoire métropolitain et continental, l’emplacement des postes de transformation HTB, le tracé des lignes électriques avec distinction possible entre les lignes aériennes et souterraines, et la localisation des supports des lignes aériennes.
– A quoi servent les données produites par RTE ?
Mikaël Le Lay : Les données géographiques de RTE offrent aux services de l’État, aux collectivités territoriales et aux aménageurs une meilleure connaissance des infrastructures du réseau de transport d’électricité et notamment des Servitudes d’Utilité Publique (SUP) codifiées I4 dont RTE bénéficie.
RTE se doit notamment de vérifier que ses SUP soient bien reportées en annexe des documents d’urbanisme (PLUi, PLU ou Carte communale). L’utilisation de ces données SIG depuis la plateforme ODRE est la garantie, pour les parties prenantes, de disposer de Géodata précises et à jour et donc un report optimal dans les plans des servitudes annexés à ces documents de planification.
Ce report devrait également permettre la consultation de RTE ultérieurement, dans le cadre des autorisations du droit des sols (permis de construire, déclarations préalables, etc.). Cette consultation vise à s’assurer de la compatibilité des projets de construction avec la présence des ouvrages électriques existants. C’est en effet au cas par cas que les distances de sécurité à respecter sont déterminées, selon diverses prescriptions réglementaires et en fonction des caractéristiques des constructions.
Autre exemple, bien que générique et découlant d’obligations réglementaires, les données SIG de RTE alimentent le Guichet Unique de l’INERIS dans le cadre de la réglementation anti-endommagement plus connu peut être sous le terme de procédure DT-DICT.
Enfin, sans toutefois essayer d’être exhaustif, connaitre la localisation de nos ouvrages, notamment des lignes électriques aériennes, est primordial pour la circulation aérienne militaire et civile afin de les prendre en compte dans leur plan de vol et se prémunir des risques éventuels de collision. Pour les SDIS également, en cas d’incident sur ou à proximité du réseau, les Géodata de RTE permettent une géolocalisation plus efficace et donc un gain de temps pour les interventions.
– Sur quelles ressources humaines pouvez-vous vous appuyer dans le domaine de l’information géographique ?
Mikaël Le Lay : Il y a une, voire parfois deux personnes qui contribuent et font vivre la géomatique dans les entités régionales de RTE. Elles sont présentes au sein des Centres Développement & Ingénierie qui couvrent l’ensemble du territoire métropolitain et continental mais travaillent pour toutes les entités ou services de la région dont ils dépendent. Ces Centres sont au nombre de 7 (Paris, Lille, Nancy, Nantes, Lyon, Marseille et Toulouse).
Dans les services centraux de RTE, des équipes plus nombreuses pilotent ou supervisent également cette activité soit au sein de division métier soit au sein de la Direction SI de l’entreprise. Ces derniers ont d’ailleurs mis en place en interne une infrastructure de données géographiques (IDG) sur laquelle s’appuient les animateurs régionaux SIG.
Depuis quelques années, l’activité SIG à RTE a connu un certain nombre de mutations. En définitive, nous sommes passés d’une activité dédiée à la confection de cartes de différentes échelles à l’ère de la géomatique et de la gouvernance des Géodata qu’elles soient internes ou externes à l’entreprise. Aujourd’hui le SIG à RTE doit remplir des fonctions de collecte, d’administration, de traitement et d’analyse des géodata qui le compose.
Un mot d’ordre en interne : guider au mieux nos collaborateurs dans la connaissance de l’Environnement au sens large autour de nos infrastructures, étant entendu qu’une carte vaut mille mots…
Propos recueillis par Pascal Boiron, MID e-news