À la tête de la technopole Castres-Mazamet depuis 2012, Virginia Doan a fait de l’université d’été de la e-santé de Castres un événement majeur sur la scène nationale et internationale.
Virginia Doan, vous êtes à la tête de la technopole Castres-Mazamet depuis sept ans. Quel bilan tirez-vous de votre action ?
Nous sommes le bras armé du développement économique sur le territoire souhaité par les différents partenaires, la CCI, les laboratoires Pierre Fabre, la communauté d’agglomération, qui ont été à l’origine de la technopole. En 2018, une trentaine d’entreprises ont été accompagnées dans la pépinière, dont treize créations, dans différents secteurs tels que la santé, les biotech, l’ingénierie IT, la chimie, l’e-santé. De nouveaux domaines sont apparus comme l’agriculture connectée, la smart mobility. Autant de nouveaux projets que nous n’avions pas auparavant et qui démontrent que l’innovation ne se développe pas qu’à Toulouse. Nous avons créé un Fablab, avec l’IUT, car nous avons avec le directeur de l’institut le souci de sensibiliser les jeunes à cette culture scientifique et technologique. Nous avons voulu le faire en réseau : parmi les membres fondateurs on retrouve des personnalités académiques, des chefs d’entreprise afin de créer une dynamique. Aujourd’hui le Fablab a quatre ans et est autonome.
Chaque année vous organisez l’université d’été de la e-santé. Quel est son rayonnement aujourd’hui ?
D’un événement régional nous avons voulu faire un événement national puis international. Cette année la thématique est « Le numérique, une chance pour la santé durable ». Au début nous regardions ce que faisaient les autres, maintenant nous servons de modèle. Cette année le ministre de la Santé du Bénin sera présent, ainsi que des représentants du ministère de la Santé de Dubaï et des États- Unis. Des délégations viennent du monde entier. Il s’agit de confronter le modèle français à ce qui se fait à l’international. La manifestation e-santé touche un large public, ministères, ARS, centres hospitaliers ainsi que des entreprises, Alcatel, Harmonie, OVH… C’est une manifestation importante, nous nous appuyons sur l’école d’ingénieurs ISIS, l’IFSI de Castres, le centre hospitalier pour l’organisation. Nous disposons d’un écosystème favorable pour développer cette manifestation.
Quelles sont les avancées notables permises par cette manifestation ?
L’école d’ingénieurs ISIS développe de nombreux projets, c’est dans son ADN. Il y a aussi des projets de collaboration avec le centre hospitalier. Nous avons aussi sensibilisé l’IUT qui va développer des actions avec l’OMS. Aujourd’hui la ville de Castres est connue pour le CO, son club de rugby, les laboratoires Pierre Fabre et l’université de la e-santé ! Depuis trois ans nous sommes précurseur sur la santé animale en lien avec des entreprises locales. Une fois par an, Castres est la capitale de l’e-santé.
Pourquoi avoir décidé de monter un incubateur en 2018 ?
Nous nous sommes aperçu qu’il nous manquait l’accompagnement en amont de la création d’entreprise, nous risquions de perdre ces entreprises qui pouvaient abandonner leur projet ou s’installer à Toulouse. L’objectif est de professionnaliser le parcours du porteur de projet, de l’aider à passer de l’idée à un projet plus mature et essayer de le capter localement. Nous avons eu cinq candidats en avril 2018, l’idée est d’intégrer ces jeunes dans l’écosystème. Un seul est dans le domaine de la santé, les autres ont présenté des projets différents : ferme d’insectes, projet autour du handisport, de l’ingénierie ou une plateforme dédiée à la location de voitures entre particuliers. Une seconde phase a été lancée et il y a déjà quatre candidats.
Comment fonctionne-t-il ?
L’idée de l’incubateur est de travailler sur les projets des étudiants, des salariés en poste. Ce vivier local est important. Nous devons avoir une vraie dynamique départementale et avons besoin de travailler ensemble sur l’’innovation au niveau du territoire. C’est ce que nous faisons avec Albi Innoprod. Ce nouveau programme permet au dirigeant de start-up d’agréger de nouvelles compétences et de savoir-faire. Cela se concrétise en mai 2019 par le lancement de « Trust&Go », le parcours de création des technopoles du Tarn. Nous souhaitons favoriser la rencontre entre un porteur de projet, des talents, des compétences support pour essayer de monter une équipe projet. Cela nous permet de rayonner, notamment grâce au label Bic sur la partie accompagnement des entreprises. C’est une reconnaissance de notre démarche de qualité.
Quelles sont les pistes de développement ?
Notre objectif est de nous renouveler, d’être en veille et de répondre à un besoin local. En 2019 nous lançons « Trust&Go », nous continuons à développer l’incubateur qui va alimenter la pépinière. On souhaite également valoriser l’entrepreneuriat étudiant en soutien aux différents pôles d’enseignement supérieur, l’école d’ingénieurs ISIS, l’IUT de Castres ou le BTS de Borde Basse.
Propos recueillis par Philippe Font, Touléco
Photo Théo Renaut – ToulÉco