Entretien avec Pierre d’Agrain, directeur associé d’Exco et fondateur de la startup Ubifact, dédiée à la dématérialisation des factures.
- Où en sont les entreprises françaises dans la dématérialisation des factures ?
Pierre d’Agrain : En France, nous avons atteint ce que l’on pourrait qualifier de « plafond de verre ». Concrètement, les grandes entreprises en sont à 80% de factures en format électroniques, mais elles semblent bloquées à ce niveau, notamment du fait des factures qu’elles reçoivent de leurs petits fournisseurs. De plus, il reste beaucoup à faire dans ce domaine pour les TPE et les PME. Nous apportons une réponse adaptée avec la plateforme Ubifact, conçue en mode SaaS (ndlr : Software as a Service), avec une inscription sur la plateforme facturée 29 euros et un prix de 0,50 centime d’euro par facture, sachant que le coût moyen de traitement d’une facture est de 8 €, ce qui comprend l’impression, la mise sous pli, l’affranchissement, le traitement, l’archivage, la duplication des données dans le système comptable de l’entreprise, etc.
- La facture électronique serait « écologique » : n’est-ce pas du « green washing » ?
Pierre d’Agrain : Non ! Si la facture électronique n’existait pas, les 2,5 milliards de factures échangées en France nécessiteraient l’abattage d’1,5 million d’arbres. Voilà pour les chiffres nationaux, mais prenons un exemple plus concret : celui d’une ETI qui reçoit et/ou émet 50 000 factures par an – et ce chiffre est en dessous de la moyenne – cela signifie que 250 000 feuilles de papier A4 ont été utilisées, que 30 arbres ont été abattus, que 2,5 millions de litres d’eau ont été nécessaires pour la fabrication de ces factures – soit la consommation annuelle de 3 424 personnes, tout de même, sans oublier près de 1 200 litres d’essence et les différents produits chimiques, comme l’eau de Javel, le chlore gazeux, l’eau oxygénée… Il faut ajoutée à cette liste les enveloppes, la mise sous pli, l’envoi postal – donc le transport terrestre – les impressions et/ou photocopies, l’archivage, le temps passé au traitement administratif de la facture et à la transposition des données dans le système comptable de l’entreprise. Tout cela explique que c’est dans la catégorie « Transition Energétique et Technologie Verte » qu’Ubifact a été sélectionnée pour les Trophées de l’Economie Numérique.
- Quels sont les objectifs chiffrés d’Ubifact ?
Pierre d’Agrain : La commercialisation de la plateforme n’a débuté qu’en juin 2019. Dans un premier temps, ce seront les clients du cabinet d’expertise-comptable Exco qui seront les premiers utilisateurs d’Ubifact. Ensuite, nous ouvrirons l’abonnement en ligne à partir de novembre 2019. Dans cette perspective, nous passerons le cap des 2 000 utilisateurs au printemps 2020. Ensuite, nous pensons à l’international. Le premier développement dans ce domaine sera probablement la Roumanie, puis le Luxembourg, la Belgique, l’Espagne…
Propos recueillis par Pascal Boiron, MID e-news