À quoi ressemblera la SmartCity toulousaine en 2030

À quoi ressemblera la SmartCity toulousaine en 2030

Louis Salgueiro, chargé de projet à la Mêlée
Louis Salgueiro, chargé de projet à la Mêlée

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Mêlée travaille depuis toujours avec tous les acteurs qui font le numérique et dans tous les domaines : les collectivités, les grands comptes, les start-ups, les Universités et les Ecoles… Nous avons une expérience de plus de 20 ans sur cette thématique transverse et centrale dans la question de la « ville intelligente ». Aujourd’hui, la Smart City est un terme issu du monde de la tech, employé pour désigner in fine une posture managériale des villes dans leur gestion et l’optimisation des fonctions urbaines (mobilité, urbanisme, santé, etc.). Il s’agit là de sujets incontournables, ne serait-ce que pour repenser les services qu’apportent nos infrastructures à partir de données générées. On travaille d’ailleurs sur ce sujet ainsi que sur le Building Information Modeling (BIM) depuis quelques années maintenant.

Pour aller plus loin dans la réflexion, il est peut-être préférable de parler d’un point de vue plus englobant en utilisant plutôt « ville intelligente », voire « territoire intelligent », parce qu’il n’y a pas seulement l’entrée technologique mais aussi les enjeux liés au territoire et ses défis en ce XXIème siècle. Une partie de l’enjeu d’une ville intelligente est de pouvoir être innovant dans l’approche par la conception et la mise en œuvre de solutions, qu’elles soient techniques ou non : c’est pour nous un processus de co-construction et en lien avec les défis à venir. La Mêlée permet cela par exemple en animant des communautés dans ses espaces de coworking, mais aussi sur les territoires d’Occitanie, ou encore au travers des Commissions sur les différents sujets du numérique dont se saisissent les adhérents. L’objectif est justement que les acteurs puissent se rencontrer pour construire et porter une vision commune et innover ensemble.

L’un des enjeux majeurs pour Toulouse en 2030, c’est à la fois de conserver une certaine forme d’indépendance et d’entente au niveau régional dans les projets technologiques, qui permettent de les faire émerger et de se les réapproprier, tout en étant ouvert et influent sur le monde. Le Programme ANITI sur l’intelligence artificielle est en ce sens un bel exemple de co-construction : un écosystème qui s’empare de manière structurée de technologies et qui les développe à l’image de toute la chaîne des acteurs mobilisés (entreprises, recherche et formation, collectivités, etc.), pour innover et se différencier. C’est probablement cela la force de « l’économie intelligente » toulousaine. On ne peut que souhaiter une meilleure mobilisation des TPE et des PME dans ce processus, mais il faudra pour cela qu’elles soient accompagnées dans leur transformation numérique. Enfin, notre « ville intelligente » devra compter sur notre capacité à stimuler de manière durable l’émergence des start-ups qui portent aussi l’innovation.

Un autre des enjeux de la ville intelligente est d’intégrer autant que possible les usages. En effet la « SmartCity » peut être un échec si elle est bâtie sans penser et accompagner les pratiques des usagers. Par ailleurs, on représente souvent la Smart City à l’image marketing qu’en donnent des grands groupes tels qu’IBM, avec une ville idéalisée, rutilante, épurée, sans pauvreté, sans diversité culturelle apparente et donc excluante. Il faut absolument aussi mener un véritable effort auprès des citoyens pour les impliquer et les acculturer aux enjeux des nouvelles technologies, et ce prioritairement vis-à-vis des plus éloignés du numérique, pour que chaque citoyen profite des services et de la qualité de vie que propose notre territoire. Les acteurs du territoire, autant les collectivités que les entreprises et les associations, sont d’ailleurs déjà en ordre de marche sur le sujet : on le voit bien dans le cadre du Réseau et Hub pour un Numérique Inclusif en Occitanie que nous pilotons actuellement. On ne peut donc que souhaiter un territoire aussi innovant qu’inclusif à l’horizon 2030.

Enfin, la ville intelligente de Toulouse doit permettre d’impliquer chacun et chaque acteur dans une dynamique de transition écologique. Il peut ainsi s’agir pour Toulouse d’orienter l’innovation en matière de technologies vertes, à l’image de ce qui se fait à l’incubateur de Météo France, labellisé GreenTech Verte, et auquel nous sommes associés, mais aussi et peut-être surtout, de permettre la participation, l’animation et la coordination de tous pour relever les défis environnementaux.

Pour conclure, nous pensons qu’en 2030 la ville intelligente de Toulouse et sa région s’inscrira dans le prolongement de ce qui fait ses qualités actuelles mais aussi ses limites. Dans tout cela, les technologies doivent être appréhendées comme un levier pour nous réinterroger collectivement et pour que nos acteurs puissent porter durablement la transition socio-écologique et le développement de notre territoire. L’avantage de Toulouse et de la région est que nous avons ici de nombreux acteurs qui ont chacun entre leurs mains une partie de la solution, allant des développeurs de technologies spatiales aux initiatives engagées issues de l’économie sociale et solidaire. On peut espérer en 2030 que les différents univers qui font la richesse de Toulouse et de la région se seront davantage rapprochés, en « bonne intelligence ». Quoi qu’il en soit, vous êtes d’ores et déjà cordialement invité.es à la Mêlée Numérique 2030 pour voir tout cela !

 

Louis Salgueiro
Coordinateur Hub connecté RhinOcc