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Le Conseil d’État a rejeté le mardi 5 novembre 2024 le pourvoi en cassation des opposants à la Tour Occitanie. Une décision qui éteint tous les recours. Un soulagement pour le promoteur Compagnie de Phalsbourg, qui promet que la ligne de la tour ne changera pas malgré le temps perdu.
C’est une décision qui signe la fin de six ans de procédure. Le permis de construire de la Tour Occitanie avait été obtenu en juillet 2019, puis attaqué dans la foulée par plusieurs associations d’opposants (Non au gratte-ciel de Toulouse, Droit au logement 31, Amis de la Terre Midi-Pyrénées, France nature environnement Midi-Pyrénées) et trois particuliers.
Dévoilé au grand public lors du Mipim de Cannes en 2017, le projet dessiné par l’architecte américain Daniel Libeskind et porté par le promoteur La Compagnie de Phalsbourg avait rapidement soulevé les oppositions des riverains et associations environnementales, critiques notamment sur la hauteur du bâti (il s’agit d’un immeuble de grande hauteur de 150 mètres) et l’absence de logements sociaux…
Après plusieurs recours et un ultime pourvoi en cassation, le Conseil d’État a donné son feu vert et plus rien ne s’oppose désormais à ce projet. En théorie, les travaux peuvent donc débuter n’importe quand. Dans les faits, ce sera (encore) plus long que prévu, au grand dam du promoteur.
De nouvelles études de sol s’imposent
« Nous attendions cette décision de justice avec impatience. Alors oui, bien sûr, je suis soulagé, mais aussi passablement… énervé car nous avons perdu sept ans, uniquement à cause de gens qui ne jouent pas en faveur de leur territoire. En tant qu’investisseur, je suis assez outré par cette situation », a réagi ce jour le promoteur Philippe Journo, PDG et fondateur de la Compagnie de Phalsbourg.
Stoppé net avant même d’avoir commencé, le projet redémarre donc en 2024 ; alors même que les travaux de la troisième ligne du métro battent leur plein. « Aujourd’hui, et contrairement aux premières études que nous avions menées en 2016, nous passons après le métro et donc, la SNCF et Tisséo nous imposent de refaire toutes les études de sols », pointe-t-il. « Concrètement, ceci va nous prendre six à neuf mois supplémentaires, avant d’envisager le début des travaux au quatrième trimestre 2025. »
Adapter le programme au contexte économique
La Tour Occitanie, dans sa version initiale, prévoyait d’accueillir des logements, un hôtel, des bureaux, et des commerces. Qu’en sera-t-il de la version 2024 ? « Si la justice est passée pendant ces six années, c’est aussi le cas de la crise, qui a profondément modifié le contexte économique. Nous allons donc réinterroger le tissu économique local et refaire une étude de marché pour adapter le programme au besoins actuels », indique Philippe Journo. « Faut-il un hôtel trois étoiles, quatre étoiles ? Un hôtel de luxe ? Côté bureaux, des bureaux opérés haut de gamme, un espace de travail partagé, ou bien des bureaux classiques pour loger le siège social d’une entreprise ? »
Coté logements, en revanche, le promoteur garde le souhait de commercialiser ici des logements de très haut standing, entre 10.000 et 12.000 euros/m2, à destination d’une clientèle de propriétaires accédants, mais aussi de fonds d’investissements qui proposent ensuite ces biens à la location à de grandes entreprises pour loger leurs cadres. Un marché déjà éprouvé par le promoteur, à Paris notamment. « Enfin, quoi qu’il arrive, la ligne de la tour Occitanie ne changera pas. Nous allons construire ici un objet architectural exceptionnel », assure-t-il
De leur côté, les opposants ont déjà réagi par communiqué à cette décision de justice, se disant prêts à attaquer tout permis de construire modificatif. Une perspective qui fait sortir le promoteur de ses gonds. « J’ai respecté la justice, et elle a rendu son verdict. Mais si le moindre permis modificatif est attaqué par les mêmes opposants, nous les assignerons à notre tour en justice pour recours abusif avec demande de 50 millions d’euros de dommages et intérêts. » Ambiance.
Béatrice Girard
Sur la photo : Un visuel de la Tour Occitanie. Crédit : Studio Libeskind et Compagnie de Phalsbourg.