Chez Naïo, les robots n’ont plus besoin de chaperon

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ToulÉco

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Pionnière de la robotique agricole, la pépite escalquinoise Naïo Technologies franchit une nouvelle étape grâce à l’autonomie augmentée : ses robots peuvent désormais travailler seuls, sans surveillance et en toute sécurité. Une innovation majeure pour les agriculteurs.

« L’autonomie augmentée », une petite révolution chez Naïo Technologies. Plus besoin de surveiller leurs robots agricoles, ils sont désormais aptes à travailler en « full-autonomie », sans la surveillance d’un adulte. Une innovation majeure pour l’entreprise installée à Escalquens et une première dans le secteur. « Aucun autre constructeur n’est capable aujourd’hui d’apporter les garanties de sécurité nécessaires », se réjouit Flavien Roussel, responsable de la communication chez Naïo. « On peut maintenant dire à nos agriculteurs : « vous pouvez partir ». Ils vont pouvoir se consacrer à des tâches de plus haute valeur ajoutée », complète-t-il. Pour utiliser le mode autonome, les exploitants devront néanmoins prendre quelques précautions : faire valider la parcelle à Naïo et la sécuriser entièrement, ce qui inclue l’installation de panneaux de signalisation à chaque point d’accès.

De l’analyse des risques jusqu’à la certification CE, le chemin a été long. Un système de détection d’obstacles a même été breveté pour garantir mécaniquement que rien ne puisse passer en dessous du plus grand robot, Ted « l’enjambeur », à l’exception des vignes. Pour la sécurité des machines comme celle de leur environnement, un système de geofencing permet d’éviter la fuite à travers champs – ou pire, sur la route – en délimitant la zone par des barrières virtuelles. « On peut l’activer lorsqu’on travaille en mode autonome », explique Flavien Roussel. Et le vol ? « Hautement improbable mais ce serait notre heure de gloire ! », s’amuse-t-il.

Société à impact

Pour Naïo, l’autonomie augmentée marque le début d’une nouvelle ère, celle d’une agriculture connectée soutenue par des robots polyvalents, fiables et respectueux de l’environnement. « Notre ambition profonde est d’être une société à impact. C’est un grand mot mais, ici, ça veut vraiment dire quelque chose », souligne Aymeric Barthes, cofondateur de Naïo en 2011. Ses robots 100 % électriques, tous fabriqués en France, réduisent l’usage des intrants chimiques et la consommation de carburant en favorisant le désherbage mécanique.

Oz, petite machine conçue pour assister les maraîchers dans leurs tâches longues et répétitives, a vu le jour en 2013. Exposé à l’Elysée en juillet, il est la star de la famille. Depuis, elle s’est agrandie avec l’arrivée du grand Dino, remplacé ensuite par Orio, un porte-outil polyvalent pour cultures légumières et grandes cultures. En 2017 naît Ted, un enjambeur puissant pour les travaux viticoles et, en 2022, c’est Jo, chenillard trapu pour souches étroites et pépinières, qui rejoint la gamme et s’annonce déjà comme le nouveau best-seller. « Les équipes R&D testent sans relâche de nouvelles solutions », ajoute Flavien Roussel. Alors, bientôt un nouveau faire-part ? « Encore un peu de patience », répond-il en souriant.

Des projets plein les tuyaux

Outre la conception de nouveaux prototypes, la dynamique PME compte bien accélérer son développement à l’international. 450 robots sont déjà en circulation, d’Hawaï jusqu’à Porto Rico en passant par le Japon. En 2020, après la mise en place d’un réseau de distributeurs en Europe et en Amérique du Nord, l’entreprise a ouvert une filiale à Salinas, en Californie. À ce jour, Naïo emploie soixante-quinze salariés et son chiffre d’affaires atteint 6,5 millions d’euros en 2022.

D’autres projets se lancent ou se poursuivent. D’abord l’organisation de la FIRA, le salon international de la robotique agricole, dont la huitième édition se tiendra du 6 au 8 février 2024 à l’Agrobiopole d’Auzeville-Tolosane. L’entreprise s’est aussi engagée dans le projet FAAN [1] qui vise à développer des formations autour des nouvelles technologies agricoles que sont le numérique, la robotique et l’agrivoltaïsme. Naïo mettra à disposition deux formateurs et bien sûr ses robots, sur son site d’Escalquens. Ils pourraient même prendre la route : un camion itinérant est prévu par le dispositif pour aller faire connaître et expérimenter les NTA. « Il n’est pas impossible qu’Oz monte à bord », annonce Asmaa Zein, coordinatrice de projets chez Naïo.
Marie-Dominique Lacour

Sur les photos : Des techniciens de l’entreprise Naio technologies travaillent dans leur locaux à Escalquens, où ils assemblent les robots destinés à l’agriculture.
Photo : Crédits Rémy Gabalda

Notes

[1] Le projet FAAN (formations agricoles agrivoltaïsme numérique), d’envergure régionale, est porté par le lycée agricole d’Ondes et 18 partenaires, établissements de formation, industriels ou professionnels. Il démarrera en janvier 2024 avec un budget global de 11 millions d’euros (subventionné à hauteur de 7 millions d’euros par France 2030) et ambitionne de former plus de 3000 jeunes en cinq ans. Sa viabilité sera assurée par la commercialisation, à terme, de l’offre de de formation générée.