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Au congrès international de la RSE, lors d’un déjeuner-débat, trois représentants de syndicats patronaux ont partagé leurs visions de la RSE et du partage du pouvoir et de la valeur au sein des entreprises.
Au Congrès de la RSE, les patrons ne parlent pas la bouche pleine. On attend que la parole soit à l’autre pour tenter de s’attaquer au plat qu’on a en face à soi. Sur la table, un débat intitulé « Comment la RSE bouscule l’entreprise : opportunité ou cataclysme ? ». Pour Emmanuelle Besse, du Mouvement Impact France, le regroupement des entreprises à impact social et écologique, « tout dépend de la manière dont on s’empare de la RSE au sein de son entreprise ». « Le problème, c’est que beaucoup d’entrepreneurs ne vont pas très loin dans leurs réflexions sur les raisons profondes qui justifient le changement. Ils veulent changer leurs pratiques uniquement car la loi les y oblige ou pour une question d’image. Un plan d’action RSE ne suffit pas. Il faut aussi que la personne qui porte ce plan ait une place prépondérante dans les organes de gouvernance », explique celle qui dirige le cabinet Wunjo, dédié à la qualité de vie au travail.
La présence de Diego Exposito, délégué régional de l’Union régionale des sociétés coopératives participatives (Urscop) Occitanie, amène les deux autres intervenants à parler de la question du partage du pouvoir et de la valeur au sein des entreprises. Selon Pierre Olivier-Nau, président du Medef 31, le modèle des Scop où un homme égale une voix « n’est pas duplicable » dans des entreprises stratégiques ou de grande taille. « Cela ne peut pas fonctionner dans un nombre certain d’entreprises où il y a besoin d’un actionnaire qui tranche », estime le dirigeant de Manatour. Emmanuelle Besse estime, au contraire, que cela peut marcher à condition que chacun déconstruise ses représentations du pouvoir. « Non, les salariés ne sont pas des fainéants qui ne savent pas ce qui est bon pour leur entreprise, non les entrepreneurs ne sont pas guidés uniquement par des intérêts financiers », considère la dirigeante.
« Un devoir moral des entrepreneurs à changer progressivement leurs pratiques »
Pour appuyer ces propos, Diego Exposito confie que pas mal de dirigeants d’entreprises traditionnelles viennent se renseigner sur le fonctionnement des sociétés coopératives. « Ils viennent nous dire : “Aidez-nous nous à penser et travailler différemment”. Notre modèle part de l’idée au départ utopique de mise en commun des outils de production. Mais je crois que cette idée de partage de la valeur et du pouvoir peut s’appliquer à différentes échelles et niveaux », affirme le délégué régional de l’union des Scop.
Un point met cependant d’accord les trois représentants, la nécessité « d’agir plus fort » face à l’accélération du réchauffement climatique. « Il y a eu une insoutenable légèreté comme dirait Kundera [1] dans la gestion du réchauffement climatique. Il y a un devoir moral des entrepreneurs à changer progressivement leurs pratiques. On voit que les jeunes d’entrepreneurs ont tout particulièrement conscience de ces enjeux », constate Pierre Olivier-Nau. Selon Emmanuelle Besse, il faut que les entrepreneurs aient conscience que « l’enjeu c’est pas seulement de minimiser les impacts négatifs de leurs entreprises mais aussi de maximiser leurs impacts positifs ».
Matthias Hardoy
Sur la photo : Image du Congrès de la RSE de l’année dernière. Crédit : Fondation Oïkos pour la RSE.
Notes
[1] auteur du roman L’insoutenable légèreté de l’être.