Le rapport de la Mission Data et Territoires, orchestré par Bertrand Monthubert, président d’Ekitia, ainsi qu’à deux élues, et initié par le ministère de la Transformation et de la Fonction publique, dépeint un paysage complexe de la gestion des données au sein des collectivités territoriales, illustrant le défi de concilier innovation numérique et structures administratives existantes.
Remis récemment au ministre Stanislas Guérini, ce document stratégique marque une avancée significative dans la quête d’optimisation de l’exploitation des données territoriales. Conférée à Christine Hennion, Magali Altounian et Bertrand Monthubert, la mission a identifié des opportunités pour renforcer la dimension data des collectivités, avec l’ambition de servir au mieux les citoyens, les agents publics et les politiques publiques. De ce dialogue intense, où une centaine d’auditions ont eu lieu, émergent vingt-deux recommandations articulées autour de six axes clés, traduisant une vision pour une administration publique agile et transparente, en phase avec les attentes des citoyens.
Alors que la transformation digitale gagne du terrain, il est impératif de questionner l’impact concret de ces préconisations. Comment vont-elles façonner la gouvernance des données territoriales? Quels changements vont-elles entraîner dans le quotidien des Français et la façon dont ils interagissent avec les administrations?
Le rapport révèle d’abord l’inégale maturité numérique des territoires, certains affichant une aisance dans le domaine tandis que d’autres luttent, entravés par un manque de ressources et de compétences. Ces écarts traduisent un besoin urgent de politiques de soutien adaptées, qui pourraient inclure la mise en place de formations spécialisées et de financements dédiés pour accompagner la transition numérique à tous les niveaux.
L’engagement des élus locaux pour l’amélioration de la gestion des données est souligné, révélant une prise de conscience de l’importance vitale du numérique. Cependant, cet enthousiasme se heurte à des réalités financières et structurelles qui freinent l’application des stratégies numériques ambitieuses. Ainsi, des initiatives comme les programmes d’échanges de type Erasmus pour les agents, suggérés dans le rapport, pourraient enrichir la culture data et favoriser la compréhension mutuelle entre les différents acteurs.
Le rapport souligne l’impératif d’établir une politique de données ouverte et sécurisée, qui respecte la vie privée et stimule l’innovation, un défi notable dans le contexte administratif actuel où la collaboration intra-gouvernementale nécessite une amélioration significative. Pour ce faire, il prône l’instauration d’une gouvernance des données plus cohérente et suggère de faciliter l’accès aux données, des démarches essentielles pour une gestion efficace et réactive. Par ailleurs, en réponse à la gouvernance souvent déséquilibrée des données entre l’État et les collectivités, le rapport recommande de renforcer la coordination à travers des chartes éthiques et des approches collaboratives, comme les « appels à communs », qui favorisent le partage des connaissances et l’innovation ouverte, s’alignant ainsi sur une vision de progrès mutualisé et d’engagement civique.
Quant à l’avenir, la promotion d’un traitement collaboratif des données, grâce à des outils comme le chiffrement, envisage un horizon numérique où la sécurité et la confiance sont primordiales. Néanmoins, cela requiert des réformes administratives agiles pour intégrer ces solutions innovantes et répondre efficacement aux besoins changeants de la société.
Face à ces révélations, une interrogation demeure : quelle voie la France empruntera-t-elle pour harmoniser ses ambitions numériques avec les contraintes de son architecture administrative ? Seul l’avenir dira comment ces recommandations, si elles sont mises en œuvre, redéfiniront l’interaction entre les citoyens et le gouvernement dans le paysage numérique en constante évolution.