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Créé en 2018 à Toulouse par Teddy Kossoko, Masseka Game Studio s’est spécialisé dans les jeux vidéo basés sur la culture africaine. « Golden Georges », sa dernière création qui s’inspire de l’ancien joueur de foot George Weah, est distribué en Afrique par l’opérateur Orange.
Depuis son appartement toulousain de l’avenue de Muret, Teddy Kossoko est en lien avec le Cameroun et le Sénégal, où sont basés une partie de ses graphistes et de ses développeurs, et, bien sûr, avec la République centrafricaine, son pays de naissance. À Madagascar, on voudrait bien savoir s’il peut changer le nom et le look de « Golden Georges », le héros de son nouveau jeu vidéo, pour le faire ressembler à une star locale. Une demande qui en dit long sur le potentiel de joueurs que pourrait bientôt toucher le jeune informaticien.
Sorti en janvier dernier, son jeu d’adresse pour mobile met en scène un personnage inspiré de George Weah, ancien footballeur professionnel devenu en 2018 président de la République du Libéria. En deux mois, il a fait l’objet de 1500 téléchargements. Pour des questions de monétisation, le déploiement en Afrique est assuré par l’opérateur Orange, qui a acheté la licence exclusive pour deux ans. Mais Teddy Kossoko voit bien au-delà…
Originaire de Bangui, il est arrivé à Toulouse à l’âge de 18 ans pour des études à l’IUT Informatique de Blagnac, suivies d’un Master Méthodes informatiques appliquées à la gestion des entreprises à l’Université Paul Sabatier. Très vite, le projet de mettre en avant les cultures africaines, si peu représentées dans l’univers des jeux vidéos, germe dans son esprit. Encore étudiant, Teddy Kossoko travaille à sa première création, Kissoro Tribal Game, un jeu de stratégie pour mobiles, inspiré du jeu traditionnel centrafricain le Kissoro, connu aussi sous le nom d’awalé.
« Un pont entre l’Afrique et l’Europe »
Remarqué lors du salon Geek Touch de Lyon en 2017, le jeu fait sa sortie l’année suivante. Il totalise aujourd’hui quelque 15.000 téléchargements. C’est en 2018 aussi que Teddy Kossoka crée sa société Masseka Game Studio, une nouvelle pile de son « pont entre l’Afrique et l’Europe ». « Très peu de jeux abordent le quotidien, le mode de vie ou tout simplement les cultures africaines. J’ai grandi comme beaucoup de personnes avec des références et des modèles qui ne me ressemblaient pas. Beaucoup veulent ensuite tendre vers ces modèles. Il y a un volet clairement militant dans ma démarche. Je veux faire en sorte que la population africaine puisse rêver à travers d’autres prismes et trouver d’autres sources d’inspiration avec des personnages, des héros et des histoires qui parlent à tous. Je n’oublie pas le volet économique. Le marché du jeu vidéo en Afrique est neuf mais je veux démontrer qu’il peut être rentable avec 800 millions de joueurs potentiels », explique Teddy Kossoko.
L’informaticien de 27 ans en est tellement convaincu qu’il travaille au développement de sa propre plateforme de distribution. Cette boutique, équivalente à celle d’Apple ou de Google, aura pour vocation de diffuser en Afrique les jeux de Masseka Game Studio mais aussi ceux d’autres concepteurs. Financée par BPI, les dispositifs gouvernementaux Pass Africa et Meet Africa 2, elle est actuellement testée par quelques utilisateurs dans cinq pays de l’Afrique de l’Ouest.
« Notre stratégie est d’être une porte d’entrée sur l’Afrique. Nous aurons la plateforme, la communauté et nous pourrons proposer les solutions de paiement en nous appuyant sur des partenariats avec Orange et avec d’autres opérateurs », précise Teddy Kossoko. Cette boutique devrait être accessible pour le grand public dans ces cinq pays dès le mois de juin et couvrir 50 % du continent d’ici deux ans. En 2022, année de Coupe du monde de football, le jeune dirigeant vise un chiffre d’affaires de 500.000 à 1 million d’euros et espère atteindre les 100.000 utilisateurs pour sa plateforme.
Johanna Decorse
Sur la photo : Depuis Toulouse, Teddy Kossoko, le créateur de Masseka Game Studio, gère une équipe de huit personnes dont quatre sont basées en Afrique. Crédit : Hélène Ressayres-ToulÉco.