Entre hier et demain, il y a aujourd’hui ! Le monde d’après, est un « leurre » porté par une frange de la classe politique pour détourner nos concitoyens des difficultés du présent en les faisant rêver d’un monde différent, et par les commentateurs patentés en faisant croire qu’ils ont LA vision de ce que sera le futur. Or, comme le disait Thomas Edison « La vision, sans exécution n’est qu’hallucination ».
Inspirons-nous de cette belle citation de Henri Bergson qui disait « L’avenir n’est pas ce qui va arriver, mais ce que nous allons faire ».
Alors, allons-y ! La crise du Covid a montré, et de quelle manière, cette formidable capacité de notre pays, et notamment de nos entreprises (Startups, ME/ETI, Grandes entreprises), à se mobiliser, imaginer et inventer. Malgré son effet de choc et son lot de malheurs, cette crise a été un moment incroyable d’expérimentation en « live » : nous avons essayé parce qu’il fallait s’adapter, sans que cela soit le résultat direct d’une stratégie, mais bien la résultante d’une nécessité absolue : continuer à vivre, se nourrir, se soigner, éduquer et travailler.
Surfons sur cette vague portante. Les axes d’actions sont innombrables pour entrer pleinement dans le monde d’aujourd’hui, et ainsi prendre en main notre avenir.
Notre pays a toutes les cartes en main pour accélérer autour des quatre enjeux suivants : Alimentation, Santé, Education et Sécurité. L’initiative remarquable de PLayFrance.digital et son mapping de tous les acteurs français du numérique, montre que nous maîtrisons toute la chaîne technologique et fonctionnelle nécessaire pour adresser ces enjeux.
Devenons une « digital nation », plutôt qu’une « startup nation » qui exclut tant de nos concitoyens et entreprises qui font la vie quotidienne de notre pays. Digitaliser l’économie et la société, voilà le projet qui peut embarquer tout le monde d’aujourd’hui et construire ainsi notre avenir.
Dès lors, quels sont les axes d’actions qu’il faut prioriser « maintenant » ?
Infrastuctures Numériques
En premier lieu, réduire, mais en fait abolir, la fracture numérique. Hors des territoires urbains, nous avons tous constaté ce différentiel de qualité des réseaux avec parfois de vraies situations de saturation. Vivre dans le monde d’aujourd’hui, c’est naturellement, comme pour l’eau et l’électricité, avoir accès aux réseaux (THD et bas débit) qui seront de plus en plus sollicités par le développement des usages et leur accélération dans des domaines jusqu’alors peu « digitalisés » (Médecine, Education, Télétravail, etc…) et par l’explosion des objets connectés. Le développement de nos infrastructures est un enjeu majeur d’organisation des territoires et d’inversion de la courbe d’urbanisation constatée ces dernières décennies avec comme corollaire démocratie/décentralisation, développement durable et qualité de vie. Accélérer les investissements, c’est aussi participer à une relance saine de notre économie qui en a bien besoin. Il est aussi essentiel d’engager des actions sur le deuxième volet de cette fracture numérique, que nous appelons maintenant l’illectronisme : la difficulté pour certaines personnes, notamment dans les populations les plus âgées, de se servir du numérique pour réduire leur isolement et avoir accès aux services essentiels, comme la santé, les services publics.
AgriTech/FoodTech
Le deuxième axe d’action concerne l’alimentation, et donc notre agriculture, et la chaîne alimentaire. Je suis, chaque jour, enthousiasmé par le nombre d’initiatives impulsées par la recherche française et les startups. Améliorer les rendements des terrains agricoles sans utilisation de procédés « chimiques », accélérer la mise en place de circuit court entre producteur et consommateur, favoriser le recours à de l’énergie non fossile, notamment solaire, développer la mise à disposition de produits en vrac : ce n’est pas demain, c’est bien aujourd’hui que c’est possible et disponible. Il faut accélérer dans ce domaine avec l’objectif de maximiser l’autonomie alimentaire de notre pays, et donc sa souveraineté, tout en limitant de façon drastique la destruction de nos écosystèmes naturels.
EdTech
Le troisième axe correspond aussi à un besoin essentiel : l’accès à l’éducation. La crise récente a montré combien nous étions en retard dans la transformation numérique des supports pédagogiques et la mise à disposition de plateformes d’accès aux contenus pédagogiques. Sur le premier point, le propos n’est pas, bien sûr, de numériser les contenus pédagogiques existants, mais bien de repenser la façon d’enseigner en couplant le présentiel, indispensable à la sociabilisation de notre jeunesse, et l’accès à la connaissance et au collaboratif entre parents, enseignants et écoliers/étudiants. Accélérer aussi sur la formation continue, ou les cursus de formation qui permettent à des personnes de changer de vie professionnelle. La pénurie de compétences dans les métiers du numérique ne cesse de nous interpeller. Dans ce domaine encore, de très belles startups sont nées et se développent apportant ainsi leur magnifique contribution au monde d’aujourd’hui.
HealthTech/MedTech/BioTech
Que dire, tant il a été dit ! La crise du Covid n’a pas remis en cause le constat d’une recherche française remarquable – les biotechs françaises sont en pointe – et la qualité d’un corps médical reconnue dans le monde entier – mais bien l’accès aux soins. Les politiques menées depuis de nombreuses années, faites de démarche comptable (maitrise des dépenses de santé) et de centralisation des plateaux techniques, ont généré de véritables déserts médicaux. Le numérique apporte sur ce point une réponse remarquable. L’explosion de la téléconsultation pendant la crise Covid en est un merveilleux exemple. Accélérons ! Sur le sujet de la maîtrise, et de l’efficience, des dépenses de santé, je rencontre de très belles startups qui apportent une vraie réponse mêlant meilleure efficacité dans le parcours patient et optimisation des dépenses.
Télétravail/Workplace
Que de prose sur ce sujet, et je vais donc y contribuer…Comme toujours en France, royaume du manichéisme, ce serait maintenant tout télétravail ou tout présentiel. La réalité est que nous avons tous pris conscience de l’intérêt, y compris sur le plan de l’empreinte carbone (transports), du télétravail. Mais chacun a, en même temps, perçu cette douleur d’être isolé et de ne pas être en contact avec ses collègues, partenaires,… Comment trouver le bon équilibre ? D’abord en adressant un point majeur : les outils technologiques pour travailler dans de bonnes conditions d’efficacité, d’échanges et de sécurité. L’explosion des usages sur les plateformes collaboratives a montré notre aptitude à s’adapter dès lors que les outils existants sont faciles d’usage. Un point cependant, la sécurité de ces échanges : BYOD, Shadow IT, Hacking. Dans notre monde, où la data et l’information sont des richesses essentielles, la sécurisation des échanges et des données personnelles et professionnelles constitue un must, en particulier lorsqu’il s’agit de données de santé. Là encore, les outils créés par les entreprises françaises (startups et grandes entreprises) sont disponibles. Encore faut-il que toutes nos entreprises s’en emparent ! Je reste assez étonné de la difficulté de nos deeptech dans ce domaine à convaincre alors que l’urgence du besoin est évidente.
J’ai volontairement limité cette tribune aux « actions essentielles » de la vie quotidienne. Mais pour que notre économie, et donc notre société, fonctionne, il faut aussi « Produire » : IoT, Robotics, IndTech,… notre pays et nos entreprises peuvent accélérer car « l’offre » française est disponible. Ces nouvelles technologies constituent aussi un bon moyen pour tenter de relocaliser une partie du cycle de production.
C’est cet enthousiasme autour des possibles du Monde d’Aujourd’hui que nous devons partager avec l’ensemble de nos concitoyens, car « L’avenir est là, il nous appelle, ou plutôt il nous tire à lui » (H Bergson).
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Patrick Bertrand a été pendant 15 années (2002-2017) Directeur Général de Cegid Group. Il est actuellement General Manager « Opérations » (COO) de HOLNEST, Family Office de Jean-Michel Aulas et Préside le comité « Gouvernance des Entreprises » du MEDEF, et, depuis avril 2015, Vice-Président Numérique, de la FIEEC (Fédération des Industries Electriques, Electroniques et de Communication).
Très engagé sur toutes les questions qui ont trait au développement du Numérique, Patrick est cofondateur, et a été Président (2007-2012), de l’AFDEL (Association Française des Editeurs de Logiciels et de Services Internet) devenue TECH in France. Membre (2011-2012) du Conseil National du Numérique. Président de Lyon French Tech (mai 2015/Avril 2018),
Investisseur « capital-risque » à titre personnel, il est aussi co-fondateur et membre des groupes de Business Angels « Seed4Soft » et « Club Holnest »
Patrick est aussi membre du Conseil d’Administration, du Comité d’Audit et du Comité Rémunérations/Nominations d’OL Groupe, et du Conseil de Surveillance des sociétés Martin-Belaysoud, Alila, Labruyère-Eberlé et Siparex Innovation. Il est également membre du Conseil d’Administration de l’association « Sport dans la Ville ».