En mode éco. Une nouvelle émission pour faire dialoguer les entrepreneurs occitans

En partenariat avec

ToulÉco

En partenariat avec l’agence de développement régionale Ad’Occ, les médias économiques régionaux La Lettre M et ToulÉco ont conçu ensemble l’émission vidéo, « En mode éco ». Plusieurs entrepreneurs occitans ont dialogué durant une heure autour de diverses thématiques (financement, innovation, transition écologique et recrutement) en présence de Jalil Benabdillah, vice-président de la Région Occitanie en charge notamment de l’Économie et de l’innovation.

Quatre entrepreneurs occitans qui échangent autour des problématiques auxquelles ils font face et des enjeux à relever (financement, innovation, transition écologique et recrutement), le tout en présence du vice-président de la Région Occitanie en charge notamment de l’Économie et de l’innovation, Jalil Benabdillah. C’est le concept d’« En mode éco », émission vidéo conçue par les médias économiques régionaux La Lettre M et ToulÉco, en partenariat avec l’agence de développement régionale Ad’Occ et dans les Studios-pm de Castelnau-le-Lez. Elle est à retrouver dans son intégralité sur ToulÉco TV.

Dans une année marquée par diverses crises (crise énergétique, conflits internationaux, inflation, etc.), les recherches internet autour du financement et des levées de fonds ont fortement baissé en Occitanie en 2023, selon les données fournies par l’agence Big Happy et Victor Gajan, son cofondateur en charge de la R&D. Partant de ce constat, chacun des dirigeants donne son analyse à travers son vécu. Autour de la table, certains sont restés au stade de l’autofinancement. « Je suis parti de zéro. Je n’avais pas trop le choix, il me fallait faire mes preuves toute seule. Maintenant que j’atteins 11 millions d’euros de chiffre d’affaires, que je travaille beaucoup à l’international, je commence à penser à la possibilité d’aller chercher des investisseurs », admet ainsi Mathilde Boulachin. Elle est présidente de Pierre Chavin, entreprise née en 2010 qui fabrique des vins et boissons sans alcool dans l’Hérault.

Cofondateur en 2022 de Lundi Matin, qui propose des logiciels de gestion de commerce, d’e-commerce et marketplace, Benjamin Chalande raconte une histoire assez similaire. « Nous aussi, on a démarré avec de l’autofinancement. Mais nous avons été rentables dès le premier jour. Pour le moment, notre recherche de financement extérieur a été marquée de contretemps. Lorsque nous l’envisagions, personne n’était intéressé. Et lorsque des investisseurs sont venus vers nous, c’est nous qui avons estimé que ce n’était pas encore le moment », explique Benjamin Chalande.

« Identifier les réelles motivations des investisseurs »

De son côté, Florence Robin, cherche actuellement à lever 20 millions d’euros notamment en financement participatif.. La fondatrice de Limatech, start-up issue d’une projet de recherche démarré en 2016 qui fabrique les premières batteries à lithium pour l’aviation, ne nie pas la difficulté de la tâche. « Ce n’est pas du tout évident de lever des fonds pour des projets deeptech [1], car le besoin en matériel technologique est très conséquent », confie la dirigeante.

L’équipementier lotois MH Industries, spécialisé dans la fabrication de pièces métalliques (aluminium, inox, acier…) depuis Veyrac, est lui un habitué des levées de fonds. À l’automne 2023, il avait annoncé avoir bouclé un troisième tour de table pour un montant de 7,5 millions d’euros. « MH Industries est une entreprise familiale de trente-cinq ans. Pour assurer son développement, il a fallu à plusieurs reprises ouvrir son capital, faire des levées de fonds. Mais pour moi, le plus important, c’est d’identifier les réelles motivations des investisseurs. Il faut qu’ils soient véritablement dans l’optique de développer notre territoire et d’y faire fructifier l’emploi », estime Matthieu Hède, son président.

Sur cette question essentielle du financement, Jalil Benabdillah a rappelé que la Région Occitanie fléchait plus de 200 millions d’euros vers l’aide aux projets occitans structurants. « L’Occitanie est l’une des régions qui a saisi le plus les opportunités du plan de relance de l’État France 2030 », affirme ainsi le vice-président de la Région Occitanie en charge notamment de l’Économie et de l’innovation.

Comment tirer son épingle du jeu ?

Au cours des échanges, chaque entrepreneur a par la suite développé les éléments qui expliquent le dynamisme économique de leur entreprise. Certains ont mis en avant le caractère innovant de leurs solutions, avec notamment le dépôt de douze brevets pour Limatech. « Certains de nos brevets ont obtenu un niveau de certification semblable à celui décerné à la carte à puce. C’est le signe d’un très haut degré d’innovation », déclare la fondatrice, Florence Robin. « Nous avons innové en dépoussiérant les codes, en créant du vin pour ceux qui n’aiment pas le vin au départ. Nous sommes allés chercher un nouveau public en France puis à l’international », appuie Mathilde Boulachin, présidente de Pierre Chavin, sur cet aspect innovant.

Matthieu Hède, lui, ne met pas autant en avant la dimension innovation. « Il faut rester humble. La fonderie, activité première de notre groupe, doit exister depuis le temps des Gaulois. Si innovation il y a, c’est plus dans notre processus de travail, que ce soit pour la partie technique ou la dimension ressources humaines », confie le président de MH Industries.

En matière de transition écologique et de responsabilité sociétale des entreprises (RSE), sujets de recherche en forte hausse sur internet selon l’agence Big Happy, différentes tendances se dessinent. Des projets comme Limatech et Pierre Chavin ont été créés dès le départ avec une visée durable. La batterie de Limatech, à travers sa taille réduite, veut en effet « participer à l’allégement des avions et donc à leur décarbonation ». Le vin sans alcool de Pierre Chavin « a été conçu dès l’origine en essayant de minimiser son coût écologique ».

Pour les autres, si la prise de conscience est réelle, les changements ne sont pas toujours simples. Chez Lundi Matin, Benjamin Chalande explique lui travailler « de plus en plus sur l’optimisation de l’utilisation des data-centers pour faire diminuer les dépenses énergétiques ». Matthieu Hède reconnaît de son côté « que le processus de décarbonation de la fonderie n’est pas encore satisfaisant ».

Selon la Région Occitanie, les financements régionaux seront tournés de plus en plus vers des projets deeptech et des initiatives en lien avec la transition écologique. « Nous pouvons être positifs. Nous consacrons déjà 3,7 % de notre PIB à la R&D. C’est le pourcentage le plus élevé de toutes les régions françaises », rappelle Jalil Benabdillah.
Matthias Hardoy

Sur la photo : Benjamin Chalande, cofondateur de Lundi Matin (Hérault) ; Mathilde Boulachin, présidente de Pierre Chavin (Hérault) ; Martin Venzal, directeur de la publication de ToulÉco ; Jalil Benabdillah, vice-président de la Région Occitanie délégué à l’Économie, à l’emploi, à l’innovation et à la réindustrialisation, vice-président de l’agence Ad’Occ ; Florence Robin, présidente de Limatech (Haute-Garonne) ; Alexandre Léoty, rédacteur en chef de La Lettre M, et Mathieu Hède, PDG de MH Industries (Lot). Crédit : M.H.-ToulÉco.

Notes

[1] Projets particulièrement complexes technologiquement issus de recherches scientifiques et technologiques souvent longues.