En Occitanie, Hubworkair veut reclasser les salariés de l’aéronautique


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ToulÉco

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La plateforme Hubworkair, née en 2016, veut faciliter la reconversion des salariés des sociétés aéronautiques fortement touchées par la crise du Covid. Explications.

C’est avec une certaine nostalgie que les regards se tournent encore vers 2019. Cette année record pour l’aéronautique voyait le carnet de commandes s’envoler avec 7500 avions à construire. La filière, avec ses 700 entreprises et 110.000 emplois en région, mobilisait alors toutes les énergies pour assurer la montée des cadences de production. Mais c’était avant, avant le choc du Covid-19 qui imposa frontières fermées, aéroports vides et compagnies aériennes à l’arrêt. En ce premier trimestre 2021, on fait le bilan des emplois perdus : dans le Sud-Ouest, le secteur a supprimé 8800 emplois en 2020, soit 5,5% de ses effectifs.

Hubworkair a aussi pris un mur. Avant la pandémie, tous les voyants de cette plateforme de chasseurs de tête du secteur aéronautique étaient au vert. Romain Rochet, 33 ans, l’un des deux fondateurs, énumère les bons résultats : 100 clients, dont une trentaine actifs, 100 recrutements effectués, 300.000 euros de chiffre d’affaires générés, treize salariés. « Tout se passait bien », se souvient le trentenaire, formé à l’Ensica, Supaéro et HEC. « On accélérait. On avait les compagnies aériennes et les entreprises françaises de MRO – maintenance – comme clientes. En mars, elles annulent leur projet de recrutement. Mais, après une phase de réflexion, on décide d’accompagner les salariés dans leur phase de reclassement. »

1300 métiers généralistes

En accord avec ses actionnaires – une quinzaine d’entreprises du secteur (dont Satys, Avico et Sabena Technics) – l’entreprise investit dans la recherche et développement pour faire évoluer l’algorithme de son outil digital. L’objectif est de « matcher » et donc d’orienter les profils aéronautiques vers des secteurs connexes. En clair, 500 métiers aéronautiques y sont détaillés et recensés, depuis les fonctions support en passant par des fonctions des cols bleus et blancs.

À ces compétences précises correspondent 1300 métiers généralistes. Puis, l’intelligence artificielle mouline les informations selon cinq critères : les compétences techniques, l’employabilité actuelle, la rémunération, la localisation et le niveau de formation. « Le but n’est pas de les envoyer dans une voie de garage », précise Yoann Huang, la deuxième partie du binôme, qui a obtenu un master de management gestion des organisations à l’Essec.

Testé par Airbus Développement dans le cadre du déploiement du PSE dans son usine de Méaulte, ce nouveau service sera commercialisé ce mois-ci. « On veut le dupliquer grandeur nature sur d’autres régions », conclut Romain Rochet.
Audrey Sommazi

Sur la photo : Yoann Huang et Romain Rochet. Crédits : Hubworkair.