Fin de partie pour le Toulousain Brico Privé, 174 emplois supprimés

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Le Groupement Les Mousquetaires, devenu actionnaire majoritaire de Brico Privé en 2020, a annoncé mi-janvier aux représentants du personnel l’ouverture d’un PSE concernant les 174 salariés de l’entreprise. En fin de semaine dernière, une partie des équipes s’est rassemblée devant le site pour connaître son avenir.

C’est l’histoire d’une ascension fulgurante et d’une chute tout aussi brutale. Créé au début des années 2010 à L’Union (Haute-Garonne) par Julien Boué et Marc Leverger, ce site de ventes privées pour les amateurs de bricolage et de jardinage trouve rapidement son public et séduit les grandes marques du secteur. Le développement est constant et, en 2017, Brico Privé rachète même Racetools, spécialiste de la distribution en ligne d’outillage électroportatif pour les artisans. Le chiffre d’affaires dépasse rapidement les 100 millions d’euros et le confinement, qui a réveillé l’appétit des Français pour le bricolage, booste encore l’activité.

Au point d’attiser l’intérêt du Groupement Les Mousquetaires [1], qui devient actionnaire majoritaire de Brico Privé mi-2020. Pour Julien Boué, l’un des cofondateurs, ce rapprochement avec un acteur important de la grande distribution doit alors permettre de « franchir une nouvelle étape et de gagner plusieurs années dans son développement ». « Nous serons très heureux d’accueillir Brico Privé dans l’écosystème Mousquetaires. Nous positionner sur un nouveau canal de distribution, où se fait aujourd’hui l’essentiel de la croissance du marché, c’est renforcer des compétences pour devenir, plus encore, un acteur du commerce omnicanal », annonce de son côté Thierry Coulomb, président des enseignes Bricomarché, Brico Cash, Bricorama. L’entreprise toulousaine affiche clairement ses ambitions, atteindre 200 millions de chiffre d’affaires en 2021.

« Les risques psychosociaux sont très grands »

Las, ce chiffre ne sera jamais atteint et, au contraire, l’activité ne cesse de diminuer, en raison notamment de l’inflation qui change les priorités des Français. Brico Privé, qui s’est entre temps installé à La Cité à Toulouse, annonce pourtant, en juin 2023, vouloir recruter une cinquantaine de personnes dans l’année. Aujourd’hui, les 174 emplois sont menacés par un plan de sauvegarde de l’emploi, avec une consultation des instances représentatives du personnel en cours, Les Mousquetaires ayant décidé de stopper l’activité de Brico Privé. « Malgré les investissements réalisés sur ces dernières années pour, entre autres, accroître la notoriété de Brico Privé, les choix stratégiques opérés n’ont pas permis le redressement de la situation économique de l’entreprise, qui n’est pas parvenue à s’adapter à l’évolution du marché et à la baisse de son activité. Il est donc envisagé d’arrêter l’activité du BricoPrivé et de privilégier le développement de Racetools, dont les résultats sont à l’équilibre », a notamment indiqué le groupe.

En octobre dernier, les deux cofondateurs avaient été écartés, selon les représentants du personnel, qui expliquent que Laurent Pussat, du Groupement Les Mousquetaires, s’est présenté alors comme le nouveau président de Brico Privé et président du CSE. Karoline Vitrant, déléguée du personnel et représentante CSE, en poste depuis 9 ans chez Brico Privé, précise : « Ils ont justifié cette décision par le manque de résultats. » Informée mi-janvier de la mise en œuvre d’un PSE et de ses conditions, elle assure n’avoir pas été autorisée à les communiquer aux salariés. « On ne sait pas, c’est flou, le CSE est muselé. Les risques psychosociaux sont très grands », s’inquiète Karoline Vitrant, qui se bat pour la diffusion des mesures du PSE.

Pour elle, « c’est un choix stratégique, car il y avait d’autres possibilités. Les anciens dirigeants étaient conscients qu’il y avait trop de monde pour le chiffre d’affaires, mais la fermeture n’était pas obligatoire. Aujourd’hui, Le Groupement Les Mousquetaires fait 45 milliards d’euros de chiffre d’affaires, on veut des mesures en conséquences. »
Paul Périé

Sur la photo : Une banderole déployée sur le siège de Brico Privé à La Cité, à Toulouse. Crédit : P.P. // Des salariés du siège rassemblés jeudi dernier pour demander des informations sur les conditions de leur licenciement. Crédit : DR.

Notes

[1] Regroupant notamment Intermarché, Bricomarché, Brico Cash ou Bricorama