Green4cloud, cofondée et dirigée par Julien Delcroix, s’inscrit comme un acteur innovant dans le domaine du cloud computing en France. Incubée au IMT Mines Alès, cette jeune entreprise se distingue par son approche écologique et technologique, utilisant une architecture de cloud distribuée pour minimiser son impact environnemental. Avec des collaborations déjà établies avec des acteurs locaux et des plans d’expansion nationaux et internationaux, Green4cloud souhaite repousse les limites de la sobriété énergétique dans le secteur du cloud. Alors que l’entreprise annonce l’ouverture de nouveaux micro data centers en Occitanie et explore des usages innovants de la chaleur résiduelle, Mid e-News a rencontré Julien Delcroix pour discuter des implications de ces initiatives et des perspectives d’avenir de cette fusion entre écologie et technologie. Interview.
Pouvez-vous nous raconter comment est née l’idée de Green4cloud et ce qui a été le déclic pour sa création ?
Julien Delcroix : Tout a commencé sous le nom de Lifin cloud, mais nous avons réalisé que ce nom était trop proche de Leaf Point Cloud, ce qui nous a poussés à changer de nom. L’idée de Green4cloud est principalement venue du constat qu’il n’y avait pas assez d’initiatives axées sur la sobriété énergétique dans le secteur du cloud. Avec deux amis de longue date, nous avons envisagé de créer une solution de cloud différente, notamment en utilisant une architecture distribuée. Cette architecture nous permet de mieux contrôler l’empreinte environnementale en réduisant la consommation électrique des data centers, en comparaison avec les grands centres de données existants.
Sur quelles valeurs fondamentales vous êtes-vous appuyés pour initier ce projet ?
Julien Delcroix : Nous avons voulu insuffler du sens à ce que nous faisons, ce qui est important pour nous en tant que jeunes entrepreneurs. Personnellement, après avoir travaillé pendant plus de 10 ans, voire presque 15 ans dans de grands groupes comme Vinci et Engie, je trouvais difficile de trouver un sens dans ces emplois. Mes deux associés et moi-même avons donc cherché à créer quelque chose qui pourrait non seulement soutenir nos valeurs écologiques mais aussi apporter une réelle innovation dans le secteur du cloud. Un de mes associés travaillait pour une ONG et apportait de l’aide dans des zones sinistrées, ce qui lui donnait déjà un fort sens de l’engagement. L’autre cherchait aussi à donner plus de sens à son travail à l’université de Bordeaux, où il ressentait qu’il avait fait le tour de son poste.
Pouvez-vous expliquer de façon simple ce qu’est une architecture distribuée de cloud et en quoi elle diffère des solutions traditionnelles ?
Julien Delcroix : Les solutions de cloud traditionnelles, telles qu’OVH, reposent sur de très grands data centers qui consomment beaucoup. En contrastant avec cette approche, nous avons envisagé un réseau de plusieurs centaines de micro data centers. Cela nous permet d’être à moins d’une heure de n’importe quelle entreprise en France et de minimiser la latence. Cela réduit également notre empreinte environnementale car nous utilisons moins d’équipements et donc moins d’électricité. Ce réseau distribué est géré par un outil unique qui permet d’optimiser les trajets des données pour qu’elles parcourent la plus courte distance possible, tout en garantissant une haute disponibilité même en cas de catastrophe.
Comment gérez-vous l’énergie, notamment la chaleur générée par ces micro data centers ?
Julien Delcroix : Nous envisageons différentes manières de réutiliser cette chaleur, par exemple, pour préchauffer de l’eau ou pour la convertir en électricité, et ensuite la distribuer dans un système de chauffage collectif. Ces initiatives sont en phase de test et nous travaillons en collaboration avec l’école des Mines, où nous sommes incubés, pour améliorer l’efficacité de ces solutions. Cela fait partie de notre engagement envers l’efficacité énergétique et la réduction de l’impact environnemental de nos activités.
Vous avez récemment ouvert deux nouveaux micro data centers en Occitanie. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
Julien Delcroix : Nous sommes en train de développer notre infrastructure en intégrant nos micro data centers au sein de structures existantes, notamment des data centers de niveau tier 3 et tier 3 plus. Nous avons inauguré deux de ces micro data centers ; l’un se trouve à HDC34 à Saint-Aunès et l’autre à ESI à Vézénobres près d’Alès. Nous collaborons également avec Système-net pour la partie opérationnelle sur chaque site et utilisons une fibre dédiée pour optimiser nos services.
Vous avez donc une stratégie bien établie pour minimiser l’impact environnemental. Pouvez-vous nous en dire plus sur les autres mesures que vous prenez ?
Julien Delcroix : Absolument. En plus de l’optimisation de notre empreinte carbone grâce à l’utilisation de structures existantes, nous prévoyons de déployer des micro data centers de proximité dans la deuxième phase de notre développement. Ces installations seront situées dans des établissements comme des EHPAD, des logements collectifs et des piscines où nous pourrons installer des panneaux photovoltaïques sur les toitures pour autoalimenter nos installations. Cette stratégie nous permet non seulement de réduire encore davantage notre empreinte carbone, mais ainsi d’exploiter directement la chaleur dégagée par nos serveurs pour d’autres usages, comme ceux mentionnés précédemment.
Quels services proposez-vous exactement à travers Green4cloud ?
Julien Delcroix : Nous ne sommes pas simplement des fournisseurs de data center mais plutôt des fournisseurs de services gérés basés sur une architecture innovante. Nous offrons des services tels que la messagerie électronique, des espaces de travail numériques, des solutions de sauvegarde et de stockage S3, et l’hébergement de sites Internet. Nous enrichissons continuellement notre catalogue avec de nouvelles offres, telles que des coffres-forts numériques et des services d’archivage, pour répondre aux besoins de nos clients qui incluent principalement des TPE, PME et collectivités.
En termes de développement futur, avez-vous des plans spécifiques ?
Julien Delcroix : En effet, nous envisageons d’abord de renforcer notre présence en Occitanie, puis d’étendre notre modèle sur tout le territoire français. Notre objectif à long terme est de déployer notre modèle à l’international, en reproduisant cette approche écologique et localisée qui, nous le croyons, peut vraiment transformer le secteur du cloud.