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Alors que la forte inflation et plusieurs facteurs géopolitiques extérieurs ont ralenti la croissance française en 2023, l’Occitanie a maintenu de bons chiffres de croissance, que ce soit dans l’industrie, les services ou le BTP. Cette résilience devrait globalement se poursuivre en 2024, à l’exception du secteur du BTP.
À l’occasion de sa conférence de presse de présentation du bilan 2023 et des perspectives 2024 pour l’Occitanie [1], la Banque de France a mis en lumière la bonne santé économique de la région. En 2023, l’ensemble des secteurs y a connu une progression : le chiffre d’affaires de l’industrie a progressé de 5,2 %, et une hausse similaire est attendue en 2024, à 4,9 %. Pour les services marchands, on anticipe une croissance de 4,2 % cette année, de 0,3 % inférieure à 2023.
En revanche, le secteur du BTP, après une année à 3,1 % de croissance permise notamment par l’exécution de nombreuses commandes effectuées fin 2022, sera plus en souffrance, avec un chiffre d’affaires attendu en baisse de 0,2 %.
L’aéronautique a continué à porter l’économie occitane, avec une croissance de 12 % pour ses activités industrielles, les plus importantes, et de 13,4 % pour ses activités de services. « Les nombreuses commandes internationales tirent vers le haut l’activité d’Airbus et de toute la filière aéronautique, ce qui entraîne mécaniquement une hausse de l’export. » La croissance des exportations a ainsi atteint 6 % en 2023 (8,6 % pour l’aéronautique).
Les équipements électroniques et informatiques ont également connu une forte croissance, de l’ordre de 10 %, alors que les productions de caoutchouc, de plastique, de bois et de papier ont vu leurs chiffres d’affaires largement chuter. Ces secteurs attendent un rebond en 2024.
Côté services, le transport croît peu, autour de 1 %, un chiffre qui ne devrait pas évoluer cette année. Le secteur est porté par l’hébergement et la restauration (+7,7 %), l’information et la communication (+5,6 %) et l’ingénierie (+10,2 %). La Banque de France s’attend à ce que leur croissance se poursuive dans des proportions similaires en 2024. Pour le BTP, seul le second œuvre s’en sort convenablement, avec une hausse de 5,6 % l’année dernière. Les chiffres resteront stables cette année, sauf pour le gros œuvre, qui devrait être en baisse de 2,2 %.
Les effectifs dans une hausse stable
Du côté des effectifs, l’augmentation constatée dans l’industrie devrait se stabiliser en 2024 (+2,7 % contre +2,6 % l’année dernière), de la même manière que dans les services (+5,2 % contre +4,8 %). Dans la construction, on s’attend à ce que la baisse d’effectifs soit partiellement endiguée, passant de -2,2 % à -0,6 %. De nombreuses destructions d’emplois ont été enregistrées l’année dernière, particulièrement des postes dans les TPE et des auto-entrepreneurs, structures fragiles sur un marché peu dynamique et très concurrentiel.
À noter aussi une baisse des effectifs intérimaires, de 3 à 7 % environ selon les secteurs en 2023, et qui pourrait dépasser les 9 % cette année, dans le BTP notamment. « Cette tendance s’explique entre autres par l’internalisation des salariés en intérim, qui finissent par être intégrés dans les entreprises ou par les quitter », justifie Vincent Foussat, responsable du service des études économiques à la Banque de France.
Malgré ces chiffres globalement positifs, la tension en matière de recrutement persiste dans la majorité des secteurs, à cause de certains métiers très demandés, mais aussi de filières, comme l’hébergement-restauration, qui ne peuvent pas recruter autant que désiré, faute de candidats.
Une bonne santé économique pas encore pérennisée
Le principal point négatif qui ressort de ce bilan 2023 en Occitanie est la forte augmentation du nombre de défaillances, à hauteur de 41 % pour dépasser la barre des 5000 entreprises concernées. « Il faut tout de même prendre en compte qu’il s’agit à 90 % de TPE, souvent récentes, ouvertes pendant ou après la période Covid », explique Christine Bardinet. Le nombre de défaillances reste légèrement en dessous du niveau moyen des années 2010, mais termine son rattrapage d’après-crise, après trois années de baisse entre 2018 et 2021.
La situation dans la région en 2024 restera largement dépendante de la situation géopolitique et du contexte économique national et mondial. Parmi les attentes, le ralentissement de l’inflation, redescendue à 3,1 % en glissement sur un an en janvier, pourrait permettre la baisse des taux d’intérêts en Europe, et ainsi favoriser de nouveaux investissements, notamment dans l’immobilier et le BTP.
Ruben Michavila
Sur la photo : Christine Bardinet, la directrice régionale de la Banque de France en Occitanie. Crédit : Hélène Ressayres – ToulÉco.
Notes
[1] Les éléments de cette enquête ont été recueillis en décembre 2023 par la Banque de France auprès d’un échantillon représentatif de 2854 entreprises de la région Occitanie pesant 59 milliards d’euros de chiffre d’affaires et employant 225.238 salariés.
