Loft Orbital poursuit son ascension dans le secteur spatial avec une levée de fonds de 170 millions d’euros, visant à déployer à grande échelle sa flotte de satellites polyvalents.
Face à la montée des tensions géopolitiques et à l’urgence climatique, comment les infrastructures spatiales peuvent-elles répondre aux défis contemporains ? Loft Orbital semble vouloir y apporter une réponse avec une levée de fonds de série C de 170 millions d’euros. Ce financement, mené par Tikehau Capital et soutenu par Bpifrance et Temasek, permettra à l’entreprise de consolider sa place dans la révolution du New Space. En cumulant plus de 500 millions d’euros de contrats signés et une flotte de 30 satellites en cours de production, la société affiche des ambitions mondiales.
Le modèle de Loft s’inspire du cloud computing : proposer une infrastructure spatiale standardisée et modulaire, accessible rapidement. Cette approche permet à des clients institutionnels et privés de déployer des missions critiques sans se soucier des contraintes techniques. Pierre-Damien Vaujour, cofondateur de Loft Orbital, souligne que cette levée de fonds doit « accélérer le déploiement à grande échelle de [leur] flotte de satellites » et renforcer leur position dans les développements en intelligence artificielle appliquée au spatial.
Cette dynamique s’inscrit dans un contexte où l’accès à l’espace reste complexe. La conception, la fabrication et le lancement d’un satellite peuvent s’étaler sur plusieurs années, freinant l’innovation dans des domaines cruciaux comme la sécurité et l’environnement. Loft entend réduire ces délais grâce à des satellites mutualisant plusieurs charges utiles, diminuant ainsi les coûts et accélérant la mise en service. Cette capacité permet notamment d’effectuer des analyses en temps réel via des applications d’intelligence artificielle embarquées, un atout stratégique pour la surveillance environnementale et la défense.
La société toulousaine multiplie les partenariats stratégiques. Avec des clients prestigieux comme la NASA, le CNES, ou encore Microsoft, Loft diversifie ses collaborations, s’adressant aussi bien aux agences gouvernementales qu’à des acteurs de la tech et de l’intelligence artificielle. L’établissement de Loft Federal, une filiale dédiée aux programmes classifiés américains, et la joint-venture de plus de 100 millions d’euros aux Émirats Arabes Unis avec Marlan Space illustrent cette stratégie d’expansion.
L’implantation à Toulouse, au cœur de l’écosystème spatial européen, renforce l’engagement de Loft envers l’industrie locale. Avec près de 100 collaborateurs de 20 nationalités et plus de 100 millions d’euros injectés dans la filière spatiale française, Loft participe activement à la dynamique industrielle et à la souveraineté technologique européenne. Une stratégie qui s’inscrit dans les grandes ambitions de l’Union européenne avec des programmes comme IRIS².
Si Loft affiche des résultats prometteurs, la compétition dans le New Space reste féroce. La capacité de l’entreprise à maintenir sa dynamique de croissance et à concrétiser ses ambitions internationales sera déterminante. Le déploiement de satellites plus intelligents et l’exploitation de l’intelligence artificielle en orbite ouvrent des perspectives immenses. Reste à voir comment Loft saura tirer parti de ces opportunités sans se heurter aux limites technologiques et réglementaires du secteur.
